Épisode 63 : Incertitude
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Épisode 63 : Incertitude
Tu es amoureux de ma voix, Siegfried.
Tu te demandes si je suis réelle.
Tu me trouves différente. Unique.
Ce que tu aimes en moi, c'est ma différence. Mon unicité.
Tu trouves que tout en moi t'évoque une sirène.
Tu as même pensé un moment que j'étais vraiment une sirène.
Et penser cela t'a fait peur.
Tout au fond de toi, au plus profond de ton être, tu connais la vérité. Tu sais qui je suis vraiment. Tu sais pourquoi je ne suis pas tout à fait comme les autres.
Mais quelque chose en toi refuse de le savoir.
Quelque chose en toi refuse de l'admettre.
Quelque chose dans ta tête refuse de l'accepter.
Pourquoi, Siegfried ? Pourquoi ?
Pourquoi, alors que tout ce que tu aimes en moi, c'est justement que je ne suis pas comme les autres ?
Alors même que Siegfried la serre de toutes ses forces contre lui et qu'elle repose la tête dans le creux de son épaule, Mélusine se rappelle cette phrase qu'il a prononcée cette nuit quand ils ont abordé le sujet entre deux étreintes : "La sorcellerie, c'est mal".
* * *
Siegfried a abordé le sujet, donc il n'est plus question d'y échapper : qu'en sera-t-il du futur ?...
Ce qui s'est passé la nuit dernière restera-t-il un simple accident ? un avatar de la faiblesse humaine de Siegfried ? une parenthèse unique, un souvenir à chérir, ou alors un motif de remords, et aussi de reproches - mais sans suite ?
Ou bien cela va-t-il changer les choses ?
Siegfried sera-t-il obligé de trouver un autre moyen d'expier sa faute ? quelle qu'elle soit ?
Un autre moyen - mais lequel ?
Tout ce dilemme trouve son origine dans un nom tabou depuis des années : Koerich...
Koerich et une rencontre plus que probable entre Siegfried et le magicien noir. Une rencontre dont Mélusine devine l'existence, mais dont Siegfried refuse obstinément de parler. À qui que ce soit, d'ailleurs. Une rencontre dont il lui reproche déjà d'avoir compris trop de choses, alors qu'en réalité, tout ce qu'elle en sait, c'est ce qu'elle réussit à comprendre par bribes et morceaux...
Mais qu'a-t-il bien pu se passer ce jour-là pour que Siegfried en soit revenu brisé comme il l'était ? Dépouillé, humilié, dégradé, diminué physiquement pendant si longtemps et brisé moralement pendant encore plus longtemps ?... Ce jour-là, sans aucun doute, il a dû se passer quelque chose de grave. De très grave. De suffisamment grave pour lui faire éprouver un remords si intense qu'il s'est senti le besoin de l'expier jusqu'à bouleverser toute leur vie. Et, non, ça ne peut pas être une simple histoire d'infidélité de sa part à lui. Elle a suffisamment tendu l'oreille pendant assez d'années quand les humains autour d'elle parlaient de ce genre d'histoires. Bien sûr, elles sont douloureuses, mais jamais à ce point, pas même pour qui les subit, encore moins pour qui les fait. Et puis, Siegfried sait se battre, et ce jour-là, il était équipé comme pour partir au combat. Même en devant lutter contre plusieurs adversaires, il ne serait pas revenu dans un tel état. Même avec la culpabilité en prime. Non. C'est quelque chose de beaucoup, beaucoup, beaucoup plus fort. Mais quoi ?
Contre qui, contre quoi a-t-il lutté ce jour-là ?
Qui est le magicien noir ? Et que voulait-il ?
Et si ce n'était pas lui, alors de qui s'agit-il ?
Et de quoi ?
Siegfried s'est-il rétabli ? Est-il finalement en train de se relever ?...
Visiblement, il souffre encore...
Ce qui s'est passé hier et cette nuit, est-ce l'ordre des choses qui est en train de se rétablir ? enfin ?... Ou bien est-ce juste une simple péripétie ? un accident de parcours ? le fléchissement temporaire d'une volonté ? ou un répit tout aussi temporaire avant d'affronter à nouveau de dures nécessités ?...
Mélusine n'a pas encore voulu en parler, et elle n'a pas non plus voulu les mettre en avant cette nuit, pas même dans ses gestes, ni dans la tendresse ni dans la passion. Elle a choisi de fermer les yeux pour cette nuit. Elle les a volontairement ignorées. Ce n'était pas le moment d'en parler. Elle l'a bien senti. Mais elle les a bien vues, aussi, cette nuit, les marques des tortures auto-infligées sur le corps de Siegfried. Des traces de coups de fouet, de scarifications, des cicatrices de brûlures. Des marques qui ont vraiment de quoi faire peur. C'est un sujet qu'ils évitent pour le moment tous les deux... aucun des deux n'est encore tout à fait prêt à crever la bulle de leur état de grâce. C'est précieux, un état de grâce, dans une vie. On en a peu, si on en a, et quand on en a, ils sont éphémères.
Mais comment peut-elle l'aider, et comment peut-elle affronter ce qu'il y a à affronter, si elle n'en sait pas plus ? si Siegfried ne parle pas ? si elle ne sait pas contre quoi on se bat ?...
Musique : Ghostly Kisses - Touch
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos