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Épisode 52 : Le feu sous la cendre

Épisode 52 : Le feu sous la cendre

Publié le 30 déc. 2025 Mis à jour le 30 déc. 2025 Conte
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Épisode 52 : Le feu sous la cendre

Quand les doutes viennent, Mélusine les chasse. Les doutes sont un luxe qu'elle ne peut pas se permettre. Même si la raison première qui l'a attirée dans sa vie d'aujourd'hui a cessé d'exister.

Et pourtant, et pourtant... Cette raison première a-t-elle vraiment cessé d'exister autant que Mélusine le croit ?...

Régulièrement, il lui semble pourtant encore sentir le regard de Siegfried peser sur elle. Il n'a cependant jamais rompu son vœu - ou s'il l'a fait, elle n'y était pas - et pendant l'année qui a suivi son rétablissement, elle a classé cette impression dans la catégorie des illusions. D'abord, cela n'arrivait pas souvent. Ensuite, chaque fois que, se croyant observée, elle tournait la tête dans la direction où elle pensait identifier l'observateur, personne ne la regardait. Siegfried était bien là, mais il regardait ailleurs. Et personne d'autre ne faisait attention à elle pour autant. Alors elle en concluait que tout cela n'était que le fruit de son imagination, et elle n'y prêtait plus aucune attention.

Mais avec le temps, cela se produisait plus souvent. Et à chaque fois, comme par hasard, Siegfried se trouvait précisément dans la direction d'où elle croyait sentir que venait un regard. Elle en est arrivée, avec le temps et à force de répétitions, à se demander si c'était vraiment un hasard. Si toutes ces impressions étaient réellement le fruit de son imagination délirante, ou s'il y avait bien autre chose derrière. Jusqu'au jour où elle a réussi à se retourner assez vite pour surprendre Siegfried au moment où il détournait la tête.

Alors elle s'est promenée pendant plusieurs semaines avec un miroir de courtoisie dissimulé dans les replis de ses vêtements en attendant qu'arrive enfin le jour fatidique où ce miroir, ce beau miroir, lui a obtenu la confirmation que son impression... n'était pas qu'une impression...

Le plus dérangeant - à défaut d'être à proprement parler douloureux - dans cette confirmation, c'est que depuis lors, elle ne sait plus très bien quoi en penser. D'un côté, c'est une situation qui l'énerve : si Siegfried, pour une raison ou une autre qui a ou n'a pas à voir avec son comportement, décide de renoncer à elle, d'accord, pourquoi pas, c'est son droit, mais alors qu'il le fasse, carrément, complètement, et qu'il la laisse tranquille. Qu'il la laisse certaine et sereine à ce sujet. Qu'il ne vienne pas l'embêter derrière avec un comportement tout à fait contraire aux décisions qu'il a prises et aux vœux qu'il a faits. S'il doit regarder quelque chose, qu'il regarde ses statues. Et autrement, qu'il s'arrange comme bon lui semble en privé entre ses quatre murs - seul... ou pas.

Certes, elle est bien obligée d'admettre que savoir qu'une autre femme - une des servantes par exemple - l'aurait remplacée dans ses bras et entre ses draps serait bien pour elle un écho de l'affront d'autrefois. Si elle devait découvrir une chose pareille, elle saurait comment jeter métaphoriquement un seau de glace aussi bien sur ses envies à lui que sur ses prétentions à elle, leur ôter à tous les deux toute envie de recommencer et donner un sévère avertissement à toute éventuelle autre amatrice.

Mais à première vue en tout cas, il ne semble pas être dans une telle disposition d'esprit. Son corps n'a plus l'attitude conquérante d'autrefois, et s'il est toujours habillé décemment et maintient un minimum d'hygiène personnelle, il ne cherche pas à plaire ni à attirer l'attention. Sa mise est modeste, ordinaire, sans prétention. Et il garde vis-à-vis de tous et de toutes une attitude réservée. Aujourd'hui, et depuis maintenant plusieurs années, il est devenu humble.

Humble ou humilié ? Est-ce sa conversion à la religiosité qui lui a enseigné la réserve ? Ou est-ce le magicien noir qui lui a enseigné l'humilité ?

Quoi qu'il en soit, le résultat final est le même, et à partir de là, elle a décrété en son for intérieur que savoir si c'était l'un ou l'autre n'était pas son problème. Sans jamais le lui dire en face, bien sûr - mais en a-t-elle vraiment besoin ?

Elle serait sereine à ce sujet et certaine que ce n'est plus d'actualité... s'il n'y avait, de temps en temps, ces regards à la dérobée. Ces regards qui remettent tout en question. Sans aucune raison.

Car c'est bien ça le pire : de tels regards de sa part n'ont plus aucune raison d'être et ne seront de toute façon jamais suivis d'effet, alors à quoi bon ? En est-elle la seule destinataire, ou bien les adresse-t-il aussi à d'autres ? Tout ce qu'elle peut donner comme réponse à cette dernière question, c'est qu'elle ne l'a jamais pris sur le fait. Mais bon, absence de preuve n'est pas preuve d'absence... et il a l'air tout à fait capable de cacher son jeu. Mal, certes - mais ce qu'il a pu faire avec elle en réussissant à l'en faire douter, n'est-il pas capable de le faire également avec d'autres ?...

Sauf qu'elle n'a envie ni d'enquêter, ni de l'encourager. Elle n'a pas envie de remonter sur ce carrousel-là. Sa sérénité d'aujourd'hui a été trop durement et trop douloureusement gagnée, il lui a fallu trop de temps pour y arriver. Il a renoncé ? Il a renoncé. Grand bien lui fasse. Et même si derrière son dos, il lui arrive de craquer, elle n'a pas envie de le savoir et elle préfère encore fermer les yeux. Malgré le ridicule. Elle a trop durement gagné sa sérénité pour vouloir la compromettre.

Elle préfère abriter sa dignité derrière une muraille d'indifférence. Sa dignité... et son cœur aussi. Son cœur, elle le réserve à ses enfants, et sa dignité porte le château - avec tous ses habitants - et les bourgeois de Lucilinburhuc en étendard. Son honneur, ce sont les résultats de sa gestion et ses actions de bienfaisance. Elle préfère se penser trop vieille pour le reste - et surtout pour ses tourments.

Même si de temps en temps, elle doit bien constater que chez Siegfried, le feu couve encore sous la cendre... et n'attend peut-être qu'une petite brise opportune pour pouvoir repartir. Mais elle n'est pas vraiment sûre de vouloir le faire repartir, ce feu-là. Elle s'y est brûlé les nageoires une fois. Ça lui a suffi.


Musique : Helen Jane Long - Embers


Épisode 53 : Manœuvres


Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos

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