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Eté 85 (François Ozon, 2020)

Eté 85 (François Ozon, 2020)

Publié le 10 mai 2021 Mis à jour le 10 mai 2021 Culture
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Eté 85 (François Ozon, 2020)

"Eté 85" a le mérite de la sobriété. Là où d'autres films surlignent leur ancrage dans les années 80 avec une surenchère d'effets kitsch, François Ozon évite le mauvais goût à l'aide de simples touches discrètes posées ici et là: un tube de The Cure, un autre de Rod Stewart, un clin d'oeil à "La Boum", un grain de pellicule 16mm, des allusions à un contexte socio-culturel quelque peu différent du notre (durée des études, types d'emplois, milieux sociaux et attitude face à la sexualité et plus particulièrement l'homosexualité). Rien de tape à l'oeil si bien qu'il est facile pour les jeunes d'aujourd'hui d'entrer dans la peau de ceux de la génération précédente. C'est habile d'autant que François Ozon adapte une oeuvre qui l'avait marqué dans son adolescence, "Dance on my Grave" d'Aidan Chambers publié en 1982 qui traite de l'un des thèmes favoris du cinéaste: la proximité de l'amour et de la mort. Le teen-movie lumineux se compose en réalité d'une série de fragments rétrospectifs racontés par un adolescent plongé en plein drame. Ce contraste entre un présent très sombre et un passé récent marqué par une parenthèse enchantée et solaire rythme l'ensemble du film qui a des points communs avec "Dans la maison" (2012) puisque Alexis parvient à exorciser ses tourments en les racontant par écrit à son professeur, M. Lefèvre (Melvil Poupaud qui avait dans sa propre jeunesse joué dans "Un Conte d'Eté" d'un certain Eric Rohmer). Felix Lefebvre et Benjamin Voisin sont tous deux excellents dans les rôles d'Alexis et de David, ce dernier étant recréé du point de vue (idéalisé forcément) de celui pour qui il a représenté son premier amour, de même que les années 80 suscitent aujourd'hui une nostalgie tout à fait déplacée quand on songe au contexte de l'époque (guerre froide, sida, problèmes économiques, début de l'ultralibéralisme etc.). Cet aspect réflexif est mis en avant tout au long du film et plus particulièrement à la fin, invitant à prendre du recul sur ce qui nous est montré.

"Eté 85" est donc un beau récit d'initiation et en même temps la réflexion d'un homme d'âge mûr sur sa propre jeunesse (et sa propre filmographie).

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