Once Upon a Time... in Hollywood (2019) Quentin Tarantino
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Once Upon a Time... in Hollywood (2019) Quentin Tarantino
Quand Quentin se fait plaisir
Pour son neuvième film en 27 ans, ce qui, soit dit en passant n'est pas un rythme très cadencé, Quentin Tarantino a pu à peu près tout se permettre. Ainsi les deux acteurs principaux de Once Upon a Time... in Hollywood ne sont autre que Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, soit deux des beaux gosses les plus prisés de l'industrie américaine du film. Ayant mis en concurrence plusieurs sociétés de distribution après l'Affaire Weinstein, le film se voit décrocher une sélection officielle au Festival de Cannes, où il ne décroche que la Palm Dog. Dans les salles américaines, il fait un carton à sa sortie mais déçoit quelques peu les critiques. Un des points sensibles évoqués par beaucoup de ses détracteurs est la réappropriation d'un fait divers par le réalisateur. Il a souvent aimé jouer avec l'Histoire, par exemple dans Inglorious basterds, et il le fait une fois de plus en incorporant dans son film les personnages de Sharon Tate et de Roman Polanski.
Star de série, Rick Dalton se fait interviewer avec sa doublure, Cliff Booth, lors d'un tournage, afin de promouvoir leur prochaine production. Un peu plus tard, ils ont rendez-vous dans un bar avec le producteur Marvin Schwarz, qui a demandé à voir Rick après avoir été impressionné par plusieurs de ses films. Il lui donne quelques conseils pour mieux gérer sa carrière et lui propose de participer à des westerns qu'il tourne en Italie. En sortant, Rick s'effondre auprès de Cliff, lui confiant que sa carrière est en train de voler en éclats. Sur la route, ils croisent une bande jeunes hippies et l'une d'entre elles tape dans l’œil de Cliff. Arrivés chez eux, ils voient passer dans la voiture d'à-côté Roman Polanski, avc qui Rick rêve de travailler, et sa compagne Sharon Tate. Ceux-ci ont récemment emménagé dans le quartier et Rick s’imagine déjà participer à une fête avec aux autour d'une piscine.
D'un point de vue formel, Once Upon a Time... in Hollywood est impressionnant, ce qui n'est pas si étonnant : on a l'habitude, avec Quentin Tarantino, d'une telle maestria. Il serait d'ailleurs temps que les professionnels de la professions lui rendent hommage à ce titre, au lieu de célébrer son talent de scénariste, ce qui fut le cas une fois de plus aux Golden Globes, ce qui est d'autant plus absurde pour ce film au scénario plus que bancal. Par contre sa mise en cène a de quoi faire pâlir bien des réalisateurs. Le film regorge de plans maîtrisés, et Tarantino joue tout du long avec le spectateur, allongeant les séquences à l'envi comme il le fait si bien. On retrouve le fétichisme du réalisateur avec ses pieds cadrés en gros plans et une décharge de violence absolument jouissive. Dans les thématiques abordées, on peut voir une fois de plus sa passion pour la série B et les losers plus ou moins magnifiques : pas de doute on est chez Quentin.
Et, clairement, Quentin Tarantino s'est fait plaisir avec Once Upon a Time... in Hollywood. Il revisite la période de la Cité des anges à laquelle il aurait sans doute aimé vivre, nous offrant une vision idéalisée de cette époque. Il prend l'Histoire par le petit bout de la lorgnette, imaginant le destin d'un personnage qui n'a jamais existé et le faisant côtoyer des stars qui ont émaillé cette époque. On retrouve ainsi pour une scène assez croquignolesque Brue Lee, à qui Tarantino voue, on le sait, un culte pas possible. Et en mettant en scène Sharon Tate et Roman Polanski il utilise donc des figures que tout le monde connaît dans un contexte très référencé. La tension du film monte ainsi crescendo, le spectateur n'étant pas dupe et voyant bien où le réalisateur veut le mener. La volonté de ne rien divulgâcher empêche d'en dire plus, sinon que le traitement adopté dans le film est plus que questionnable.
Ainsi, Once Upon a Time... in Hollywood est embarrassant. Il se présente clairement comme un conte de fées, et son titre le rappelle, mettant en avant la volonté de Quentin Tarantino de montrer son idéal. Ainsi, tout est beau, de la photographie aux costumes en passant par les travellings et la bande originale, toujours aussi bonne. L'histoire n'a par contre pas de quoi casser trois pattes à un canard, le scénario du film est paresseux et l'on ressent quelques longueurs lors du visionnage. Les dialogues qui n'en finissent pas sont certes savoureux mais, d'une part ils le sont beaucoup moins que dans Reservoir dogs ou dans Pulp fiction, et d'autre part on commence à s'y habituer. Bien sûr on passe un bon moment à voir cabotiner Leonardo DiCaprio et Brad Pitt, qui ne déméritent pas. Bien sûr on se trouve, niveau qualité, au-dessus de la majorité de la production actuelle d'Hollywood. Mais on ne peut s'empêcher un fond de frustration en imaginant ce qu'aurait pu être le film.