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Yves Saint-Laurent (Jalil Lespert, 2013)

Yves Saint-Laurent (Jalil Lespert, 2013)

Publié le 25 mars 2022 Mis à jour le 25 mars 2022 Culture
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Yves Saint-Laurent (Jalil Lespert, 2013)

Le biopic que Jalil LESPERT a consacré à Yves Saint-Laurent a souffert de sa comparaison avec celui que Bertrand BONELLO lui a consacré quelques mois plus tard auprès des critiques cinéphiles professionnels. Mais auprès d'eux seulement. Personnellement, je renvoie les deux films dos à dos: ils sont tous deux bancals et reflètent la personnalité de leur réalisateur. Si le film de Bonello est une oeuvre d'esthète qui se distingue par son raffinement mais aussi par sa fascination pour la décadence et son aspect narcissique et désincarné en dépit de la prestation brillante de Gaspard ULLIEL, le film de Lespert, très plan-plan dans son traitement (hormis deux ou trois scènes comme celle de la piscine qui condense une rencontre en quelques plans imagés faisant penser au film de Jacques DERAY) est plus sensible à l'influence qu'a eu le Maghreb dans les créations de Saint-Laurent (l'Algérie de ses origines et son Maroc d'élection) et donc à son progressisme envers l'image des femmes et des minorités. Progressisme qui s'arrête à l'image mais ce recul critique, le film de Lespert ne l'a pas plus que celui de Bonello. Cependant le film de Lespert est en réalité surtout celui de Pierre Bergé, l'ex-compagnon du grand couturier qui a sponsorisé et approuvé cette version contrairement à celle de Bonello qui le marginalisait dans la narration. Bergé est le narrateur de la version Lespert et le film reflète donc son point de vue sur la vie de Saint-Laurent dans laquelle il occupe une place centrale et protéiforme auprès du génie instable et torturé: agent, protecteur, père de substitution, psychanalyste etc. Cela aussi il faut le prendre avec des pincettes, ce que le film, très premier degré ne fait jamais (j'ai cru rêver quand j'ai entendu Jalil LESPERT dire qu'il avait voulu démontrer qu'il fallait croire en ses rêves, heu...) Le film doit donc l'essentiel de son intérêt à la prestation brillante de Pierre NINEY et de Guillaume GALLIENNE qui donnent de la profondeur et de la complexité à leurs personnages même si leur relation est largement romancée.

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