Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (2000) Jean-Pierre Jeunet
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Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (2000) Jean-Pierre Jeunet
Dans le bonheur d’autrui, je cherche mon bonheur
Après Alien, la résurrection, Jean-Pierre Jeunet voulait faire un « petit film » avec ses copains. Résultat des courses : Le fabuleux destin d’Amélie Poulain a accumulé plus de 9 millions d’entrées en salles, puis est devenu l'un des plus gros succès international d'un film français en langue française, et rafla en 2002 les César du meilleur film et du meilleur réalisateur. Jeunet, à qui l’on doit également Délicatessen et La cité des enfants perdus, ne s’en est pas remis : s’il rebondit sur ce succès avec Un long dimanche de fiançailles, la suite de sa carrière sera moins flamboyante. Et plus encore que ces chiffres, le phénomène Amélie se ressent dès la sortie des salles où l'on a pu voir des hordes de spectateurs au sourire béat. Et c’est sans compter l’influence qu’aura le film, où de l’univers de la publicité à la littérature et à la musique, nombreux sont celles et ceux qui rendront hommage à Amélie.
Le début
Quand elle était petite, Amélie Poulain restait seule pour la simple raison que son père, un docteur peu bavard, lui avait, à tort, diagnostiqué une maladie du cœur. Il ne la touchait que lorsqu’il l’examinait, ce qui faisait battre le pouls de la petite fille plus fort à ces moments-là. Sa mère était complètement névrosée et mourut écrasée par la chute d’une touriste qui s’était suicidée en tombant du haut de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sans qu'Amélie ne soit assez grande pour apprendre à la connaître. Le père, dévasté, se lança corps et âme dans une entreprise sans fin, celle de construire un mausolée pour son épouse. Amélie se réfugia dans son imagination, et devint à l’âge adulte serveuse dans un café situé à Montmartre. C’est une ancienne artiste de cirque qui tient alors l’établissement, où se côtoient des clients et des employés aux personnalités exubérantes.
Analyse
Si l’on résume Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, on se retrouve avec une succession de bons moments, à l’image de La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, de Philippe Delerm. Prenant le même parti que son court-métrage Foutaises, qui est au passage remarquable, et disponible aisément sur Internet, Jean-Pierre Jeunet fait débuter son film par des « j’aime / j’aime pas » astucieux pour mettre en scène ses personnages. Combinés à une esthétique très particulière, que l’on lui reprochera parfois mais qui est assurément marquante, et à un humour décalé et poétique qui rappellerait presque les œuvres de Sempé, cette première partie est franchement réjouissante. On entre dans le film avec plaisir, et l’on se sent à l’aise dans un univers certes naïf, mais débarrassé du second degré éternel ou de la sempiternelle morosité ambiante.
Après un début aussi tonitruant, il faut avoir du talent pour pouvoir tenir la route sur deux heures, surtout avec un « pitch » aussi concis qu’une jeune femme qui veut faire le bien autour d’elle. Grâce à des personnages irrésistibles, que ce soient la magnifique Isabelle Nanty en buraliste hypocondriaque ou bien Mathieu Kassovitz à son meilleur en marginal lunaire terriblement attachant, et à des scènes très drôles comme le poisson rouge neurasthénique ou le parcours fléché dans le quartier du Sacré-Cœur, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain s’en sort très bien sans véritablement développer une narration très élaborée. En fait ce qu’on aime c’est le conte de fées qui nous est volontairement présenté : oui, Paris y est sublimé, oui tout le monde il est beau tout le monde il est gentil (sauf bien sûr Colignon, tête de …), mais cela ne doit pas non plus de facto discréditer le long-métrage.
Exercice de style à ne pas prendre au sérieux, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain donne la pêche, fait sourire, émeut, et le fait bien. Que demande le peuple, ou si, peut-être peut-on considérer que le personnage même d’Amélie est un peu trop lisse. Chacun peut ainsi rêver d’une Amélie Poulain qui se prendrait parfois pour Lisbeth Salander, écoutant du heavy métal à fond les ballons de temps en temps, et on peut avouer que ça serait plutôt marrant. En attendant, régalons-nous devant les couleurs chatoyantes, volontairement exagérées, pour lesquelles Jean-Pierre Jeunet peut remercier son chef-opérateur, l’excellent Bruno Delbonnel. Profitons aussi encore un peu de cette superbe bande originale composée par Yann Tiersen, écoutons Les jours tristes, en version musicale ou avec ses paroles qui, quand on les écoute attentivement, collent tellement avec le film, et font tellement de bien.