The boxer (1997) Jim Sheridan
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The boxer (1997) Jim Sheridan
La paix commence où l’attente prend fin
Rares sont les films qui se déroulent en Irlande du Nord. Cela n’a pas échappé à un irlandais d’origine et de cœur comme Jim Sheridan, qui ancre son Boxer en plein Belfast. Quatre ans après le très réussi Au nom du père, le réalisateur s’inspire une fois encore du conflit irlandais pour évoquer l’histoire de ce boxeur qui sort de prison après quatorze années d’enfermement. Et une fois de plus Sheridan choisit comme interprète principal le grand Daniel Day-Lewis, alors en pleine période faste et qui tournera après Gangs of New-York. En même temps on peut le comprendre : quand on a goûté au caviar des acteurs, il est difficile après de passer à autre chose. Et Sheridan l’a bien compris avec ses déconvenues ultérieures que furent In America et Réussir ou mourir.
Danny Flynn a trente-deux ans lorsqu’il sort de prison, après avoir purgé une peine de plus dix-ans, accusé qu'il était d'un attentat dont il n'était pas le responsable. Il se sent désorienté dans un Belfast qui a bien changé depuis qu'il l'a quitté, et qui est de plus en plus cloisonné entre les parties de la ville de confessions différentes, séparées par des grilles de fer. Il retrouve le quartier où il a grandi et reprend contact avec ses anciens comparses qui l’accueillent froidement. Il faut dire qu’il croient tous, à tort, que Danny a balancé les membres de l’armée républicaine irlandaise (IRA), avec qui il militait. Danny veut malgré tout reprendre goût à la vie en reformant le club de boxe qu'il fréquentait à l'époque et qui a depuis périclité.
C’est à un double film que nous avons affaire avec The boxer : on suit d’un côté l’histoire d’un homme qui tente de reprendre une vie « normale » après la prison, et de l’autre des membres de l’IRA qui se demandent s’il vaut mieux poursuivre le combat ou signer une trêve, fut-elle temporaire. Entre les deux Jim Sheridan nous place une histoire d’amour censée être le fil conducteur du film. Car avant d’être emprisonné, Danny a été amoureux d’une femme, qui a par la suite épousé et eu un enfant avec le meilleur ami de Danny, lui-même emprisonné après ça. Voilà une intrigue sentimentale sommetoute éprouvée, et il est du reste inutile de dire que l’enfant sera le nerf de la guerre, le détonateur qui fera basculer la vie de Danny.
Voilà pourquoi, malgré ses nombreuses qualités, The boxer reste un film un peu bancal. À croire que Jim Sheridan n’a pas su choisir entre ses engagements politiques – et la nécessité pour lui , d'ailleurs tout à fait louable et complètement justifiée, d’évoquer un conflit qui le tient à cœur – et le drame sentimental dans lequel est plongé son personnage principal. Du coup le personnage de Maggie, très justement interprété par Emily Watson, passe au second plan, et son histoire avec le personnage incarné par Daniel Day_Lewis ressort affadi. En même temps les tergiversations internes de l’IRA nous semblent superflues, d’une part parce que le dilemme a déjà été évoqué dans de nombreux films, d’autre part car elles alourdissent le propos du cinéaste.
Cependant, The boxer bénéficie d’une mise en scène sobre, assez élégante et sans accroc, ainsi que d’un casting irréprochable. Outre l'actrice principale, on retrouve donc avec plaisir Daniel Day-Lewis, qui n’en fait absolument pas des tonnes et se fond habilement dans son personnage. Ajoutons à cela un Brian Cox, que l'on retrouvera quinze ans plus tard en patriarche impitoyable dans l'excellente série Succession, et qui écope ici encore une fois d’un second rôle, réussissant à le faire exister malgré tout. Le film est intéressant dans le fond et bien articulé dans la forme, mais il manque d’un petit souffle romanesque queni aurait pu le faire devenir soit une belle histoire d’amour contrariée soit un solide film engagé sur la lutte armée en Irlande du Nord.