

Bienvenue, mon amour !
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Bienvenue, mon amour !
J'ai toujours su que je n'accéderais pas au Paradis. Pas avec la vie que j'ai menée. Et, soyons honnêtes, je n'aurais jamais été en mesure de supporter ces ploucs mièvres dégoulinants de gentillesse. J'aurais très certainement fait un massacre dans cet Éden affable et misérable. C'est dans ma nature. Je suis une créature des ténèbres, entachée de vices en tout genre : meurtres, tortures, luxures... La douleur des autres m'enchante, m'émerveille... M'excite.
Pourtant, en aucune façon, je n'aurais pensé être coincé ici. Dans cet Enfer sombre et vide. Je croyais être condamnée à une vie de damnée, errant sur Terre, tourmentant les vivants. Me délectant de leur peur et de leur souffrance. Au lieu de cela, je découvre une contrée dépourvue de couleurs et de bruit. Un lieu fait d'obsidiennes, de brumes et de charbon, avec une bâtisse aussi misérable que glorieuse. Aussi sordide que confortable. Car les apparences sont bien souvent trompeuses : derrière cette façade sale et délabrée, se cache un véritable trésor de dépravation, relatant à travers des pièces de maître mes exploits d'autrefois.
Alors que je me promène dans le silence de cette terre hostile, un cri retentit. Je me délecte de ce doux bruit qui se répercute sur les parois rocheuses qui m'entourent. Un invité est arrivé. L'excitation d'une nouvelle rencontre provoque un doux frisson le long de mon dos jusque dans le creux de mes reins. Une chaleur inonde ma poitrine et un sourire narquois se dessine sur mes lèvres pulpeuses. Je me hâte. Je dois me préparer pour accueillir mon nouveau jouet.
Ma demeure s'anime. Les lumières s'allument une à une, d'abord au rez-de-chaussée près de l'entrée, puis dans la chambre de mon convive. Ses râles d'agonie résonnent, faisant vibrer l'air d'une énergie enivrante. Je me retire dans mes appartements pour me rendre présentable. J'enlève ma cape pour dévoiler ma longue robe verte émeraude qui met en valeur mes courbes séduisantes. Je retouche mon maquillage — rien de trop ostentatoire, juste du rouge velours sur ma bouche et du noir sur mes paupières — et mon chignon duquel quelques mèches auburn s'étaient échappées lors de ma promenade matinale. Puis, sans un regard dans mon miroir, je m'en vais rencontrer cet inconnu.
D'un pas assuré, je descends les escaliers et me trouve nez à nez avec un adonis au regard ténébreux. Une aura meurtrière se dégage de lui. Des tatouages recouvrent la peau de son cou et de ses mains, disparaissant sous sa chemise noir ébène. Il m'a retrouvée. Après des années à l'entendre, il est enfin devant moi. Sa chevelure, autrefois corbeau, est parsemée d'argent. Des rides marquent ses yeux, lui confèrent un air sage. Mais ses traits sont les mêmes. Anguleux et durs.
— Yeni... souffle-t-il.
Je saute dans ses bras et colle mes lèvres contre les siennes avec force et passion. Notre baiser est une lutte de pouvoir, de domination, un mélange décadent de salive et de sang. Et lorsque enfin je me recule, essouflée mais heureuse, j'enfouis mon nez dans sa poitrine et le respire.
— Bienvenue, mon amour... Bienvenue dans notre paradis.
Texte de L. S. Martins (15 minutes chrono, sans relecture).
Image par Vlad Aivazovsky de Pixabay : Art Foncé Horreur - Photo gratuite sur Pixabay

