Reflets dans un oeil d'or (Reflections in a Golden Eye, John Huston, 1967)
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Reflets dans un oeil d'or (Reflections in a Golden Eye, John Huston, 1967)
L'un des meilleurs films de John Huston. Un décor unique, celui d'une caserne et des maisons d'officiers qui l'entourent. Une ambiance unique, étouffante, moite et irréelle magnifiée par le prisme lumineux du fameux "œil d'or", celui qui révèle les fantasmes cachés derrière l'apparence lisse et feutrée des soirées entre amis, des jeux de carte au coin du feu, des promenades à cheval et de la discipline stricte qui règne dans la caserne.
Il y a quelque chose de "Blue Velvet" dans "Reflets dans un œil d'or". Derrière le rideau des convenances, c'est un festival de désirs frustrés, d'impuissance sexuelle, de pulsions meurtrières, de tromperies, d'obsessions qui ne demandent qu'à s'exprimer. Plus on avance dans le film, plus la tension augmente et plus la pression s'intensifie jusqu'à l'explosion finale. La question de la virilité, symbolisée par le milieu militaire mais aussi par les chevaux y est centrale. La liste des névroses sexuelles est impressionnante: le soldat Williams, voyeur et fétichiste prend du plaisir à chevaucher nu en forêt et à s'introduire dans la chambre de Leonora, la femme du colonel Penderton pour la regarder dormir et renifler ses dessous. Cette dernière est une nymphomane dominatrice qui écrase son mari fétichiste, impuissant et homosexuel refoulé de tout son mépris. Dans les rôles de Leonora et du major Weldon Penderton, Elizabeth Taylor et Marlon Brando n'ont pas volé leur réputation de "monstres sacrés". Ce sont deux bêtes de scène et de sexe qui électrisent tout ce qu'ils touchent. A ces trois personnages centraux qui forment un triangle amoureux incomplet (Williams est attiré par Leonora et Weldon par Williams) il faut ajouter trois autres personnages: le lieutenant-colonel Langdon qui entretient une liaison avec Leonora, sa femme dépressive Alison et le serviteur de cette dernière, l'efféminé Anacleto qui représente tout ce que les militaires ont en horreur. Mettez tous ces personnages dans un huis-clos et vous obtenez un cocktail explosif que Huston parvient à retenir, entretenant une atmosphère délétère, malsaine jusqu'à la toute dernière scène où il lâche sa caméra en même temps que les pulsions de ses personnages.