L'armé des morts
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L'armé des morts
Chaque soir, mon père me racontait la même histoire. Celle de guerriers fantomatiques qui hantaient les territoires hostiles du Nord. Une véritable armée qui rôdait autour de notre misérable village, empêchant quiconque de s’en échapper. De quitter cet endroit maudit…
Une légende intitulée « L’armée des morts ». Un conte absurde pour terroriser les enfants. Pour les dissuader de s’aventurer la nuit hors de leur lit.
- Ils sont notre malédiction, répétait-il sans cesse. Les gardiens de notre prison…
Chaque soir, je lui posais cette question d’une voix hésitante :
- Que veux-tu dire, papa ?
Sa réponse demeurait inlassablement la même :
- Ils veillent farouchement à ce que l’on n’échappe pas à notre punition divine.
- Mais pourquoi les dieux voudraient nous punir ? On n’est pas des méchants ?
Et chaque soir, il ne pouvait réprimer un sourire. Un pâle sourire qui suffisait à illuminer son visage sévère et lui faire oublier ses sombres pensées… puis il m’embrassait avant de me border et de sortir de ma chambre, sans jamais satisfaire ma curiosité.
J’ai toujours cru que tout ceci n’était qu’une invention de nos parents. Un sombre récit, sans une once de vérité. Mais je faisais erreur… Mon père ne mentait pas. Je ne l’ai compris que trop tard... lorsqu’il me révéla, dans un dernier soupir, l’existence d’un antique grimoire dissimulé dans notre grenier.
Un ancien manuscrit terriblement envoûtant. À tel point que je n'ai pu me retenir d'en parcourir chacune des lignes. De le caresser amoureusement du bout des doigts... un livre obscur dont les pages étaient noircies d’incantations indéchiffrables et de gravures effrayantes.
Au dos de la couverture, un étrange message avait été ajouté à la plume. D’une écriture tremblante… « Nul ne peut contrôler les morts. Pas même le plus puissant des sorciers. Je l’ai appris à mes dépens. Je suis sincèrement désolé, car par ma faute, vous et tous vos descendants êtes maudits. » Juste ces quelques mots d’excuse. Aucune signature. Aucun indice sur leur auteur. Sur le responsable de notre sombre sort…
Aujourd’hui, je raconte cette même histoire à mon fils. Chaque soir, je le mets en garde contre les terrifiants fantômes qui hantent la plaine de l’effroi. Et comme mon père avant moi, je souris timidement devant sa naïveté tout en restant évasif quant à cette sinistre affaire...
Texte de L.S.Martins (30 minutes).
Image par Stefan Keller de Pixabay : Fantaisie Armée Combattant - Photo gratuite sur Pixabay
D'après le texte de L.S.Martins du 6 octobre 2020 (20 minutes chrono, sans relecture).
L’armée des morts… Un conte pour terroriser les enfants. Les dissuader de s’aventurer la nuit dans la grande plaine de l’effroi. De l’effroi… Quel nom absurde !
Mon père me racontait chaque soir, qu’au soleil couchant, des guerriers fantomatiques apparaissaient tout autour de notre village empêchant quiconque d’en sortir.
- Ils sont notre malédiction… Les gardiens de notre prison, me disait-il, perdu dans de sombres pensées.
- Que veux-tu dire papa ? demandais-je d’une voix emplie de curiosité.
- Ils sont là pour que l’on n’échappe pas à notre punition divine.
- Pourquoi les Dieux voudraient nous punir ? On n’est pas des méchants ?
Ma naïveté le fit sourire, mais jamais il ne répondit à cette question.
Plus grand, j’en conclus que ce n’était qu’une légende… Une simple histoire, sans réel fondement. Jusqu’au jour où, à la mort de mon père, je découvris un vieux grimoire dans le grenier poussiéreux de notre maison. Il était si envoûtant que je ne pus m’empêcher de parcourir chacune de ses pages... De les caresser délicatement du bout des doigts. Il renfermait d’étranges incantations dans une langue qui m’était inconnue, accompagnées d’images et de schémas obscurs et effrayants. Sur la dernière page, d’une écriture tremblante, avaient été inscrits ces quelques mots : « Nul ne peut contrôler les morts, pas même le plus puissant des sorciers. Je l’ai appris à mes dépens. Et je m’en excuse, car par ma faute, vous êtes tous maudits ! ». Aucune signature… Aucun indice sur la personne qui avait pu laisser un tel message.
Aujourd’hui, c’est à mon tour de mettre en garde mon fils contre les terrifiants fantômes qui hantent la plaine de l’effroi… C’est à mon tour de sourire et de rester évasif quant à cette sombre histoire… C’est à mon tour de passer pour un fou.