Postface de mon prochain livre
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Postface de mon prochain livre
Postface de mon prochain livre qui paraît très bientôt aux éditions de la p'tite Hélène.
Ce recueil de nouvelles s'intitule "Fraîches comme des fraises en hiver" :
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https://www.laptiteheleneeditions.com/boutique/fraiches-comme-des-fraises-en-hiver.html
Il suffit souvent de peu de choses pour que, dans un esprit, naisse un livre. Une rencontre, une histoire personnelle, une envie... et l'écrivain se lance à l'abordage des mots, s'arrime à quelques lignes mouvantes comme il se suspendrait à un gréement, mais... trop souvent il finit naufragé sur un amas de feuilles grifonnées, à tendre désespérément ses mains vers une rive invisible : son encre est devenue une ancre. Son livre, tant de fois vu en rêve, ne naîtra jamais au monde; jamais ses lettres avortées ne seront assemblées par un œil inconnu ; jamais ses personnages et ses intrigues ne nourriront d'autres rêves.
J'ai tant vécu de naufrages de cette espèce, j'ai tant abandonné de romans en cours d'écriture, que, pendant longtemps, je n'ai plus osé en concevoir. J'ai renoncé aux tours du monde en solitaire pour me (re)trouver sur des régates régionales, voire départementales. Le monde est si vaste que toutes les rivières finalement se ressemblent. Je suis passé de l'océan déchaîné à la mare à canards apaisée. J'y ai exploré chaque recoin, chaque gouttelette, chaque fragment de vie. Et chacun m'a parlé d'une voix nouvelle, celle des oubliés, celle des renégats, celle des poètes. Dans ces microscopiques fibres de l'existence, j'ai découvert des histoires et des contes, lu des vers, aimé des mélodies muettes.
De cailloux en ricochets, de sable en terre, de feuilles en fleurs, d'eau douce en eau fraîche, j'ai écrit. Le voyage a duré, les pages m'ont regardé, comme reconnaissantes. Les nouvelles et les contes ont commencé à se découvrir, à s'apostropher comme des voisins, à se parler. Ils ont fait connaissance et ont fait un livre. Là un soldat-poète, ici une princesse orpheline, là encore une mélodie venue de loin qui observera un homme se souvenir de ses amours ou d'une vieille poubelle, sans oublier une fraise jetée dans la neige un soir d'hiver ... Toutes et tous se sont côtoyés dans les ruelles de mon cerveau, sous les préaux de ma cervelle, jusqu'à naître sous vos yeux d'hommes et femmes du futur. À moins que mon invention n'ait échoué comme celle de mon Sébastolomé et que mes mots, seuls dans les entrailles de la Terre, se chantent à eux-mêmes un triste requiem. Seul Dieu, ou le Chef – s'il existe – le sait.
Ondine, je me suis laissé bercer, yeux clos, sur des rivages inattendus comme une fraise en hiver.
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