Répulsion (1965) Roman Polanski
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Répulsion (1965) Roman Polanski
Le mal venait de l’intérieur
Remarqué par son premier long-métrage Un couteau dans l’eau, nommé aux Oscars, Roman Polanski débarque au milieu des années 1960 en Angleterre en plein Swinging London. Le jeune homme qui grandit dans le bloc communiste découvre alors le vent de liberté qui souffle sur l’occident. Il rencontre la jeune Catherine Deneuve, à cette époque compagne de David Bailey, le photographe des Rolling Stones entre autres. C’est dans ce contexte qu’il tourne son deuxième long-métrage, Répulsion. Ce thriller psychologique est pleinement ancré dans son époque autant par sa mise en scène qui s’inspire de la Nouvelle Vague que dans son atmosphère et son ambiance.
Carole est une jeune francophone (belge plus précisément, comme on l’apprendra plus tard) qui vit avec sa sœur dans un appartement londonien. Elle est manucure dans un salon de beauté et sort peu. De nature renfermée, elle se méfie des hommes comme de la peste, en particulier l’amant de sa sœur Michael qui, selon elle, empiète beaucoup trop sur la vie quotidienne des deux colocataires. Pourtant cette jeune femme est belle et s’attire les regards concupiscents de nombreux hommes, notamment Colin qui va tout faire pour séduire la demoiselle. Quand sa grande sœur décide de partir en vacances avec Michael, Carole est soudainement effrayée à l’idée de se retrouver seule dans l’appartement.
La mise en place de l’intrigue durant toute la première partie du film est d’une lenteur qui a de quoi déconcerter. Avec une patience d’orfèvre Roman Polanski pose ses jalons en décrivant la vie quotidienne banale de Carole au risque de lasser le spectateur. Ce n’est que petit à petit, sans qu’on s’en rende réellement compte, que Répulsion révèle son étrangeté. Et c’est justement parce que ce début était tellement anodin qu’on est surpris par ces détails apparemment insignifiants mais qui apparaissent finalement tellement effrayants par la suite.
L’ambiance sonore est ici capitale pour rendre compte de l’atmosphère oppressante du film : la sonnerie d’un téléphone, un robinet qui fuit, une mouche qui vole sont autant d’éléments qui agacent et qui mettent brillamment en condition pour les images qui vont suivre. De même, l’intérêt de Répulsion tient à ces images excellemment cadrées par un Roman Polanski déjà maître de sa caméra : un gros plan sur un œil, une carcasse de lapin qui pourrit peu à peu, des failles dans les murs de l’appartement vont fortement influer sur la psyché de Carole.
Car c’est bien elle dont il s’agit durant tout le film, incarnée parfaitement par Catherine Deneuve. On ne peut définitivement pas juger la carrière de l’actrice sans évoquer ces premières prestations qui, à l’instar de Belle de jour, la montrent sous un jour tout à fait différent de ses futures rôles. Elle se montre, dans Répulsion, à la fois fragile et inquiétante en jeune femme timide et maniaque, enfermée dans son propre monde et qui subit de plein fouet un environnement qui la terrifie.
Et c’est tout le talent de Roman Polanski que de ne pas expliciter le déséquilibre de son héroïne. Mise à part la toute fin de Répulsion (à étudier avec attention tant elle remet en cause finalement pas mal de choses), le réalisateur s’en tient aux psychoses graduelles qui vont petit à petit conduire Carole à commettre des actes irréparables. Elle peut-être vue alors à la fois comme la victime et le bourreau d’un monde oppressant et violent, une femme qui n’est pas à sa place et qui pourtant a l’air tellement normale. Comme le répétera Polanski quelques années plus tard avec Le locataire, méfiez-vous de vos tranquilles voisins.