Un triste sort
En Panodyssey, puedes leer hasta 10 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 9 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Un triste sort
La forêt de mes rêves. Ou plutôt de mes cauchemars... Comment peut-elle exister ? Après toutes ces nuits. Tous ces réveils en sueurs. Tous ces matins en pleurs.
Je cours depuis des heures à travers les arbres. Une fine brume s'est levée, enveloppant mon corps douloureux d'une humidité frigorifiante. J'ignore où je vais et pourtant, ces lieux m'appellent. Comme si une force supérieure me guidait. Me poussait à m'enfoncer plus loin dans ces bois. Je sais ce que le destin me réserve. Je l'ai vu maintes et maintes fois, depuis que je suis toute petite. J'ai tenté de l'oublier. De ne pas y penser. En vain. Chaque fois que je ferme les paupières, je le vois. Chaque fois que j'ouvre les yeux, je le sens. Parfois, j'ai l'impression que je ne suis pas seule. Qu'il est tout près de moi, attendant son heure. Attendant mon heure. Et puis mes songes se dissipent et la réalité me submerge. Je ne suis qu'une orpheline, abandonnée de tous. De sa famille. De ses semblables. Et il ne fait pas exception.
Un énorme rocher apparaît soudain devant moi. Au loin, le ciel brille de mille feux. Les étoiles et la lune sont au rendez-vous. En spectatrices muettes et immobiles. Elles ne peuvent ignorer mon sort. Elles me le murmurent chaque nuit depuis des décennies.
Je m'avance prudemment. Mes pieds nus, fatigués et usés d'avoir tant couru, s'enfoncent dans la mousse soyeuse. Et les arêtes tranchantes de la pierre me tailladent la plante déjà sensible. Mon sang nourrit la terre. Abreuve les plantes. Réchauffe le sol. Je me laisse tomber et continue mon ascension à quatre pattes, comme un enfant qui apprend à marcher. Mes mains souffrent, mais la douleur n'est rien. Rien à comparer à celle qui comprime mon cœur.
Puis je l'entends. Un cri qui brise le silence de la nuit. Un hurlement qui fait trembler l'air. Il est tout proche. Je peux sentir l'électricité qui grésille sur ma peau. Je devrais partir. M'enfuir loin d'ici. Mais pour quoi? Je n'ai nulle part à aller. Nulle part où me cacher. Personne ne veut plus de moi. Je suis défectueuse. Folle. Bizarre. Si les seules personnes qui sont censées m'aimer n'ont pas pu, alors qui pourrait le faire ? Abandonner son enfant devant la porte d'une inconnue ne peut vouloir dire qu'une chose : que je ne suis pas suffisamment bien pour être désirée. Pour être choyée.
Des larmes silencieuses coulent sur mes joues. Je ne les retiens pas. Je ne les efface pas. À quoi bon ? Je vais mourir ce soir. Mon état importe peu.
Une brindille se casse. Il est derrière moi. Je peux sentir son odeur terreuse envahir mes poumons et son souffle chaud caresser ma nuque. Je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur. Je suis apaisée. Ou peut-être simplement résignée. Son museau s'enfonce dans mes cheveux et je ferme les yeux. Je ne sais pas qu'il va faire. Je ne peux qu'imaginer. Mes rêves ne sont jamais aller plus loin. Ils ne montraient pas comment sa puissante mâchoire me déchiquetait. Comment ses longues dents acérées déchiraient mon corps épuisé. Mais je ne suis pas stupide. Difficile de ne pas comprendre ce qu'il va arriver. Pourtant, lorsqu'il recule, je ne peux m'empêcher de sursauter et de me retourner. De faire face à ce loup noir gigantesque. Il me regarde de ses grands yeux verts, assis devant moi, la queue remuant gentiment. Il penche sa tête sur le côté, comme s'il cherchait à me faire comprendre quelque chose. Je ne bouge pas. Pour ne pas l'effrayer. Ou pour ne pas m'effrayer. Je respire à peine, résistant à l'envie stupide de passer ma main dans sa fourrure épaisse.
Après des heures, ou peut-être quelques secondes, il se relève. Comme s'il voulait partir.
- Reste, le supplie-je.
Mais il ne m'écoute pas. Il fait demi-tour et descend. Il s'enfonce dans la brume et disparaît. Sans un mot. Sans un regard. Puis, un nouvel hurlement résonne dans la nuit. Il me déchire le cœur. Me brise l'âme. Avant que les ténèbres ne me prennent. Ne m'engloutissent. Et que mon corps ne me lâche.
Texte de L. S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
Image par Enrique de Pixabay : Paysage Fantaisie Forêt - Photo gratuite sur Pixabay - Pixabay
Jackie H hace 2 meses
Puissant...
L. S. Martins hace 2 meses
Merci !