

Un traître parmi nous
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Un traître parmi nous
Putain de mission. Je détestais ce froid. Quelle que soit la combinaison que je revêtais, le résultat était toujours le même : j'étais complétement gelé ! Avec le temps, mon corps supportait de moins en moins ces conneries, me rappelant que ma place n'était plus sur le terrain. Que je devais accepter mon âge et faire comme les autres, prendre un poste plus tranquille. Derrière un bureau, bien au chaud. Mais je n'arrivais pas à m'y résoudre. J'avais besoin de bouger. J'avais besoin d'action. De ce shoot d'adrénaline avant un raid ou un combat. Je préférai crever avec mes hommes que de m'enterrer sous la paperasse. Je préférai crever sur une planète étrangère que de ressembler, un jour, à mon paternel.
— [grésillement] Chef ! Il y a personne, ici. [grésillement]
— Bien compris, Nick. Merci. On continue à avancer.
— [grésillement] Ok, chef. [grésillement]
Il y avait un problème. TX430 était connu dans notre système pour ses galeries et ses grottes abritant les marchés noirs et surtout offrant refuge à bon nombre de rebelles. Que nos radars ne repèrent aucun signe de vie n'était pas normal. Quelque chose devait perturber notre matériel, car je refusais d'envisager l'autre solution : un traître parmi mes hommes.
Cette idée me rongeait les tripes depuis quelques mois, déjà. Je n'avais rien dit à mes supérieurs. Pas tant que je n'avais aucune preuve. Ce n'était qu'une intuition. Un mauvais pressentiment qui me tenait éveillé bien trop souvent. Je connaissais personnellement chacun des membres de mon équipe. Ils étaient comme des frères, pour moi. Je leur ai confié ma vie plus d'une fois, alors il m'était impensable que l'un d'entre eux puisse nous la faire à l'envers. Il devait y avoir une explication. Il y en a toujours une...
— [grésillement] Y a rien sur cette congère de merde, Dom. On devrait faire demi-tour... [grésillement]
— Le dernier signal enregistré a été localisé à quelques kilomètres à l'ouest de notre position. On continue, Xavier. C'est un ordre. Tu bouges ton cul et tu avances.
Xavier me fit un doigt d'honneur et prit la tête de l'équipe en râlant. C'était de plus en plus fréquent ces temps-ci : il remettait mon autorité en question sans arrêt. Et cette humeur massacrante... Le changement avait été progressif et je n'avais rien vu au début. Quelques colères. Ses beuveries exceptionnelles devenant peu à peu courantes et mauvaises. Son attitude cool peu à peu insolente et irrespectueuse. Même son sourire autrefois espiègle avait laissé place à un rictus méprisant et narquois. Est-ce que ça faisait de lui un traître ? Non.
La vie avait été une sacrée garce avec lui. Tous deux orphelins, on avait grandi dans le système, mais je m'en étais mieux sorti que lui. Sa carrure fluette faisait de lui une proie facile. Et même si je l'avais protégé un paquet de fois, je n'ai pas plus lui éviter tous les coups. En particulier, les soirs et les nuits, quand nous étions séparés. Il n'a jamais voulu me l'avouer, mais je savais ce qui se passait dans sa dernière famille d'accueil. Il ne parvenait jamais à cacher les marques. J'ai toujours pensé que c'était pour cette raison qu'il s'était engagé : pour ne plus être une victime. Il avait tant de colère en lui, une rage qu'il dissimulait si aisément derrière cette attitude de charmeur. Jusqu'à Lucie. Elle l'avait apaisé comme personne d'autre avant, et il semblait réellement épanoui. Il avait même prévu de faire sa demande et de prendre sa retraite, mais il n'en avait pas eu le temps. Un putain d'accident de voiture lui avait arraché sa seule raison de vivre. À l'époque, j'étais convaincu qu'il allait raccrocher et s'exiler. Vivre en ermite. Je ne pouvais pas plus me tromper.
— [grésillement] Du mouvement droit devant. [grésillement]
— Ok, les gars ! On tire et on pose les questions après. On joue pas les héros. Compris ?
— [grésillement] Oui, chef ! [grésillement]
— Xavier ?
— [grésillement] Oui, chef... [grésillement]
Des ombres sortirent de la montagne et nous attaquèrent avant que l'on ne puisse réagir. Des créatures aux dents et aux griffes acérées qui déchiquetaient nos armures sans la moindre difficulté. Nick tomba le premier, son sang souillant la neige autour de lui. Nos armes étaient sans effet. Pas même une égratignure.
— Repli, tous. On retourne au vaisseau. Vite.
Je crachais mes ordres tout en me battant contre un de ces monstres. Deux de mes hommes étaient morts, trois autres dans un état déplorable. Putain de boucherie. J'étais dans une colère noire. Sans réfléchir, je saisis la mâchoire de la bête devant moi et lui arrachai avant de la jeter au loin. L'animal tomba dans un dernier hurlement de douleur et les autres se figèrent aussitôt. Je repoussai le corps sans vie de mon adversaire et me préparai à affronter le prochain, mais aucun ne vint vers moi. Ils s'enfuirent tous, laissant la dépouille de leur chef à mes pieds.
— Ok, on ne laisse personne. Go !
J'aidai mes hommes. Xavier était gravement blessé. Une vilaine entaille sur la poitrine qui suintait salement. Merde. Je passai un de ses bras autour de mon cou pour supporter un maximum de son poids alors qu'on avançait péniblement sous le blizzard.
— [grésillement] ... tu dois protéger tes arrières... ils viennent pour toi, Dom... [grésillement]
— Garde tes forces. Je t'interdis de crever, Xav !
Il soupira, mais ne dit rien de plus pendant le trajet vers le vaisseau. Nous étions épuisés, mais déterminés à rentrer chez nous. J'allais confronter. Lui faire cracher le morceau et le sortir de cette impasse. S'il était le traître, je ferais mon possible pour étouffer l'affaire et lui permettre de commencer une autre vie ailleurs.
— On y est. Tiens le coup !
L'équipe médicale prit le relais dès notre arrivée. Xavier, Ash et Des étaient dans le coma à cause de l'hypothermie et de la perte de sang abondante. Nick et Rider avaient été envoyés dans des caissons de restauration. Les docs espéraient que le froid intense avait conservé leur cerveau et que l'on pourrait relancer leur cœur sans séquelle. Les autres membres de mon équipe — Flo, John, Cole, Luis et Cho — avaient quelques égratignures, rien de grave. Ils s'en sortiraient.
Après m'être assuré qu'aucun d'eux n'avait besoin de moi, j'attrapai le matériel de détection et une arme pour me rendre au labo. Je devais les analyser moi-même et découvrir ce qui venait de se passer. Pourquoi nous n'avions pas vu venir cette attaque ? Pourquoi nos balles n'avaient aucun effet sur ces créatures ? Je le devais pour mes hommes. Pour Xav.
Texte de L. S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par jrico144 de Pixabay : Soldat Espace Marin Marteau De - Image gratuite sur Pixabay

