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A bigger splash (1973) Jack Hazan

A bigger splash (1973) Jack Hazan

Veröffentlicht am 5, Okt., 2021 Aktualisiert am 5, Okt., 2021 Kultur
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A bigger splash (1973) Jack Hazan

Portrait de l’artiste en dépression

Lors d’une rétrospective de l’artiste, Jack Hazan, qui vient de réaliser un court-métrage autour de l’œuvre de Keith Grant, se prend de passion pour les tableaux de David Hockney. Il se met alors en tête de réaliser A bigger splash, qui retracerait quelques années de la vie du peintre britannique. Au début, Hockney n’est pas vraiment emballé par le projet, puis il se prête au jeu avec plusieurs de ses proches collaborateurs. C’est en 1973 que le film voit le jour, alors qu’Hockney et son amant Peter Schlesinger se sont séparés. Ils reviennent sur les deux années qui viennent de s’écouler, mélangeant volontairement les scènes de vie recrées et des variations autour des œuvres que l’artiste a produites. Le film, qui tire son titre d’une peinture de 1968 et qui se clôt avec l’illustration de Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), fut présenté à la Semaine de la critique du Festival de Cannes, puis décrocha le Léopard d’argent au Festival de Locarno.

Dans un hôtel genevois, en 1973. David Hockney discute avec son amant Joe, le décrivant en des termes flatteurs. À la même période, à Londres, son assistant, Mo McDermott, ne sait pas où il a disparu. Il se souvient des bons moments qu’ils ont passé tous ensemble, avec le designer Ossie Clark et sa compagne Celia Birtwell. Il se rappelle aussi les deux dernières années qui viennent de s’écouler, durant lesquelles Hockney s’est péniblement remis de sa rupture d’avec Peter Schlesinger, un beau jeune homme qui était aussi son modèle. Après avoir assisté, en 1971, au défilé d’Ossie, Peter a annoncé à David qu’il le quittait. Tout le monde s’est alors inquiété pour l’artiste, et pour les conséquences que cette rupture pourrait avoir. Alors qu’il avait rendez-vous à la Kasmin gallery pour présenter ses dessins, David ne vient pas, et se demande avec Celia s’il ne devrait pas aller faire une cure en Californie, où il n’est pas retourné depuis quatre ans.

Le propos de A bigger splash semble donc nous faire partager deux années dans la vie de David Hockney et de ses proches. Et cette période débute par la rupture entre l’artiste et son modèle, Peter Schlesinger, ce qui va le conduire à une dépression, qu’il va tenter de compenser par une addiction aux anxiolytiques. Du reste, cette époque correspond également à la fin d’un de ses plus prolifiques cycles artistiques, d’où sont issues A bigger splash et Portrait of an Artist (Pool with Two Figures).  Ces deux œuvres encadrent d’ailleurs le long-métrage, l’emprisonnant presque de leur stature. Mais ceci n’est jamais explicité dans le film, et l’on ne fait que suivre les pérégrinations de cette bande d’amis dans le Swinging London, dont, au passage, on ne voit pas grand chose. Et l’on ne peut pas dire que leurs actions soient, à proprement parler passionnantes. Soient les états d’âme de dépressifs et d’anxieux, absorbés par eux-mêmes et dont le narcissisme semble débordant. Bref, entre l’homme et l’artiste, on choisit très rapidement.

C’est la forme de A bigger splash qui semble avoir pérennisé son statut d'œuvreculte pour de nombreux critiques. Le film oscille de façon permanente entre le documentaire et la fiction, au point où l’on ne sait pratiquement plus quelle esthétique domine. Le parti-pris semble de vouloir recréer, par les protagonistes eux-mêmes, les deux années qui viennent de s’écouler. S’enchaînent donc des scènes où l’improvisation est de mise, et où les frontières entre réalité et fantasme sont volontairement gommées. Le montage accentue l’instabilité et l’inconfort, puisque les séquences sont collées les unes après les autres, opérant une sorte d’album photo où les transitions ne semblent pas la préoccupation première du metteur en scène. On comprend assez vite le concept, qui s’étire en longueur, et l’on se dit après-coup qu’un court-métrage aurait été tout aussi efficace. L’aspect fictionnel, quant à lui, réside en l’insertion de scènes oniriques dont l’originalité mérite de s’y attarder.

Car les moments les plus intéressants de A bigger splash se situe justement entre les espaces documentarisés. Jack Hazan semble vouloir, par le truchement de pastilles scénarisées, personnifier, ou plutôt mettre en mouvement, les inspirations des toiles de David Hockney. Nous assistons ainsi très régulièrement à des scènes festives au bord d’une piscine que l’on situe à Los Angeles, où des jeunes et beaux garçons plongent et se débattent, jouent et s’ébrouent comme l’on peut se figurer les personnages qui figurent dans les peintures de l’artiste. Au-delà du côté plastique, ce petit jeu de réinvention d’une forme artistique connue et reconnue n’est pas sans intérêt. Une autre séquence attire l’œil, où deux éphèbes font l’amour, ou tout du moins commencent leurs ébats, sans pudeur et devant la caméra. Si cette scène n’a pas d’utilité scénaristique avérée, son culot et sa force ont valu au film de faire face à la censure dans de nombreux pays, ce qui, en terme de geste artistique, n’est pas si négligeable.

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