Cette société est bancale tout comme ce poème. Lorsque je l’ai publié dans cette construction il a enthousiasmé, c'est un comble,  ces gourous dont je me moque. Mais dès lors que je publiais des rimes avec plus de rigueur, mes textes passaient dans l’ombre. Comme s’il fallait se niveler vers le bas pour être vu. Rester un de ces doigts repliés qui permet de lever le pouce vers leur ego. Le dernier gourou en date rencontré n’était pas sur Facebook (réseau social qui a inspiré ce poème), mais sur Twitter. Il m’a bloqué de son café littéraire après ma publication d’un billet expliquant clairement ce qu’était un haïku et le mettant de facto face à sa médiocrité.

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Les gourous du pouce

Quelle vie exaltante
Doivent avoir ces prodiges
Qui tous les jours nous vantent
Des billets qu’ils rédigent
La savante vérité
Aux hères que nous sommes
Incapables de penser
Sans leur saint vadémécum

Tous ces gothas des réseaux
Qui surfent sur la toile
Nourrissent nos idéaux
De culture qu’ils étalent
Que ne rêverait-on pas
D’avoir autant d’abonnés
Attachés à ces sherpas
Que des pouces ont couronné

Il vous suffirait pourtant
De quelques clics à peine
Pour voir que sous ces savants
Se cachent des sirènes
Que leurs chants mélodieux
Qui sonnent à nos oreilles
Est celui des envieux
Que nos likes étayent

Cachés derrière l’écran
Ils puisent dans leur Google
Ou autre représentant
Du savoir qui dégueule
Une masse abjecte
Dont les titres racoleurs
Aux contenus ineptes
Vont se répandre dans l’heure

Je lève donc mon pouce
À cet esprit critique
Que les écrans détroussent
Qui devient famélique
Aux gourous aux séides
Et à tous ces beaux parleurs
À leurs langues bifides
Je redresse mon majeur


(Le supplice des sentiments, Jean-christophe Mojard, Éditions LC)