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Un  coupable idéal

Un  coupable idéal

Veröffentlicht am 2, Feb., 2021 Aktualisiert am 2, Feb., 2021 Kultur
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Un  coupable idéal

 
 
–      C’est quoi ça encore ? 
–      Votre suspect numéro un, Moridan !

Je lâchai mon écran pour découvrir le visage rouge fumant du capitaine. Léila, cachée derrière la carrure imposante de notre chef, souriait, fière d’elle. Fière de quoi ? 

–      Le suspect dans quelle affaire, chef ? 
–      L’affaire de la bague terrestre. Pourquoi ? Vous êtes sur une autre affaire, Moridan ?

Ses yeux m’envoyaient des décharges de colère. Je me sentais aussi con qu’un gamin prit en plein milieu d’une connerie. Et pourtant, je n’avais rien fait de mal ! 

–      Lui ? Le tueur au serpent ? Vous divaguez ! 
–      Pardon ? 
–      Vous divaguez, chef !

Léila explosa de rire. Quant au capitaine, s’il l’avait pu, il m’aurait descendu sur-le-champ ! Putain, mais c’est quoi leur problème à deux-là ? 

–      Une gueule cassée n’aurait jamais pu mettre les pieds sur la bague, chef. C’est impossible ! 
–      Et pourtant, ça l’est le bleu. 

Léila s’était avancée silencieusement pour venir se poser juste à côté de moi. J’avais l’impression d’être un assassin que ces deux officiers cuisinaient pour lui faire avouer ses crimes immondes. Il ne manquait plus que la lampe dans les yeux et le tableau était complet ! 

–      Je te présente Logan Moridan, le bleu ! Fils adoptif de Mr et Mme Moridan. Né en 2350, il aura 15 ans cette année. 

Le fils adoptif des Moridan ? Mon frère ? Non, c’était tout simplement impossible. Une sale farce de cette garce de Léila pour se venger de mes mots de la dernière fois… 

–      Depuis quand t’as pas parlé à tes vieux, le bleu ? 
–      J’sais pas… Huit ans p’t-être. Mais je le saurai si…

Je n’arrivais pas à lâcher des yeux le visage de ce gamin. Les traits fins, les mâchoires crispées et le regard menaçant. Tant de colère… De rage non dissimulée. Si jeune et déjà si abîmé. Assis devant un cendrier plein de mégots, il semblait jouer avec un antique smartphone avant d’être surpris par son photographe. Il portait un débardeur laissant apparaître un bras bionique. De la belle technologie ! Revêtement en or blanchi, léger et malléable. Imitation de la peau sur la main. Un travail d’orfèvre ! Qui était-il ? Quelle était son histoire ? 

–      Et le bleu, t’es toujours avec nous ? 
–      Oui, c’est bon ! Qu’est-ce qui t’fait dire que c’est lui notre coupable ? 
–      Sa condition physique, déjà. C’était commode pour lui de n’pas se faire mordre par cette créature splendide. Et cerise sur le gâteau, il m’a avoué détester la victime. 
–      Et ça vous suffit à tous les deux ? Vraiment ? 

J’observais tour à tour Léila et le capitaine. Ils me cachaient quelque chose ! 

–      Laissez-nous seuls, Léila ! 
–      Quoi ? Pourquoi chef ? 
–      Parce que je préfère lui dire moi-même !

Léila soupira et sortit de notre bureau exigu, non sans claquer la porte derrière elle. 

–      Qu’est ce qui se passe, chef ? 
–      Moridan. Vous vous souvenez peut-être de Floriane ? Votre nourrice. 

Floriane… La femme merveilleuse qui m’avait élevée. D’une douceur et d’une gentillesse sans faille. Et puis du jour au lendemain, plus rien. Fini les réveils au son de sa voix délicate. Fini les histoires pour m’endormir. Fini les jeux dans le jardin. Je n’avais que 12 ans à l’époque. Mais sa disparition soudaine me fit grandir rapidement ! 

–      Oui, bien sûr que je me souviens d’elle…
–      On pense qu’elle a été la maîtresse de votre père. Et que Logan est en réalité votre demi-frère. 
–      La maîtresse ? Ça, j’en doute ! Elle avait peur de lui. J’me souviens comme sa voix tremblait lorsqu’il était dans la même pièce que nous. Mon père est un homme violent, colérique, chef ! Pas un homme à femme ! 
–      C’est ce que je redoutais, Moridan… Et c’est pour cela qu’il vous voulait tant sur cette affaire. Il espérait certainement pouvoir vous manipuler.
–      Me quoi ? Mon père n’a aucune emprise sur moi ! J’ai quitté la maison à 19 ans et depuis, je ne lui ai jamais adressé la parole. 
–      Oui, mais vous n'en demeurez pas moins son fils… Comment un enfant pourrait admettre que son père puisse être l’auteur d’un ou plusieurs viols ? Et qu’il soit capable d’adopter le fruit d’un de ces accouplements forcés ? 

J’étais sonné. Mon père ? Un violeur ? Si je faisais abstraction de mes sentiments, un savoureux mélange de haine et d’amour, c’était une chose facile à concevoir. Grant Moridan était un enfoiré de première qui battait sa femme et son fils. Alors pourquoi pas le viol ? 

–      Mais…
–      Le rapport avec votre beau-frère ? Mauvais timing ! Léila pense que c’était votre père qui était visé. 
–      Ne le prenez pas mal, chef, mais je trouve que c’est un peu facile ! Comme si on nous offrait le coupable sur un plateau. Alors avant de mettre un gamin de 15 ans derrière les barreaux, je préfère étudier toutes les pistes. 
–      Vous en avez d’autres, Moridan ? 
–      Oui, j’ai fait des prélèvements sur la caisse de transport de notre monstre. J’attends encore les résultats, ça ne devrait plus tarder. Et en attendant, j’ai fouillé un peu dans la vie de ce cher Ernest. Une véritable enflure ! Je ne serai pas surpris d’apprendre qu’il n’avait pas que des amis !
–      Très bien, Moridan. Vous avez carte blanche. Mais pas de gaffe ! Et je compte sur vous pour présenter des excuses à votre coéquipière !
 
40minutes chrono, sans relecture.

Texte de L.S.Martins
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