Akoibon (2004) Édouard Baer
Auf Panodyssey kannst du bis zu 10 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 9 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
Akoibon (2004) Édouard Baer
Délire parodique sur fond de mise en abyme cinématographique
On retrouve dans Akoibon de nombreux acteurs déjà présents dans le premier film d’Édouard Baer, La Bostella. Ils faisaient tous partie du mythique Centre de visionnage de l'émission Nulle part ailleurs sur la chaîne Canal plus "dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire", programme culte qui sévit entre 1997 et 1999 dans l’émission alors présentée par Guillaume Durand. Il fait de plus référence dans le titre de son film à la chanson écrite par Serge Gainsbourg, L’aquoiboniste, et qui résume assez bien l’esprit du réalisateur : « un faiseur de plaisantristes qui dit toujours À quoi bon, à quoi bon… ».
Vendeur à la sauvette, avec son ami Christophe Nader se fait attraper par des malfrats qui l’emmène voir la mafieuse Madame Paule. Celle-ci garde captif son ami et lui promet de le libérer si Nader parvient à lui livrer Chris Barnes, patron d’un hôtel situé sur l’île Santa Esmeralda. Sur le bateau qui l’y emmène, Nader fait la connaissance de Daniel, un quarantenaire qui a abandonné femme et enfants à la naissance du dernier. Il part rejoindre une jeune femme qu’il a rencontré sur Internet et qui habite dans l’île de Chris Barnes. Flippés tous les deux, ils décident d’échanger leur identité arrivés sur la terre ferme, tandis que sur le même bateau voyagent un couple de touristes décidés à passer du bon temps.
L‘univers loufoque si particulier de son auteur se retrouve complètement dans Akoibon. La réaction est immédiate et on peut aussi bien adhérer totalement ou rester de marbre mais c’est un humour qui ne laisse pas indifférent. Basé sur l’absurde, le grand n’importe quoi et un côté surréaliste qui ne manque pas de charme, le film est un peu sans queue ni tête, il faut bien le dire. Il part même dans le dernier tiers sur une mise en abîme déjantée de lui-même, les personnages se lançant dans un exercice de funambule cinématographique assez impressionnant.
Le scénario, qui a l’air de tenir la route au début, se délite complètement et nous emmène dans un joyeux bordel assez jouissif. Dès le début d‘Akoibon on peut sentir cette atmosphère si particulière qui nous fait comprendre qu‘on est dans l’univers propre de son réalisateur. Peuplé de personnages aux identités fortes et qui en jouent, le film nous fait ainsi côtoyer un narrateur qui s’auto-parodie, un guide touristique incompétent, un homme de ménage un peu louche, on en passe et des meilleurs.
Les interprètes d'Akoibon s’éclatent complètement et se lâchent : Jean Rochefort est absolument magnifique en maître des lieux mégalomane, Chiara Mastroianni est charmante et désinvolte, sans compter les fidèles de la Bande à Baer, comme les excellents Francis Van Litsenborgh ou Gilles Gaston-Dreyfus. Le film est à l’image d’Édouard Baer, un dandy décalé qui se fiche de tout mais avec élégance : on entre dans son univers ou pas, mais quand on se laisse embarquer c’est un pur bonheur.