Quel pleutre !
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Quel pleutre !
– Moridan. Une nouvelle carte pour toi. Et cette fois, je n’ai laissé aucune trace.
Gram avait déboulé dans mon bureau avec son air abruti. Le sourire aux lèvres, il me tendait une image étrange. Bien différente de toutes les autres. Quelque chose clochait. Mais ce n’était plus mon problème ! Je laissais tomber cette affaire.
– Je ne joue plus. C’est terminé. Pose-la où tu veux.
Je poussais la poubelle vers lui avant de lui envoyer :
– Encore mieux. Balance-la aux ordures !
– Tu…
J’avais une furieuse envie de lui mettre mon poing dans la figure. Il avait l’art de m’énerver avec sa tronche de con !
– J’ai assez joué. Ce taré change les règles quand bon lui semble. Qu’il se trouve un autre adversaire !
– Mais… Mais tu n’peux pas abandonner. Et Léila ?
– Tous les éléments sont au labo. Elle devrait être sur pied dans quelques jours. Et toi, tu pourras retourner te planquer derrière ton écran !
Gram fondit en larmes. Il me jeta à la gueule la carte qu’il tenait encore et partit en courant. Une vraie gonzesse !
Le dernier mot de ce fou était face à moi. Il n’attendait qu’une chose : que je le lise ! Faischier. Qu’est-ce que tu me veux aujourd’hui ? « Moridan, comment se porte Léila ? »
C’est tout ? Il se fout de moi en plus ? Il me prend vraiment pour un con !
Je retournais le bout de papier dans tous les sens. À la recherche d’un indice. D’une autre phrase. D’un secret caché derrière dans la brume autour de cette lune si claire. Mais rien. Il prenait simplement des nouvelles de Léila. Comme s’il ne s’était rien passé. Et ma tête ? Il aurait pu s’en inquiéter avec le coup qu’il m’avait foutu. Ce putain de mal de crâne ne m’avait pas quitté depuis trois jours.
Et cette photo. Elle me semblait familière. Elle me ramenait en enfance. Bon sang ! Bien sûr ! Ce cours d’eau. Ces fortifications. Cette horloge sur pilotis et ce personnage fantomatique devant la pleine lune ! Tout ceci était sorti d’un jeu vidéo ancestral. Merde. C’est quoi déjà son nom ?
– Moridan. T’as du courrier.
– Encore ? C’est jour de fête !
– Comment ça ?
Thibaut, face à moi, était réellement surpris par ma remarque. L’air sérieux, il me déposa une carte postale d’un paysage lugubre aux contours bien plus vrais que celle que je tenais.
– Non, rien. Laisse tomber. Merci.
Le facteur attitré sortit non sans un dernier regard perplexe. Comme si je déboîtais. Mais ici, ce n’était pas moi le taré. Je savais que quelque chose clochait. Je l’avais senti dès le début. Putain ! Mais pourquoi je n’écoutais jamais ma foutue intuition. Quel con !
Je me précipitais hors de mon bureau, telle une furie. Je sifflais Hax et Rex pour qu’ils me suivent. Rendez-vous chez Gram, de l’autre côté du couloir.
Ce putain de pleutre allait me le payer pour Léila et ma commotion !
30 minutes chrono, sans relecture
Texte de L.S.Martins
Image par davidfoxx de Pixabay : Bâtiments Pont Rivière - Photo gratuite sur Pixabay