L’Ombre et la proie
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L’Ombre et la proie
L’Ombre et la proie
Une femme a son double.
Il ne lui est pas toujours connu et plus vraisemblablement il ne doit l’être jamais, mais qu’en savoir, elle ne nous en dirait rien, puisqu’elle se méconnaît farouchement, rares sont celles qui admettraient cette présence pour l’avoir identifiée sans en être effrayées, captivées et aussitôt oublieuses.
Il n’est qu’un être qui puisse voir le double : vous, pas entièrement, mais son existence est plus qu’un soupçon, bien que vous n’ayez jamais le temps d’en arrêter la vue, il n’est que mouvement, il se déplace avec la vivacité d’une panthère noire à peine discernable dans les interstices des couleurs mièvres d’une vie ordinaire.
Le double est un être d’intervalles, il n’apparait que furtivement, sans doute par accident, il passe par cette femme comme par une anfractuosité, elle est méconnaissable, et pourtant c’est elle, mais déjà le double est passé, il n’a été qu’entrevu, par effraction, et vous n’êtes plus sûr de rien, ou seulement assuré d’une impression de malaise, dont le souvenir tourne à l’angoisse, qui serait vite une crise de larmes, si vous n’étiez si solide, si rationnel.
D’ordinaire, le double ne se montre pas dans votre vie commune. Il n’y pas lieu qu’il le fasse, selon des lois qui vous sont inconnues. Le double est issu d’une autre gravitation de planètes – d’un territoire de douces et noires mélancolies, les pattes posées sur un corps.
A suivre dans http://impeccablemichelcastanier.over-blog.com/
[Auteur de l’image non identifié]