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Jeux dangereux (1942) Ernst Lubitsch

Jeux dangereux (1942) Ernst Lubitsch

Veröffentlicht am 29, Okt., 2021 Aktualisiert am 29, Okt., 2021 Kultur
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Jeux dangereux (1942) Ernst Lubitsch

…that is the question

Rares sont les films sortis pendant la seconde guerre mondiale évoquant le nazisme. Il est d'ailleurs fort possible que To be or not to be (vive les traducteurs) ne soit que le deuxième, après l’immense et quasiment indépassable Dictateur de Charlie Chaplin. Et comme par hasard, les deux films adoptent l’humour pour faire passer leur message. D’où le dilemme du « peut-on rire de tout », et en particulier du plus tragique ? Vous avez deux heures ; de leur côté, la réponse de Chaplin et d'Ernst Lubitsch est sans équivoque : on peut se moquer de tout, et même surtout du pire. C’est le talent qui fera sans doute passer la pilule, même si les deux films ont eu maille à partir avec la critique de l’époque.

Des acteurs de théâtre polonais répètent en 1939 et à Varsovie une pièce comique mettant en scène le führer lui même. Comme par hasard, la pièce ne sera jamais à l’affiche car censurée, tandis que l'invasion du pays est en cours. En parallèle, les acteurs du théâtre, mariés à la ville, interprètent sur scène Hamlet. L’épouse, éprise d’un jeune lieutenant, inventera un stratagème pour retrouver son fougueux amant : au début du célèbre monologue débutant par « to be or no to be » (d’où le titre du film) il va la retrouver dans les coulisses. Forcément ça va déconcentrer le mari sur scène, et ça sera plus tard le moyen pour les deux amants de se retrouver en pleine guerre mondiale.

Ce n’est que le début de l’intrigue de To be or not to be, qui est compliquée à souhait et pour notre plus grand plaisir. Car bien entendu unesombre histoire d'espionnage va compliquer les choses, sans compter les allers-retours avec la pièce de théâtre qui est préparée. Les dialogues sont comme toujours chez Ernst Lubitsch irrésistibles, c'est un vrai travail d’orfèvre. Dès le début, la farce est affichée et les similitude entre fiction et réalité abondent. Ainsi de nombreuses répliques de la pièce répétée par les acteurs au début du film vont se retrouver dans la vie réelle prononcée par des officiers nazis. Le but est, on le comprend assez vite, de ridiculiser les SS, et cela fonctionne très bien.

Voilà ainsi une subtile manière de nous montrer que les bouffons ne sont pas forcément ceux qu’on croit. Mais l’intrigue romanesque de To be or not to be n’est cependant pas mise de côté pour autant, on se croirait quelquefois dans un vaudeville de qualité avec ses maris trompés et autre rebondissements du scénario. Ernst Lubitsch s'y connaissait bien, du reste, en comandie romantique, lui qui vient de réaliser Ninotchka et The shop around the corner. Par exemple, la manière qu'il a d'utiliser l'espace, en l'occurrence les coulisses de cette scène de théâtre, pour remettre au goût du jour l'éternelle histoire de l'amant dans le placard, est tout à fait savoureux.

Les acteurs de To be ornot to be s’en donnent à cœur joie et forment une troupe très homogène. Carole Lombard trouve ici un de ses plus beaux rôles (son dernier, soit dit en passant, puisqu'elle va mourir quelques temps après le tournage dans un accident d'avion). Elle s'y montre pétillante et mutine, charmante à souhait. On retrouve à ses côtés Jack Benny ainsi que le beau Robert Stack, qui interprétera le rôle d'Eliot Ness dans la version télévisuelle des Incorruptibles. Ne boudons donc pas notre plaisir et revoyons encore une fois cette petite perle qui prend le seul parti valable sur un sujet aussi dramatique : celui d’en rire pour ne pas en pleurer.

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