Brisée
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Brisée
Je ne sais pas ce que j'espérais. Peut-être que tout soit différent. Peut-être qu'il soit différent. Optimisme ou naïveté ? Je n'ai pas encore tranché. Ce qui est certain, c'est que je ne suis plus cette femme brisée. Celle qu'il a rencontrée au détour d'un train, un soir d'été. Celle qu'il a tenté de sauver de son désespoir. Parce que ce jour-là, je n'étais que l'ombre de moi-même. Une coquille vide et apeurée.
Voilà près de cinq ans que je me morfonds. Que j'espère le voir. L'apercevoir. Dans la foule. À travers ce monde qui m'entoure et m'étouffe. En vain. Alors j'ai ravalé mon chagrin. J'ai refoulé ma tristesse et j'ai relevé la tête. Je me suis reconstruite, seule. Sans personne. Pas même lui. Pourtant, c'est lui qui fait battre mon cœur. Encore et toujours. Après seulement une nuit. Après seulement une étreinte.
Sans même s'en douter, il m'a apporté la force dont j'avais tant besoin. Il m'a tendu la main alors que tout mon univers venait de s'effondrer. Alors que je fuyais ce monstre qui m'avait isolée. Qui m'avait muselée. C'est amusant qu'un étranger ait pu me sauver alors que lui n'a jamais su me protéger. Ni de mes peurs. Ni de ses coups. Son ombre plane encore sur mon âme, mais je ne la crains plus. Elle ne peut plus m'atteindre.
Aujourd'hui, c'est un autre pan de ma vie qui disparaît. Ma sœur, Hélène. Durant des années, elle a été mon point d'ancrage. Ma bouée. Mon oxygène. Jusqu'à ce qu'elle ne quitte la maison, mais pas pour un monde meilleur. Pour un enfer. Son enfer. Elle a troqué un monstre contre un autre. Les traits plus gracieux. Le sourire plus éclatant, mais l'âme tout aussi noire. Il y a cinq jours, ce n'est pas des mains de mon père qu'elle a succombé, mais de celles de son mari. Comme si nous étions vouées à commettre toujours les mêmes erreurs. Comme si nous ne valions pas mieux que toute cette souffrance et ces atrocités.
Les yeux gonflés et rougis par les larmes, je quitte la dernière demeure d'Hélène. Plus rien ne me retient ici. Plus rien sauf lui. Cet inconnu d'une nuit. Celui qui me hante depuis cinq ans. Il se tient devant moi. De l'autre côté de la rue. Dans son costume noir. Il est beau. Sublime même, avec ses cheveux bruns coiffés en arrière et cette ombre légère qui couvre sa mâchoire affûtée. Une colère sombre émane de lui. Elle tourbillonne autour de lui. Mais elle ne m'effraie pas parce que je sais que cet homme est dangereux pour tous les autres, oui. Pas pour moi. Ce que j'ignore, c'est pourquoi il est ici après toutes ces années. Ce qu'il attend de moi alors qu'il m'a abandonnée. Sans un mot. Sans un regard. Sans un regret.
Texte de L. S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
Image par Karen Nadine de Pixabay : Deuil Chagrin Cimetière - Image gratuite sur Pixabay
Jackie H vor einem Monat
Hmm, moi, ce que je dirais à votre perso, c'est de se méfier quand même... on les croit dangereux pour tout le monde sauf pour soi... jusqu'au jour où ils se retournent aussi contre soi et où ils lèvent la main aussi sur soi... et là, on s'écroule de nouveau avec tout son monde et ses illusions...
L. S. Martins vor einem Monat
Tout n'est pas toujours noir et blanc. Parfois les nuances sont possibles...