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Le baron de l'écluse (1960) Jean Delannoy

Le baron de l'écluse (1960) Jean Delannoy

Veröffentlicht am 24, März, 2022 Aktualisiert am 24, März, 2022 Kultur
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Le baron de l'écluse (1960) Jean Delannoy

Vous avez dit « cinéma de papa » ?

Le réalisateur Jean Delannoy a subit les plus vives critiques de la part des critiques et futurs metteurs en scène de la nouvelle vague. Ils lui reprochaient son académisme et son regard trop froid sur les personnages et les situations. À en voir Le baron de l’écluse, franchement, on peut le comprendre. Nous sommes au début des années 1960 et le réalisateur vient de réaliser deux Maigret, incarnés par Jean Gabin, d'un classicisme sans faille, et qui alimentent alors le qualificatif de  « qualité française » qui lui colle à la peau. Il adapte ici une fois de plus Georges Simenon, avec l'aide de Maurice Druon et de Michel Audiard. Si ce name droppring de « vieux de la vieille » peut en faire rêver certains, on peut aussi envisager le fait qu'au même moment François Truffaut sortait Les 400 coups, et Jean-Luc Godard À bout de souffle, soit une autre idée de la modernité.

Le début

Vétéran de la Première guerre mondiale, Jérôme Napoléon Antoine est un baron qui mène grand train dans des hôtels de lxe alors qu'il n'a plus un sou. C'est grâce à ses amis qu'il peut se permettre de jouer au casino, où il raffle le pactole au nez et à la barbe d'un milliardaire, puis d'un marquis, qui se voit obligé de lui céder son yacht. Il le récupère à Rotterdam avec Perle, une belle femme qu'il vient de séduire, et décide de se rendre à Monaco, mais il se voit contraint de rester dans une écluse, n'ayant plus de quoi continuer son chemin. Les deux amants en viennent vite à se disputer, et Perle se résoud à accoster, rencontrant dans un restaurant un homme d'affaire ayant bâti sa richesse dans les spiritueux. Elle accepte sa demande en mariage, et de son côté Jérôme séduit la tenancière d'un bar, qui répond à ses avances.

Analyse

Certes la critique a sans doute été exagérée envers les « anciens » mais il faut voir les circonstances : nous sommes au tout début des années 1960, une timide vague de contestation commence à peine à sourdre et de nombreux cinéastes en ont marre de tous ces artifices qui engoncent le cinéma français dans un carcan. Les tournages ne se font alors quasiment qu'en studios et avec de lourds équipements, les actrices et les acteurs de l'époque, tout comme les réalisateurs, manquent singulièrement de fraîcheur.  Dans ce contexte, Jean Delannoy nous propose avec Le baron de l'écluse un film d’une facture ultra-classique mettant en scène deux stars de l’époque, Jean Gabin et Micheline Presle, avec une histoire franchement nunuche. Difficile de faire plus convenu, et l'on a du mal à penser que la jeunesse d'alors, encore moins d'aujourd'hui, puisse s'attacher à une telle narration.

Tout n’est pas à jeter bien sûr dans Le baron de l'écluse, notamment les dialogues de Michel Audiard, qui sont toutefois, il faut tout de même l'avouer, beaucoup moins percutants que dans ses autres collaborations cinématographiqes. On sourit vaguement en voyant ce personnage de baron un peu caricatural mais amusant. Jean Gabin en fait quand même des tonnes dans la parodie de son propre personnage public, et certes le public en redemandait mais ça devenait à certains moments, comme ici, beaucoup trop poussif. Et on est doucement amusé par le personnage de cette croqueuse d’homme frivole, incarnée par une Micheline Presle dont on sent tout de même un peu qu'elle cachetonne. Sans compter que l'on peut regretter un final beaucoup trop convenu, dont on sent qu'il n'est là que pour satisfaire les financeurs du projet.

On a qui plus est droit avec ce Baron de l'écluse à une vision franchouillarde, et très datée, d'une petite bourgade de France profonde, avec son café du coin et ses personnages typés, on s'attend à voir des baguettes et des bérêts. De plus, l'une histoire est franchement cousue de fils blancs, elle reste gentiment divertissante mais est complètement superficielle et les sujets abordés ne sont jamais approfondis. Pas de quoi s’extasier sur ce petit objet cinématographique qui ne fait pas de vague mais bon, ça fait quand même un sympathique petit divertissement des familles, qu'on imagine très bien dans une grille des programmes télévisuels diffusé un dimanche soir. La réalisation, sans grande inovation, est assez propre pour se révéler assez bien maîtrisée, ses auteurs ayant assez d'expérience en la matière pour s'appliquer. Mais disons le franchement, on l'oublie très vite après l’avoir vu.

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