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L’incompris (1967) Luigi Comencini

L’incompris (1967) Luigi Comencini

Veröffentlicht am 30, Mai, 2021 Aktualisiert am 30, Mai, 2021 Kultur
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L’incompris (1967) Luigi Comencini

Dors mon petit frère, Maman n’est pas là

Lorsqu’on évoque le cinéma transalpin, le premier nom qui vient n'est pas souvent Luigi Comencini, et pourtant le réalisateur ne manque pas de qualités. S’il ne possède pas la maestria d’un Federico Fellini ou la virtuosité d’un Luchino Visconti il n’en demeure pas moins un des cinéastes italiens majeurs de ces dernières années. Aussi à l’aise dans la comédie de mœurs (Pain, amour et fantaisie) et la farce (L’argent de la vieille) que dans le mélodrame (Un vrai cri d’amour) il a exploré dans nombre de ses films le monde de l’enfance (Les aventures de Pinocchio). C’est aussi un enfant le héros principal dans L’incompris, mais ici c’est la relation difficile et intense qui unit les enfants et les adultes, en l’occurrence un fils et son père. Sélectionné au Festival de Cannes, le film a été très mal reçu à sa sortie.

Elle vient de mourir la mamma. Quand le consul du Royaume-Uni à Florence, Sir John Edward Duncombe rentre chez lui, bouleversé par cette tragique nouvelle, il est immédiatement envahi de doutes à l’idée de l’annoncer à ses fils Andrea (une dizaine d’années) et Milo (quelques années de moins). L’aîné lui facilitera la tache en lui révélant qu’il le sait déjà tandis que le cadet est encore trop jeune pour comprendre ce qui se passe. La vie continue donc bon an, mal an, et les malicieux enfants n’ont de cesse de mener la vie dure à leurs gouvernantes successives. Seulement voilà : Andrea voit bien que son père concentre toute son attention sur le petit Milo, plus fragile mais tout aussi turbulent que son frère, désirant toujours faire les quatre-cent coups avec lui.

Avec L'incompris, Luigi Comencini réalise  une superbe évocation de l’univers de la toute jeune enfance. La relation qui unit Andrea et Milo est à cet égard particulièrement bien analysée. De deux caractères différents chacun, ils se complètent parfaitement et l’on peut sentir en filigrane le touchant amour qui les lie. Andrea (Stefano Cologrande, très touchant pour son unique film) veut à tout prix protéger son petit frère qui lui bien sûr souhaite tout faire comme son grand frère, qu’on le sent admirer secrètement. Admirer mais aussi jalouser, car c’est aussi l’un des aspects de cet amour fraternel qui est très bien rendu : chacun, en manque d’amour et sous le choc de la disparition de leur mère, va tout faire pour attirer l’attention du père.

Et à ce petit jeu là c’est Milo qui gagne, forcément : il est difficile de lutter contre un petit gamin de 5-6 ans à la bouille d’ange et à la santé fragile. Andrea a beau tout faire, il sent bien que jamais il ne pourra pas demander à son père de lui fournir le même niveau d’attention qu’il porte à Milo. Pire, toutes les tentatives que l’aîné fera pour faire comprendre à son père combien il a besoin de son amour se solderont plus ou moins par des échecs. Tous ces gestes maladroits ne vont finalement qu'augmenter l’agacement que ce père déboussolé ne peut s’empêcher d’éprouver envers un fils qu’il ne comprend pas. Le mot est lâché, et le film portera d’ailleurs bien son nom. Et si à sa sortie L’incompris fut largement boudé par une critique lui reprochant sa surcharge d'émotions, il sera par la suite réhabilité.

Il faut dire que, porté par le concerto pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart, le film monte petit à petit en émotion. Mais c'est une émotion très délicate, sans vouloir à tout prix faire pleurer dans les chaumières. Au contraire L’incompris émeut par de petites touches : des regards, des pudiques mouvements de caméra, une allusion attrapée au vol… Et même si la fin, de par son propos, fidèle au roman de Florence Montgomery, tire un peu plus vers le mélodrame, le talent de Luigi Comencini sauve magistralement ce qui aurait pu devenir dans d’autres mains une effusion malheureuse de pathos. Bien au contraire, L’incompris demeure jusqu’au bout un film élégant, drôle et touchant : tout ce qui fait qu’on aime le cinéma italien de ces années là.

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Chantal Perrin Verdier vor 3 Jahren

Un film qui fait résonner nos émotions d'enfance sans doute la raison pour laquelle il a été battu froid.
Il peut également en douceur "éduquer" certains parents. Il m'a été très utile face à des enfants secrets, qui ne savent pas exprimer leurs émotions.
Un bel article et un hommage pertinent.

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