Faïla
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Faïla
Faïla. Enfant des fées élevée par des humains. Jusqu’à ces quinze ans, elle ignorait tout de ses origines, de ses dons. Grâce à un puissant sortilège, sa mémoire était scellée et ses pouvoirs bloqués. Jusqu’à ces quinze ans, elle n’était pas en mesure de comprendre son rôle dans les deux mondes. Car un triste destin pèse sur ses frêles épaules.
Elle n’avait que quelques jours lorsque ses parents décidèrent de la confier à deux normiens (êtres vivants sans magie). Ils n’avaient guère le choix, les chevaliers noirs les poursuivaient. Leurs jours étaient comptés et il était hors de question que leur tendre chérubin tombe entre les mains de ces monstres sanguinaires. Alors, par une nuit de pleine lune, ils franchirent le voile entre les deux royaumes pour se rendre dans un petit village du nom de Gurtimen. Un couple charmant y vivait dans une modeste maison. Un couple qui voulait désespérément un enfant, mais, hélas, le sort en avait décidé autrement.
Les adieux furent déchirants. Sa mère fondit en larmes. Son père aussi. Ils savaient pertinemment que jamais ils ne la reverraient. Que jamais ils ne pourraient la serrer à nouveau dans leurs bras. Car leur sentence avait déjà été prononcée. Peu de temps après leur retour chez eux, les chevaliers noirs ont débarqué et les ont tués sans aucune pitié, eux et toutes les autres fées des alentours, avant d'embraser la forêt. Leurs dernières pensées furent pour leur petite Faïla, en sécurité loin de cette guerre abominable.
Le jour de ses quinze ans, Faïla reçut un étrange cadeau. Dans un coffret fait de feuilles et de bois se trouvait une pierre finement taillée et montée en pendentif. D’apparence normale, elle se mit à briller d’un violet intense lorsque la jeune fille la passa autour de son cou. Elle en était si fière qu’elle ne put s’empêcher de courir remercier ses parents. Mais ce présent ne venait pas d’eux. Sa mère la supplia de l’ôter, sans lui expliquer le danger d’un tel bijou. Et devant le refus de Faïla, confuse et triste, son père le lui arracha.
En pleurs, Faïla courut dans sa chambre pour s’y enfermer. Jamais ses parents n’avaient réagi de la sorte. Jamais ils n’avaient haussé la voix ni même étaient violents. Mais cette fois-ci, c’était différent. Ils avaient compris quel était le but de ce sautoir : révéler la magie qui sommeillait en leur fille. Probablement, un mauvais tour des chevaliers noirs qui avaient fini par retrouver sa trace. Ils ne pouvaient plus la protéger. Il était temps de tout lui avouer.
Après plusieurs heures à discuter, à hurler, à sangloter, Faïla se calma. Devant elle, quelques objets appartenant à une autre vie : une épée, une broche, une couverture et une lettre. Voilà tout ce que ses véritables parents lui avaient légué avant de disparaître à tout jamais. Elle n’osait les toucher, de peur qu’ils ne soient pas réels. Toute cette histoire n’avait aucun sens et, pourtant, elle résonnait en elle. Comme si elle avait toujours su…
Aujourd’hui, elle est prête. Elle sait ce qui l’attend de l’autre côté de cette porte, mais peu importe. Elle ne veut pas y penser. Elle préfère rêver à d’autres jours. À d’autres lieux.
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par gene1970 de Pixabay : Fantaisie Fille Femme - Photo gratuite sur Pixabay