Pat Garrett et Billy le Kid (1973) Sam Peckinpah
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Pat Garrett et Billy le Kid (1973) Sam Peckinpah
Duel sans merci pour héros désabusés
Dans la famille des réalisateurs maudits on demande Sam Peckinpah. Et au royaume de ces films qui sentent le souffre on pioche son Pat Garrett et Billy the Kid. Réalisé en 1973, les producteurs l’ont remanié une première fois, puis une deuxième version fait son apparition avant qu’un film le plus proche du director’s cut ne puisse voir le jour bien des années plus tard. C’est que Peckinpah n’est pas consensuel. Et que, même en 1973, même après les excellents La horde sauvage ou Chiens de paille, il faut toujours batailler ferme pour imposer sa voix d’auteur à Hollywood. Le résultat est avouons le un peu mitigé : même s’il reste un western de grande qualité, on peut légitimement reprocher au film un rythme parfois trop lent.
Quand Pat Garrett débarque à Fort Summer, il compte bien y devenir shérif. C’est ce qu’il explique à son ancien compagnon de vadrouille, Billy the Kid. Celui-ci ne s’en émeut pas particulièrement et même quand ses amis lui conseillent de l’éliminer il leur répond qu’on ne tue pas un ami. Sage résolution pour un gars pourtant pas vraiment tendre lorsqu’il s’agit de prendre la gâchette. Malheureusement pour lui Pat n’en démord pas et va le poursuivre jusqu’au bout : chacun se dresse d’un côté de la justice maintenant.
Tous les films de Sam Peckinpah sont hantés par ces anti-héros vieillissants qui appartiennent à un monde en déclin et sont en décalage perpétuel. Pat Garrett et Billy le Kid ne déroge pas à la règle : pourtant tous deux à l’opposé, tant au niveau de l’âge, que du statut ou du caractère, Pat Garrett et Billy le kid sont deux héros fatigués, finis. Dès le début qui nous montre en flash forward la chute d’un personnage qui va nous être présenté juste après, on connaît l’issue inéluctable que va prendre cet affrontement entre les deux. Sam Peckinpah n’est pas du genre à faire dans la demi-mesure et on peut déjà le voir.
Grand sujet de discorde lorsqu’on évoque Sam Peckinpah : la violence. Pat Garrett et Billy le Kid n’en est pas dépourvu, loin s’en faut : le sang gicle des corps, on tire à bout portant derrière le dos… On peut légitimement ne pas en être friand. Reste qu’ici la violence a une signification propre, reflète une situation, est une métaphore bien plus parlante que nombre de discours. Là réside toute la force du cinéma de Peckinpah, là où bien d’autres réalisateurs n’utilisent la violence que dans un but purement mercantile.
Et la poésie n’est pas absente de Pat Garrett et Billy le Kid, les ralentis chers à Sam Peckinpah contribuent à donner au film un lyrisme très particulier, tout comme la musique composée par un Bob Dylan en verve (qui tient d’ailleurs l’un des rôles). James Coburn et le tout jeune alors Kris Kritofferson ajoutent au charme de Pat Garrett et Billy le Kid pour en faire un western atypique et envoûtant. Reste le rythme languissant d’une intrigue somme toute anodine et qui empêche le film de l’inscrire comme l’un des tout meilleurs du genre. On ferait toutefois la fine bouche pour moins que ça.