Foire d’empoigne face de rat
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Foire d’empoigne face de rat
Bob Marley, Rat Race (Rita Marley), 1975.
Rat race, soit course de rat.
L’expression indique une situation de conflit dans laquelle tout le monde cherche à obtenir la même chose et est prêt à s’étriper pour ça, sans faire de quartier. Elle vient d’une métaphore militaire qui s’est ensuite démocratisée : on appelait rat race une course-poursuite en avion, l’engin de tête essayant de distancer son poursuivant en multipliant les changements d’altitude et de direction.
On peut trouver la chanson dans plusieurs disques : un 45 tours spécifique (1975), l’album Rastaman Vibration (1976), qui contient notamment War, Positive Vibration et Roots, Rock, Reggae, et en face B de l’édition française de Stir It Up (1979).
Bob Marley fait ici preuve une fois de plus de son talent de parolier, même si c’est sa femme Rita qui est créditée, ceci afin que le label avec lequel il est en désaccord ne touche pas de royalties sur ses endosses. Le texte est de lui, aucun doute là-dessus. Comme souvent, il utilise des proverbes :
« When the cats away
The mice will play »
Quand le chat n’est pas là
Les souris dansent.
Mais on voit qu’il a bien choisi : le chat et la souris s’adaptent parfaitement à l’univers du rat. Il faut savoir que les jamaïcains ont surtout une culture orale, qui se transmet de bouche à oreille. Dans cette configuration, les proverbes sont très importants, ils permettent de figer le savoir en formule, c’est pourquoi ils sont souvent présents dans les chansons, héritières de cette tradition orale.
Bob Marley joue ensuite sur le double-sens du mot race, qui désigne la course, la compétition (comme dans Racing Club, RC) et la race, l’ethnie :
« Oh what a rat race
…
You got the horse race
You got the dog race
You got the human race
But this is a rat race »
Il enchaîne ensuite avec un jeu de mot :
« Rat race
Oh it’s a disgrace ».
Et, une chose qu’on ne pourra jamais lui enlever, il n’a jamais peur de la sentence :
« In the abundance of water
The fool is thristy »
Dans l’abondance d’eau
L’imbécile a soif
C’est le problème de toujours en vouloir plus : plus d’argent, plus de choses inutiles, et moins de temps pour l’essentiel. Dans Rat Race, Bob Marley dénonce la course à la destruction qui jettera les humains en pâture à Babylone. Comme tous les rastas, c’est un fervent adepte de la décroissance.
Et toujours : un blog consacré entièrement au reggae : jamaique-maque