Enième chance
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Enième chance
Loïs et moi faisions notre tour habituel des installations en surface. J’aimais ces balades matinales, malgré la chaleur et le vent. Nous étions des privilégiés. Les seuls à avoir la chance de contempler le ciel bleu. Les seuls à pouvoir déserter les souterrains dans lesquels nous avions tous étaient obligés de nous réfugier. Ces galeries puant les égouts… Pourquoi ? Pour l'unique raison que nous sommes devenus des proies faibles et faciles pour tous les nouveaux prédateurs qui ont envahi la surface.
Nous marchions le long de la clôture nord, essayant de comprendre pourquoi nous avions perdu tout contact avec les autres colonies lorsque soudain, le ciel s’est obscurci. L’air était de plus en plus chaud et chargé d’une poussière étouffante. Et, à travers les nuages, est apparue une gigantesque boule rouge. Mars… Des silhouettes se dessinaient devant nous, dans le brouillard, s’approchant dangereusement de nous. Pourtant, nous étions incapables de bouger. Comme hypnotisés par ce spectacle surprenant. Nous ne pouvions qu’observer, attendant qu’ils décident de notre sort.
Ça devait être un nouveau départ pour le genre humain. Une remise à zéro des compteurs. Une sorte de trêve avec notre bonne vieille planète, après les vagues mortelles de multiples virus, après les incendies dévastateurs, après les tsunamis et les tremblements de terre, après les canicules et les hivers glaciaux… Notre punition pour toutes ces années passées à la maltraiter, à la piller, à la dévaster. Mais, de toute évidence, nous ne méritons pas cette énième chance.
Fatigués de cette Terre aride et hostile, nous nous sommes lancés dans la conquête de l’espace. Première cible : Mars, une planète prometteuse. Plusieurs colonies de scientifiques y ont été envoyées pour la préparer. Pour la modeler à notre image, selon nos besoins et nos envies. Mais depuis quelques semaines, nous avons perdus le contact avec eux. Silence radio. Jusqu’à ce matin…
L’Homme était si sûr de lui. Si confiant. Quel idiot ! Nous avons toujours cru que Mars n’était qu’une simple planète alors qu’en réalité c’est un être vivant. Une créature endormie abritant tout un écosystème, vivant en parfaite osmose avec ces milliers d’individus, se protégeant mutuellement. Adonc, lorsque nous avons commencé à l’envahir et à la transformer, ils se sont rebellés. Réveillés. Et, quitte à perturber l’équilibre entier de notre système solaire, ils ont fait le voyage jusqu’à nous afin de nous faire comprendre que nous n’étions que des petites choses insignifiantes qui ne jouissent d'aucun droit, ici comme ailleurs.