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The Hours (Stephen Daldry, 2002)

The Hours (Stephen Daldry, 2002)

Publié le 9 juin 2020 Mis à jour le 9 juin 2020 Culture
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The Hours (Stephen Daldry, 2002)

"The Hours" était à l'origine le premier titre envisagé par Virginia Woolf pour son roman "Mrs Dalloway". En 1998, il est devenu le titre d'un roman de Michael Cunningham mettant en scène l'écrivaine au moment de l'écriture de son roman. Puis en 2002, Stephen DALDRY en a fait un film. Celui-ci est une réflexion aiguisée sur la place de la femme dans la société et sa difficile évolution. Il est construit selon un système d'échos (leitmotivs narratifs et visuels) entre trois histoires vécues par trois femmes de trois époques différentes que l'on suit en parallèle: celle de Virginia Woolf (Nicole KIDMAN) dans l'entre-deux-guerres (de la rédaction de son roman "Mrs Dalloway" à son suicide), celle de Laura Brown, femme au foyer lectrice de "Mrs Dalloway" dans les années 50 (Julianne MOORE dans un rôle très proche de celui qu'elle interprétait la même année dans "Loin du paradis" (2002) de Todd HAYNES) et enfin celle de Clarissa Vaughan (Meryl STREEP) qui incarne une "Mrs Dalloway" du XXI° siècle et a une relation privilégiée avec Richard, le fils de Laura Brown (Ed HARRIS). Si le segment contemporain n'est pas totalement convaincant (peut-être aurait-il fallu être plus tranchant dans l'évocation du thème de l'homosexualité et du sida qui est traité de manière allusive et doloriste) en revanche les deux autres parties sont passionnantes et remarquablement interprétées. Il ne faut pas réduire la performance de Nicole KIDMAN à son faux nez. C'est l'ensemble de son apparence qui exprime la souffrance de son personnage inadapté à son milieu. Ses cheveux décoiffés, sa robe mal ajustée et son air absorbé et rêveur sont à des années lumières du rôle social de maîtresse de maison bourgeoise qu'elle est censé incarner. Les scènes avec ses domestiques sont révélatrices du fait qu'elle ne sait pas tenir son rang et que de ce fait ils la méprisent et ont pris le pouvoir sur elle. On comprend son sentiment d'étrangeté, son mal-être profond, son échappatoire dans l'écriture, sa tentative de fuite et au final son suicide. Il en va à peu près de même pour Laura Brown. Comme Cathy dans "Loin du paradis" (2002), elle incarne l'épouse modèle de l'american way of life des années 50 ou plutôt la "desperate housewife" qui se cache derrière. Profondément dépressive devant la vacuité de sa vie, elle songe à se suicider et finit par fuir en abandonnant son mari et ses enfants derrière elle. Julianne MOORE est remarquable dans sa capacité à exprimer la souffrance intérieure de cette femme qui comme l'auteure du livre qu'elle lit se sent étrangère à son environnement et ne trouve que la fuite pour échapper à la mort. Mais comme toujours mort et sexualité vont de pair et si ces femmes sont dans un tel mal-être, ce n'est pas étranger à leurs penchants homosexuels réprimés dans les années 20 et 50 et lourdement surplombés par l'ombre du sida dans les années 2000.

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