Reservoir dogs (1992) Quentin Tarantino
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Reservoir dogs (1992) Quentin Tarantino
La violente chorégraphie des gangsters déchus
Parlons un peu d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Quentin Tarantino, en ce temps là, faisait du cinéma et non du marketing. D’ailleurs si la filmographie du réalisateur était un repas, Reservoir dogs serait une délicieuse mise en bouche, Pulp fiction un plat de résistance copieux, Jackie Brown un dessert savoureux et Kill Bill (Part one) un bon petit digestif. Le reste, jusqu'à ses plus récentes productions, est beaucoup plus indigeste, malgré quelques irruptions de génie dans la mise en scène. C'est dommage parce qu’avec ce premier film le réalisateur entrait, avec, en particulier pour les dialogues, son comparse Roger Avary, très brillamment dans la cour des grands. Présenté au festival du film de Sundance, le long-métrage aura l'honneur de figurer hors-compétition au festival de Cannes
Le début
Un groupe de huit potes, dont six ont des pseudonymes colorés, est attablé dans un restaurant pour manger leur petit déjeuner en discutant à bâtons rompus de sujets tels que la musique. Puis, dans une voiture, Mr White conduit un Mr Orange sanguinolant qui vient de se faire tirer une balle dans le ventre. On apprendra plus tard de quelle façon c’est arrivé. Pour l’heure nos deux compères arrivent dans un hangar vide et désaffecté. C’est là que devaient se rejoindre les six braqueurs si le casse d'un diamantaire s’était bien déroulé. Mais ils ne sont bientôt plus que quatre, puisqu'ils sont rejoints par Mr Pink, qui est parvenu à prendre avec lui le butin, et que plus tard Mr Blonde va arriver. Et si les deux autres n’arrivent pas, Mr Orange pourrait bien passer l’arme à gauche, dans une ambiance où tout le monde suspecte tout le monde d'avoir appelé la police.
Analyse
La petite introduction de Reservoir dogs est toute tarantinesque, et qui a vu cette scène n’écoutera plus jamais Like a virgin de la même façon. Puis le film enchaîne sur un « extérieur jour », où Mr Orange gît inconscient sur des marches d’escalier. Un flic est assis sur une chaise, ligoté, Mr Blonde se dirige vers la radio, et quand il l’allume les premières notes de Stuck in the middle with you retentissent dans le hangar. Mr Blonde nous gratifie alors d’une chorégraphie digne de celle d’Uma Thurman sur Girl, you’ll be a woman soon. Il prend alors un rasoir, fait mine de se raser et se dirige vers le flic qui commence à flipper. Après l’avoir bâillonné, il dirige lentement la lame du rasoir vers son oreille. La caméra glisse habilement hors-champ et lorsqu’elle se braque sur Mr Blonde, celui-ci brandit fièrement l’oreille du flic comme un trophée.
Ainsi la mise en scène de Quentin Tarantino est-elle dans Reservoir dogs d’une insolente virtuosité pour un premier long-métrage. Le cinéphage a indubitablement digéré tous les films qui l’ont fait vibrer et si références il y a, et il y en a pléthore, la plus flagrante étant Stanley Kubrick à travers L’ultime Razzia, celles ci ne sont pas lourdes comme pourront en être d’autres par la suite. Le scénario est un petit bijou d’ingéniosité, faisant passer le huis-clos imposé comme une lettre à la poste grâce à des flash-back non seulement utiles mais aussi drôles et futiles. Les dialogues frisent la perfection et donnent au film une dose d’humour essentielle et un cachet inimitable. Loin de grever le long-métrage comme dans l’horripilant Death proof, ils sont au contraire nécessaires et indispensables à la création de cette ambiance issue de nulle part.
Mais Reservoir dogs ne serait rien ou si peu s’il n’avait pas ce casting de choc dont, comme dans la plupart des films de Quentin Tarantino, peu de long-métrages, fussent-ils de la grande époque d’Hollywood, peuvent se réclamer. Tim Roth est fabuleux en gangster agonisant, Michael Madsen jubilatoire en chien fou qui ne sait pas se maîtriser, Steve Buscemi hilarant en gangster qui flippe sa race malgré lui, et Harvey Keitel, c’est la classe ce mec. Sinon what else ? Ah oui, on n'oublie pas la bande originale, parfaite compilation de standards du rock des années soixante-dix plus ou moins oubliés, tels, outre le standard susnommé des Stealers Wheel, quelques titre de Bedlam. Ces éléments indispensables deviendront les marques de fabrique d’un des réalisateurs les plus géniaux de la dernière décennie du vingtième siècle.