

Une légende
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Une légende
Je ne pensais pas avoir la chance — ou peut-être était-ce de la malchance — d'apercevoir un dragon bleu sur les sommets de Dragnar, la montagne maudite. Je croyais cette espèce éteinte depuis des centaines d'années. Depuis la Grande Guerre à l'origine de la destruction de nos terres autrefois si verdoyantes et enchantées. Celle qui a fait de mes ancêtres des parias et de moi une solitaire.
Autrefois, ma famille régnait sur cette contrée. Mon grand-père se délectait à me raconter les histoires de nos aïeux : les batailles qu'ils avaient menées pour protéger leur peuple et la façon dont ils étaient vénérés. Tels des dieux. Pas comme des monstres. Pas comme moi. Mon cœur se serrait d'espoir chaque fois que ses yeux brillaient d'amertume et de tristesse en repensant au passé.
Je n'osais bouger, de peur que le moindre mouvement ne le fasse disparaître. De peur qu'il ne soit qu'un mirage dû à la faim et au manque de sommeil. J'avais quitté ma cachette quelques jours auparavant, ne supportant plus l'air vicié et les souvenirs qui me hantaient. Mon père et mon grand-père n'étaient plus. Ils avaient tous deux péri pour me sauver la vie. Ils s'étaient battus vaillamment contre une horde de créatures sombres et démoniaques, mais nos assaillants étaient bien trop nombreux. Bien trop violents. Ils étaient tombés, pas sans avoir tué bon nombre de nos ennemis.
Le regard vitreux de mon père habitait chacune de mes nuits depuis. Le visage livide de mon grand-père aussi, remplaçant à jamais son sourire lumineux et sa bonté. Je les avais trouvés le lendemain, allongés au sol, leurs corps rongés, éviscérés. Ils avaient été abandonnés là et aucun des membres de ma tribu ne leur avait accordé le respect qu'ils méritaient. Il me fallut toute ma volonté et ma force pour les déplacer, nettoyer leur dépouille et les revêtir de leurs plus beaux atours. Après ça, je rassemblai du bois pour dresser un immense bûcher et les allongeai tous deux au sommet. Puis, alors qu'ils disparaissaient dans les flammes, je restais debout, immobile, les joues inondées de larmes. Je repensais à tous nos moments autour du feu les soirs d'automne, au doux rire de mon père, à la beauté de sa créature...
— Bonjour Kara.
Une voix semblable à mille murmures raisonna dans mon esprit. Elle était empreinte de sagesse avec une pointe de mélancolie.
— Kara, regarde-moi. Je suis Yliad. Ton dragon. Je suis désolée d'avoir mis tant de temps à me révéler à toi...
— Yliad ? Je... je... bégayai-je sous le choc.
J'ai toujours cru n'être qu'une simple humaine, comme ma mère. Que je n'étais pas à la hauteur de l'héritage de ma famille. Une déception...
— Pourquoi te cachais-tu ? soufflai-je entre deux sanglots.
Jamais je ne connaîtrai le bonheur de voler avec les miens. De chasser entourée de mes semblables. J'étais l'unique descendante des Dragonis. Un dragon bleu si rare que tous présumaient que nous étions une légende. Mais je n'étais pas un mythe. J'étais bien réelle et, maintenant que j'étais enfin entière, je tenais enfin ma vengeance. Ma revanche...
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Matthew Richardson de Pixabay : Dragon Art Fantastique Fantaisie - Image gratuite sur Pixabay

