Enfin mienne !
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Enfin mienne !
Après tant d’années, après tant de souffrance, je peux enfin la tenir dans la paume de ma main, ressentir toute sa puissance divine, me perdre dans cette beauté irréelle. Elle m’apaise, me réconforte, me consume… Il suffit d’un regard, d’une caresse pour que toutes mes peurs les plus sombres, mes vagues remords et cette culpabilité écrasante qui me rongeait ne s’envolent. Qu’ils ne disparaissent tous me laissant en paix, libre et heureux.
Je l’ai aperçue pour la première fois perdue dans un fouillis sans nom, cachée parmi des dizaines de copies d’étudiants et des objets antiques sans aucun intérêt. Mon regard ne l'effleura qu’une fraction de seconde. Le temps d’un coup d’œil indiscret dans un bureau ouvert. Et pourtant, jusqu’à aujourd’hui, cette vision a hanté mes nuits. Elle peuplait chacun de mes rêves. Elle me suppliait chaque soir de la libérer de cette douce prison de velours et de métal. Elle me murmurait tendrement des mots envoûtants, m’invitant sans cesse à la posséder à mon tour. Un véritable supplice… Alors n’y tenant plus, je me suis rendu chez son tortionnaire, l’un de mes professeurs d’histoire. Mais il était déjà trop tard. Il s’était envolé, laissant derrière lui pagaille et confusion. Il avait disparu et ma pierre avec lui.
Pour quelle raison était-il parti aussi précipitamment ? Avait-il compris que je viendrais la délivrer ? En véritable détective, je cherchais tout indice pouvant me permettre de saisir le pourquoi de cet enlèvement si soudain. Toute personne de mon entourage devint témoin puis coupable. Je traquais la moindre trace, le moindre détail… Mais mon ennemi était homme habile ! Il avait pris soin de ne rien laisser derrière lui. Absolument rien, mise à part cette vive empreinte dans ma mémoire…, cette lumière éblouissante. Hypnotisante. Je voulus l’oublier, mais cela m’était impossible. Je consacrais chaque minute de temps libre à la rechercher, en vain.
Un jour, alors que je travaillais sur une affaire de meurtre sordide, un sinistre individu tambourina à ma porte. Les traits tirés, le teint pâle, les vêtements froissés. Il avait tout d’un fou ou d’un clochard mal odorant… Dans ses yeux fatigués, une étincelle bleue dansait mollement, comme essoufflée. Je reconnus alors ce regard. Devant moi, se tenait mon professeur disparu. Il n’attendit pas que je l’invite à entrer. Il s’avança lentement vers mon bureau et tendit la main pour y déposer une petite boite métallique. Et sans un mot, il s’en alla. Le plus beau jour de ma vie…
J’étais comme un enfant le matin de Noël : un immense sourire illuminait mon visage amer ; mon cœur battait la chamade ; mes mains moites d’impatience tremblaient… J’ouvris prestement mon précieux présent. Elle avait été mon obsession durant toutes ces années. Tel un rêve, une illusion, elle brillait devant moi. Une beauté exquise.
Elle était enfin libre. Elle était enfin mienne…
Texte de L.S.Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Enfin mienne - Image par John Forster de Pixabay : Fantaisie Roche Cristal - Photo gratuite sur Pixabay