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Le Prénom (Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, 2012)

Le Prénom (Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, 2012)

Publié le 23 juin 2021 Mis à jour le 23 juin 2021 Culture
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Le Prénom (Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, 2012)

Le Prénom a été mon film préféré de l'année 2012 au sens de celui auquel je me suis le plus attaché. Les qualités d'écriture de la pièce originale (des dialogues incisifs, mordants et qui font souvent mouche), les thèmes abordés (le film commence de façon légère puis s'alourdit en abordant des questions graves et cette double identité est aussi musicale avec deux morceaux récurrents à la tonalité opposée), la précision et la justesse de l'étude des caractères, des relations familiales et amicales et le jeu remarquable des acteurs compensent plus que largement les (supposées) faiblesses de la mise en scène. D'ailleurs pour ce type de film en huis-clos théâtral, sa discrétion est de mise. On peut également souligner que le film fait la part belle au langage non verbal, aux silences, aux sous-entendus et aux non-dits ce qui n'est pas si courant.

Les personnages sont la chair et l'âme du film. Tous admirablement travaillés ils sont beaucoup moins superficiels et caricaturaux qu'ils en ont l'air. En dépit de leurs imperfections, on s'attache à eux car ils sont humains et croqués avec justesse. Leurs relations sont jubilatoires à observer car le film contient une importante part de satire sociale. Ainsi on remarque très vite qu'il y a deux "camps" au sein de la famille Garaud-Larchet. D'une part celui des coqs de basse-cour phallocrates que la pièce renvoie dos à dos par delà leurs différences d'opinion, de culture, de mode de vie. Vincent (Patrick Bruel) l'agent immobilier titulaire d'un BEP, self-made-man bling-bling prêt à polémiquer pour le plaisir de faire des bons mots (et de se payer la tête des autres) et Pierre (Charles Berling), l'intellectuel normalien bobo de gauche avare et snob monopolisent l'écran et la parole durant la première partie du film. Ils instrumentalisent les sujets de société pour le plaisir de se livrer à des joutes oratoires où chacun essaye de prendre le dessus sur l'autre. Pendant ce temps, la femme de Pierre, "Babou" (Valérie Benguigui) qui a perdu son prénom au profit d'un surnom qui en dit long sur la rabotage dont elle fait l'objet fait le service et ferme sa gueule (hormis de ci, de là de petites remarques acerbes à son mari qui montrent qu'elle en a gros sur la patate). Son ami d'enfance, confident et "prolongement féminin/masculin", Claude (Guillaume de Tonquédec), musicien discret à la sexualité mal définie se contente de rester spectateur tout en subissant les petites vacheries des deux autres. Mais au fur et à mesure de l'histoire, ces deux personnages vont passer de l'ombre à la lumière et livrer ce qu'ils ont au fond de leur coeur quitte à renverser la table. Ce n'est pas un hasard s'ils ont droit chacun à un long monologue qui tranche avec les dialogues certes hilarants mais parfaitement creux de Vincent et de Pierre. Ce n'est pas un hasard non plus si Valérie Benguigui et Guillaume de Tonquédec ont reçu chacun le césar du meilleur second rôle pour leur belle performance. Valérie Benguigui qui moins d'un an plus tard disparaissait prématurément. Enfin n'oublions pas Françoise FABIAN qui fait une petite mais déterminante apparition dans le rôle de la mère de Vincent et Babou.

Le Prénom ne se réduit pas cependant à une opposition binaire entre deux phallocrates et leurs souffre-douleurs. Les premiers sont amenés à dévoiler leurs faiblesses et leurs fragilités. Si au début du film Vincent apparaît sûr de lui, arrogant et narcissique, il perd de sa superbe lorsqu'il est victime d'un lynchage en règle (la scène hilarante de la petite moue). Puis il se prend un scud en pleine figure lancé par sa mère à travers Claude qui lorsqu'il ose enfin prendre sa place devient un rival inattendu auprès de toute la gente féminine ("Mais qu'est ce qu'elles lui trouvent toutes à ce mec?") Claude qui représente la part féminine de Vincent résume très bien leur relation: "tu t'es toujours foutu de ma gueule, tu t'es tenu à distance mais tu m'as protégé comme un frère." Vincent se retrouve ainsi empêtré jusqu'au cou dans ce paradoxe alors que les révélations de Babou mettent à mal la virilité de Pierre. Et c'est tout l'édifice familial patriarcal qui vacille lorsque l'homo macho subit un tel démontage en règle.

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