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Dersou Ouzala (1975) Akira Kurosawa

Dersou Ouzala (1975) Akira Kurosawa

Veröffentlicht am 27, Mai, 2022 Aktualisiert am 27, Mai, 2022 Kultur
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Dersou Ouzala (1975) Akira Kurosawa

Un homme d’exception

Que les réalisateurs qui galèrent se rassurent : même le grand Akira Kurosawa a eu du mal à financer ses films. Après l’échec retentissant de Dodes‘kaden, qui provoquera la faillite de sa maison de production, c’est chez les Soviétiques qu’il trouvera le soutient pour produire Dersou Ouzala, inspiré par l’ouvrage de l’officier topographe Vladimir Arseniev. Une confiance qui s’avérera payante puisque le film décrochera l’Oscar du meilleur film étranger et lui permettra d’obtenir le soutien de divers réalisateurs américain pour ses films à venir. Ainsi Francis Ford Coppola et George Lucas vont-ils devenir producteurs de Kagemusha, l'Ombre du guerrier, Serge Silberman, qui a produit certains films de Luis Buñuel, financera en partie Ran, et Steven Spielberg sera, avec Martin Scorsese, aux manettes pour Rêves. Oui mais voilà, tout le monde n’est pas Akira Kurosawa.

Le début

L'officier, et néanmoins topographe, Vladimir Arseniev, est engagé dans l'armée impériale russe afin d’établir des plans sur des terres inconnues, près de la frontière avec la Chine. En 1902, lors d'un des ses voyages, il croise la route de Dersou Ouzala, un chasseur appartenant à la tribu des Hezhen qui vend des peaux de zibelines et possède une connaissance fine de la taïga environnante. Arseniev décide d’embarquer le vieil homme parmi ses soldats, se rendant compte qu’il vivait seul, son épouse et son enfant étant morts à cause d’une épidémie de variole. Naturellement, Dersou guide le groupe et une amitié solide se construit entre lui et Arseniev, surnommé « Capitaine ». Il parvient à lui sauver la vie lors d’un épisode de blizzard où les deux hommes étaient perdus dans la toundra, et c’est avec regret que chacun retourne à ses occupations, après l’expédition. 

Analyse

Le scénario de Dersou Ouzala semble atypique dans la filmographie du maître du cinéma japonais. En lieu et place des samouraïs nous avons un géographe, inspiré du véritable Vladimir Arseniev, qui se lie d’amitié avec un chasseur en pleine taïga. Pourtant de nombreux thèmes chers à Akira Kurosawa se retrouvent dans le film. D’abord le personnage de Dersou : à le voir au premier abord, on se demande qui est ce petit homme un peu rustre qui débarque d’on ne sait où. Puis on apprend à le connaître et on découvre un homme à l’écoute de la nature, naïf  parce qu’il n’a pas été corrompu par la civilisation et d’une grande noblesse. Or, la nature est une des thématiques qui courent tout au long de la filmographie de Kurosawa, que ce soit un thème à part entière ou bien un élément central de la narration et de la mise en scène.

Servi par l’interprétation parfaite de Maksim Munzunk, le personnage principal de Dersou Ouzala est un être émouvant et sincère qui vit en communion avec la nature, l’autre grand acteur de ce film, et qui est magnifiée par la mise en scène d’Akira Kurosawa. À la fois effrayante et grandiose, elle constitue en quelque sorte le ciment de l’amitié qui s’établit entre Dersou et le « capitan ». Une amitié magnifique entre deux hommes que tout oppose a priori mais que les conditions climatiques extrêmes vont permettre de sceller définitivement. La relation qui se construit entre un maître et son disciple est d’ailleurs également un des éléments centraux des longs-métrages de Kurosawa. Que l’on pense à La Légende du grand judo, L’ange ivre ou à Barberousse, on y compte de nombreux duos composés d’homme mûrs et plus jeunes.

Ils vont ainsi apprendre à se connaître et éprouver un profond respect mutuel au gré de leurs péripéties. Parce qu’il y a de l’aventure dans Dersou Ouzala : des tempêtes de neiges, des tigres, des sauvetages en rivière déchaînée, etc. Bien loin des codes du film catastrophe, Akira Kurosawa inclut ces scènes de bravoure dans la narration, comme des éléments qui forment un tout avec le reste du film, et non pas comme des passages obligés. On se retrouve également devant une œuvre écologique et humaniste, un grand film tout simplement. Le long-métrage aura en conséquence une influence significative sur de nombreux cinéastes, y compris George Lucas pour Star wars. Si la saga interplanétaire trouve l’origine de son scénario dans La Forteresse cachée, d’aucuns voient dans Maître Yoda des airs de Dersou.

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