Rien
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Rien
Tout est encore confus dans mon esprit. Je me souviens m'être rendu à cette soirée. L'invitation m'avait intrigué. Je n'ai pu résister. Ce carton noir et cette calligraphie rouge sang. C'était une première. Pourtant, je suis du genre populaire. Ils se battent tous pour que je fasse ne serait-ce qu'une apparition lors de leurs événements. Les riches m'adulent. Les pauvres m'adorent. Mais peu font preuve d'originalité. Les plus branchés se contentent d'un mail bien présenté que mon assistant ne se donne même plus la peine de me faire suivre. Les plus conservateurs envoient une carte aux couleurs fades et scintillantes, enveloppée de soie et de ruban, qui atterrit bien souvent dans la poubelle au pied de mon bureau, l'enveloppe toujours scellée. À quoi bon perdre mon temps puisqu'ils ne pourront s'empêcher de téléphoner quelques jours après ?
Des ombres dansent dans ma mémoire. Une odeur d'agrumes flotte autour de moi. D'agrumes et d'encens.
Le carton était posé sur la pile de courrier, il y a deux jours. Seulement une adresse, une date et une heure. Aucun nom. Aucune supplication. Mais un subtil parfum. De vanille et de cacao. J'ai longuement hésité. Je suis un homme occupé, mais je n'ai pas été autant intrigué depuis bien longtemps. Georges, mon bras droit et meilleur ami, m'avait déconseillé de m'y rendre. Dès que je lui ai montré, il était sur ses gardes. Après quelques recherches, il s'est persuadé que ce n'était qu'un piège de la part de l'un de nos concurrents. Probablement pour un passage à tabac. Ou pire. Mais je ne suis pas arrivé jusque-là sans prendre des risques.
Des rires résonnent dans ma tête. Un goût sucré et doux repose sur mes lèvres.
Depuis quelque temps, ma vie m'est ennuyeuse. Mes journées sont sans fin, chargées de réunions, d'accords, de discussions et de séductions. Une danse longue et fastidieuse, mais nécessaire. Être à la tête d'un empire est synonyme de sacrifices et de solitude. Malgré la richesse qui dégueule de mes comptes en banque. Malgré les belles femmes qui peuplent mon lit le temps d'une nuit. Je ne suis pourtant pas un play-boy. Je n'ai pas une sale gueule avec ma mâchoire carrée et mes yeux gris, mais je n'ai rien à voir avec les mannequins des couvertures de GQ. Je porte bien le costar, mais mon nez cassé d'ancien combattant de rue et mon air fermé me donnent des airs de taulard. Surtout avec mes larges épaules et ma taille de géant. Si on ajoute les cicatrices sur mon dos et mes nombreux tatouages, je suis plutôt la caricature parfaite du gangster.
Tout tourne autour de moi. Des mains fines et élégantes jouent avec les boutons de ma chemise.
Après un après-midi de merde, assis pendant des heures derrière mon écran, j'ai décidé de sortir. De me changer les idées. J'aurais pu appeler l'une de mes nombreuses conquêtes, mais la perspective de passer une soirée à écouter parler de chiffons ou de commérages sans interet me découragea aussitot. Toute leur beauté et leur agilité ne pouvaient justifier la torture que représente leur compagnie. Alors, après avoir avalé un whisky et pris une douche dans la salle de bains attenante à mon bureau, j'ai pris la direction indiquée sur cette curieuse invitation.
La rue était calme. Le bâtiment gothique qui se dressait devant moi me rappelait étrangement des souvenirs d'enfance. Une maison de vacances peut-être. Je sortis de ma voiture, redressai le col de ma chemise et tirai sur mes manches pour ajuster mon costume avant de monter les quelques marches. Sur le seuil, je n'eus pas le temps de frapper que la porte s'ouvrit sur un long couloir sombre. Une douce musique s'échappa des murs. Elle me guida jusqu'à un petit salon tapissé de velours violet. Au fond de la salle, une grande table nappée de noir accueillait nourritures et boissons exotiques. Presque magiques. Plusieurs couples dansaient de façon érotique. La lumière tamisée leur conférait un air éthéré.
On me propose un verre. On me chuchote des mots doux.
Et puis mon regard fut attiré par la plus belle des créatures. Elle riait avec un autre homme, mais son sourire semblait triste. Apeuré. Ses longs cheveux chocolat tombaient en cascade dans son dos. Ses formes pulpeuses étaient cachées dans une longue robe vert émeraude aux manches trois-quarts. Seul son décolleté était dévoilé. Sa peau laiteuse et soyeuse brillait sous la lueur des bougies. Sans m'en rendre compte, je me rapprochai d'elle. Mon corps attiré par le sien comme par un aimant. J'attrapai son verre, le posai sur la table non loin, pris sa main et l'attirai au centre de la pièce. Dans un silence amoureux, nous entamâmes une danse langoureuse sans jamais nous quitter des yeux jusqu'à ce que je ne puisse plus résister à l'appel de ses lèvres carmin.
Et après ça, je ne me souviens de rien.
Texte de L.S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par 1tamara2 de Pixabay : Verre Potion Fantaisie - Image gratuite sur Pixabay - Pixabay