Monster (2003) Patty Jenkins
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Monster (2003) Patty Jenkins
Coup de foudre inattendu et fâcheuses conséquences
Un fait divers est à l'origine de Monster, basé sur l'existence de la tueuse en série Aileen Wuornos. Cette prostituéea commis six meurtres entre 1989 et 1990, avant d'être condamnée à mort et exécutée douze ans plus tard. Pour l'évoquer, Patty Jenkins signe son premier long-métrage. Elle s'implique fortement dans le projet, rencontrant la meurtrière en prison, tout comme Charlize Theron, qui deviendra productrice du film. L'actrice sort alors d'une dizaine d'année dans le métier, où elle a pu se forger petit à petit une solide réputation, interprétant souvent des personnages glamours pour des réalisateurs renommés tels que Woody Allen ou James Gray. Elle acquiert enfin ici la reconnaissance critique, recevant en particulier un Oscar pour ce rôle exigeant.
Le début
Quand elle était petite, Aileen passait son temps à rêver sa vie future. Elle s'imagine en actrice de cinéma, adulée par les hommes comme son idole Marilyn Monroe. Comme elle, Aileen a bien l'intention d'être découverte grâce aux hommes. Sauf que ceux qu'elle rencontre ne pensent qu'au sexe, et ne peuvent rien lui apporter. Après des années de prostitution où elle se marginalise peu à peu, elle décide un soir d'en finir. Avant, elle veut juste dépenser le billet que lui a donné son dernier client, et se dirige dans un bar et commande une bière. L'établissement s'avère être un bar gay, et une jeune femme, Selby, ne manque pas de l'aborder pour lui proposer un verre.
Analyse
L'histoire atypique de Monster est pour le film à la fois un atout et une faiblesse. Le tout début du long-métrage, où l'on voit un panneau nous annonçant qu'il est tiré d'une histoire vraie, n'est pas très engageant, tant l'argument devient de plus en plus une accroche commerciale. Puis une voix off vient un peu lourdement introduire le sujet, avant que n'apparaisse dans le cadre le visage méconnaissable de Charlize Theron. Après ça, le spectateur se voit embarqué dans cette histoire absolument incroyable, d'une force telle que l'on en oublie les défauts d'une mise en scène un peu trop appuyée.
C'est une charge contre la gent masculine qui nous est alors proposée, où l'héroïne, qu'habituellement l'on jugerait inhumaine, apparaît dans toutes ses failles et en devient presque attachante : c'est toute la force du film. Mais Monster c'est avant tout son actrice principale, Charlize Theron, qui porte son personnage, et le film, à bout de bras. On sait qu'elle a pris plusieurs kilos pour jouer le rôle, et qu'elle portait des prothèses encombrantes. Son interprétation a de quoi impressionner, et les récompenses qu'elle a pu à l'occasion décrocher n'en sont que plus méritées.
Alors certes c'est un rôle « à Oscar », pour une actrice prête à se défigurer, mais en même temps ça fait aussi partie de leur métier. À ses côtés, Christina Ricci endosse un rôle particulièrement ingrat, celui d'une jeune adulte immature qui ne pense qu'à elle et qui n'a aucunement le sens des réalités. Tout ça dans une Amérique qui vend un rêve impossible, et dont les paradoxes remplissent le cadre, comme si ce grand écart était le sujet même d'un film qui nous emporte dans la folie de ses personnages.