Lord Kramos
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Lord Kramos
La demeure de Lord Kramos… Sinistre et terrifiante ! Telle qu’on me l’avait décrite. Et pourtant, il m’était impossible de croire toutes ces atroces légendes. Celles qui qualifiaient Kramos de monstre sanguinaire. Ce ne pouvait être lui…
J’ai rencontré Siruis Kramos dans une tranchée, il y a de cela plusieurs années. Au cours de la guerre contre les Romulis. J’étais blessé… Je me vidais de mon sang. Mes coéquipiers m’avaient laissé crever comme un chien dans ce trou. Seul parmi les cadavres, la merde et les ordures. Mais comment leur en vouloir ? Nous n’étions que des gamins jouant les soldats… Enrôlés dans une bataille que l’on ne comprenait pas.
Lorsque je crus que la mort allait enfin me prendre, je vis le visage de Siruis, couvert de boue et de sang, apparaître devant mes yeux. Il prononça des mots que je ne saisis pas, puis me souleva. Il me transporta sur son dos durant des heures, peut-être des jours. J’avais perdu toute notion du temps, alternant les états de conscience légère et de coma profond.
Et un jour, je me réveillais dans un lit froid. Des bandages sur mes plaies sanglantes, un linge sur mon front chaud et une femme à mon chevet. Lorsqu’elle me vit ouvrir les yeux, elle cria et sortit en courant. Quelques minutes plus tard, elle revint accompagnée de Sirius… Mon sauveur.
Depuis cette sombre époque, nous étions devenus inséparables. Je lui avais même sauvé la vie à deux reprises, annulant ainsi ma dette ! Nous avons fait les quatre cents coups… Jusqu’au jour où nous avons été séparés. Une explosion épouvantable qui détruisit la moitié de la ville. J’avais fouillé les décombres durant des semaines, mais en vain… Siruis avait disparu.
Alors, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’un soir j’entendis ce nom dans la taverne d’un village crasseux. Lord Sirius Kramos. Ce ne pouvait pas être une coïncidence… Un tel nom, ça ne s’invente pas ! Je tendis l’oreille pour écouter les élucubrations de cet ivrogne bavard. Lord Kramos… Monstre sanguinaire… Tueur de vierges… Dévoreur d’enfants. Il avait toujours fait peur… Immense et carré… Le teint basané… Il était différent et pour les idiots, c’est effrayant ! Je souriais intérieurement et me promis de partir à sa recherche aux premières lueurs du jour.
Le lendemain, je pris la route indiquée la veille par cet imbécile ivre. Je marchais pendant des heures avant d’arriver à l’orée d’une forêt épaisse. S’il avait dit vrai, la demeure de Siruis se trouvait au cœur de ce bois sombre.
Sans hésitation, je poursuivais mon chemin à travers la végétation épaisse. L’atmosphère était de plus en plus lugubre. Le chant mélodieux des oiseaux laissa peu à peu la place aux croassements des corbeaux. Les sapins verts disparurent pour laisser apparaître des arbres morts étouffés par des ronces acérées.
Le jour faiblissait lorsque, enfin, j’aperçus l’immense château. Une pointe d’inquiétude m’envahit. Et si je me trompais ? Que ce monstre n’était pas l’homme que j’avais connu ?
Je devais me reprendre ! Hors de questions de me laisser guider par la peur. J’avais parcouru tout ce chemin, ce n’était pas pour faire demi-tour maintenant ! Alors, avec le peu de courage qu’il me restait, j’empruntais le chemin de terre qui me guida à l’entrée. Deux gargouilles surveillaient, de leur perchoir, les aventuriers, comme moi, qui osaient se présenter en ces lieux sans invitation. Mais je ne me laissais pas impressionner.
Je m’approchais de la gigantesque porte en bois massif, bien décidé à rencontrer Lord Kramos. Je n’eus pas le temps de frapper, qu’elle s’ouvrit dans un grincement effroyable. Une brise humide et chargée s’échappa de la demeure.
Ma tête me criait de fuir, mais je ne pouvais l’écouter… Les mains moites et la gorge serrée, je franchis le seuil sans y être réellement invité… Mais qu’étais-je venu faire ici ? Et avant même que je ne puisse faire demi-tour, la porte se claqua m’enfermant dans le noir absolu.
Le souffle coupé par la puanteur et l’angoisse, je sortis mon briquet pour m’éclairer. La faible flamme dansait devant mes yeux, projetant des ombres inquiétantes tout autour de moi. Je m’enfonçais alors dans ce dédale de pierre à la recherche de ma raison ! Des tableaux étranges tapissaient les murs : des portraits lugubres effacés par le temps, des scènes d’exécutions… Bref des œuvres de très mauvais goût, que même les araignées semblaient fuir.
J’aperçus alors une lumière chancelante au fond du couloir. Je m’en approchais prudemment et ce que je découvris me glaça le sang. Face à un autel illuminé par des centaines de bougies noires, le corps d’une jeune femme gisait, sans vie, sur le sol froid. L’ivrogne disait vrai ?
J’entendis un bruit sourd, mais réagis trop tard. Un coup sévère dans le dos me fit tomber et avant que je n’aperçoive mon agresseur un second m’explosa le crâne.
Depuis cet instant tragique, et quelque peu embarrassant je dois bien l’avouer, je hante ces lieux, incapable d’en sortir… Piégeant à mon tour quiconque s’aventure dans ce château maudit. Alors inutile d’essayer de vous enfuir… Vous n’avez aucune chance !
Texte de L.S.Martins
Image par kien virak de Pixabay