Le cas Richard Jewell (2020) Clint Eastwood
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Le cas Richard Jewell (2020) Clint Eastwood
Chemin de croix médiatique et traque policière injustifiée
Le rapport qu’entretient Clint Eastwood avec des personnages ayant existé ne date pas d’hier. Dans les années 1980, Honkytonk Man dressait le portrait d’un guitariste de country inspiré par Jimmie Rodgers, puis il s'attèlait avec Bird à la biographie de Charlie Parker. Durant la décennie suivante sortent Chasseur blanc, cœur noir, librement inspiré par John Huston, ou bien Minuit dans le jardin du bien et du mal, qui adapte un livre lui-même inspiré par la vie de James Arthur Williams. Tout ceci s’intensifie à partir des années 2000, où Eastwood évoque en vrac F.X. Toole, John Bradley, Christine Collins ou bien Francois Pienaar. On continue avec les années 2010, où l’on peut croiser dans la filmographie du réalisateur J. Edgar Hoover, The Four Seasons, Chris Kyle, Chesley Sullenberger, Anthony Sadler et Leo Sharp. Avec Le cas Richard Jewell, il s’intéresse au destin de cet agent de sécurité accusé à tort de l’attentat qui s’est déroulé au Parc du Centenaire.d’Atlanta en 1996.
Le début
En 1984, Richard Jewell travaille dans le service des fournitures d’une société d’avocats. Très consciencieux, il se fait remarquer par Watson Bryant, qui apprécie le fait que Richard lui remplisse régulièrement son tiroir de confiseries dont il est particulièrement friand. Ils se retrouvent un jour, à l’heure du déjeuner, dans une salle de jeux vidéos et Richard lui fait part de sa volonté de s’enrôler parmi les forces de l’ordre, une institution qu'il admire depuis très longtemps. Quelques années plus tard, il se retrouve agent de sécurité dans un campus universitaire, où il mène la vie dure aux étudiants. Le doyen le convoque afin de le réprimander, suite aux diverses plaintes de zèle reçues contre lui. Il se défend de façon tellement maladroite, restant droit dans ses bottes, qu’il se fait licencier. Suite aux conseils d’un de ses amis, il parvient par la suite à se faire engager dans l’équipe de sécurité des Jeux olympiques d'été qui se déroulent cette année-là à Atlanta.
Analyse
L’affiche du Cas Richard Jewell mentionne une histoire édifiante, et le film semble avoir pour vertu de nous instruire sur la trajectoire d’un homme ayant vécu des événements tragiques, à la fois pour les États-Unis et pour lui-même. Le discours de Clint Eastwood est à charge, et présente les faits tels qu’ils se sont a priori déroulés, mais avec le seul point de vue de Richard Jewell. Ainsi le long-métrage nous enseigne-t-il non seulement sur des faits qui ont été à la une des médias durant une période, mais qu’on a pu oublier, mais il insiste sur les à-côté de l’histoire, et les implications qu’elle a pu avoir sur la destinée du protagoniste et de ses proches. Le traitement scénaristique, et les parti-pris de mise en scène, n’y vont pas de main morte, et l'on se retrouve à de nombreuses reprises embarrassé par des séquences qui reviennent au ralenti sur l’attentat ou qui relatent la conférence de presse organisée par l’avocat de Richard, où sa mère déclare avec moult trémolos combien sa vie a été dévastée par cette affaire.
Le spectateur se trouve ainsi partagé, devant Le cas Richard Jewell, où l’on retrouve le pire et le meilleur des palettes de réalisateur de Clint Eastwood. Car si l’on peut voir ces moments très gênants, et qui ne sont pas nouveaux dans la carrière récente du réalisateur, celui-ci peut aussi exceller dans la finesse à retranscrire des états d’âme. Ici, la personnalité complexe de ce Richard Jewell est assez bien fouillée, lui qui accumule tout un arsenal d’armes à feu tout en parvenant à nous convaincre du bien-fondé et de la pureté de ses intentions. Le réalisateur peut tout aussi bien analyser de façon très délicate les émotions, comme il l’a prouvé dans Sur la route de Madison, et c'est esquissé ici à certains rares moments où la relation naissante entre Watson Bryant et Nadya Light prend de l’ampleur. Apparaît également son talent pur de metteur en scène, notamment dans cette idée fabuleuse qui met en parallèle le 200 mètres de Michael Johnson avec l’enquête de l’avocat de Richard.
Dans le fond, Le cas Richard Jewell fait partie de ces films qui mettent en scène, dans le bon comme dans le mauvais sens, la société américaine. Dès le début, où l’on peut voir lors d’une des scènes inaugurales la mère du héros, incarnée par une Kathy Bates très en forme dans le genre « performance pour les Oscars », sort du four une american pie, le cadre est posé. Tout dans le long-métrage fleure bien les caractéristiques, voire les caricatures que l’on peut attribuer au pays de l’Oncle Sam. Le patriotisme y est exacerbé, les relations troubles sur la détention d’arme à feu et la position de la NRA sont évoqués. Le personnage même de Richard Jewell, avec son rapport à l’autorité et à la nourriture, que ces éléments soient véridiques ou pas, participent à cette atmosphère où l’Amérique, toute-puissante et en même temps vacillante, se regarde le nombril. C’est à la fois fascinant et rebutant, en tout cas c’est un jalon de plus dans l’analyse de la complexité de Clint Eastwood lui-même.