Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) Clint Eastwood
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Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) Clint Eastwood
Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère…
Prononcez tout d’abord doucement le titre, en version originale qui plus est : Midnight in the garden of Good and Evil. Un régal pour l’oreille et tout un programme en perspective. Nous sommes à la fin des années 1990 et Clint Eastwood est en plein dans sa période polars : après Les pleins pouvoirs et avant Jugé coupable, le réalisateur ne se met cette fois pas en scène mais laisse le rôle du détective, ici amateur, à John Cusack. Cela dit Minuit dans le jardin du Bien et du Mal diffère pas mal des deux films sus-cités, même s’il est lui aussi adapté d’un roman, en l’occurrence celui de John Berendt, puisqu’il repose avant tout sur l’ambiance de la petite ville de Savannah, en Géorgie.
John Kelso doit faire le compte rendu, pour le magazine Town and Country, d’une fête huppée donnée chaque année dans la ville géorgienne de Savannah par le richissime antiquaire John Williams. À son arrivée, l’avocat du notable lui demande de signer un accord de confidentialité, ce qu’il refuse, à l’agréable surprise de Williams. Ils se promènent dans son parc, où Kelso rencontre monsieur Glover et Patrick, son chien fantôme. Williams propose à Kelso d’assister à une soirée de célibataires avant la fête sans la couvrir de façon journalistique, ce que le jeune homme refuse. Durant la nuit, il est réveillé par une jeune femme, Mandy, qui vient lui demander des glaçons.
C’est à un polar à ambiance que nous convie donc Clint Eastwood dans Minuit dans le jardin du Bien et du Mal. L’héroïne du film est bien Savannah, où cohabitent des personnages hauts en couleurs : un intrigant millionnaire aux mœurs dissolues, un transsexuel au charme vénéneux ou une prêtresse vaudoue énigmatique. Les protagonistes de cette intrigue ne manquent pas d’allure, et le jeune blanc-bec John Kelso fait bien pâle figure, tout comme, il faut bien en convenir même si c’est un bon acteur, son interprète John Cusack. Le début du film, qui nous présente la ville par le prisme de ce nouvel arrivant, annonce du reste la couleur : c’est bien sur elle que veut s’attarder Eastwood.
Comme tous les films à procès, Minuit dans le jardin du Bien et du Mal traîne parfois en longueur et accumule les scènes de plaidoirie qu’on aurait volontiers supprimées au montage. Malgré tout, on assiste par ce biais à la fine description d’une société riche et oisive qui cumule pas mal de tares. Non contents d’être quasiment tous homophobes, les charmants habitants de cette petite communauté du sud des États-Unis se révèlent bien souvent lâches et hypocrites. Clint Eastwood parvient toutefois à ne pas sombrer dans la critique vaine et stérile, mais tisse un propos très pertinent sur la vérité et les mensonges qui subsistent chez tout un chacun.
Bien malin qui pourra dire au final quel est le coupable, si tant est qu’il faille y en avoir un. Dans ce petit jeu machiavélique, Kevin Spacey s’en tire à merveille avec un rôle taillé sur-mesure (et avec le recul on se dit que c'était assez culotté), où il prend un malin plaisir à s’auto-parodier. Jude Law est quant à lui toujours aussi sexy, tandis que les amateurs découvriront Alison Eastwood et son joli minois dans un de ses premiers grands rôles. Ainsi Minuit dans le jardin du Bien et du Mal est-il un film plaisant qui nous montre une ville sudiste bien ancrée dans ses traditions. Ce n’est peut-être pas le meilleur film de son réalisateur mais il figure en très bonne place dans sa filmographie.