Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
Woody Guthrie, En route pour la gloire

Woody Guthrie, En route pour la gloire

Publié le 2 avr. 2020 Mis à jour le 28 sept. 2020 Musique
time 5 min
2
J'adore
0
Solidaire
0
Waouh
thumb 0 commentaire
lecture 244 lectures
2
réactions

Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

Woody Guthrie, En route pour la gloire

 

En route pour la gloire.

Ce que Woody Guthrie choisit de raconter de sa vie dans ce livre est assez étonnant : il ne parle que très peu de son entrée dans le monde de la musique, des enregistrements et des concerts, comme si cela n'avait pas d'importance. En revanche, il passe de nombreux chapitres à détailler son enfance, racontant par ce biais l'Amérique du début du vingtième siècle se construisant en parallèle à une ruée vers l'or noir. Le récit n'est pas chronologique. Dans le premier chapitre, on le découvre à bord d'un train de marchandises lancé vers l'ouest, et la première ville dont il parle est Duluth, la ville qui a vu naître Bob Dylan.

Suivent quatre ou cinq chapitres sur son enfance, puis c'est la plongée dans la vie des routes, jusqu'à New-York, lui aussi, où il commence à se faire un nom. Mais Woody Guthrie n'en dira pas davantage dans ce livre. Comme l'indique le titre, ce qui l'intéresse est moins la gloire que la route qui mène à la gloire. Une route semée d'embûches et, dans ce cas précis, d'incendies.

Parmi toutes les chansons qu'il a interprétées, on peut citer les plus significatives : This Land is Your Land, Hard travelin', ou encore Long Way to Travel. On peut également citer cette phrase : « Je voulais étudier de tout un peu et en retirer quelque chose, quelque chose qui ferait de moi une sorte d'être humain : libre de travailler pour moi-même, et libre de travailler pour tout le monde ». Chez Guthrie, l'éclectisme et la gratuité du savoir son perçues comme des moyens de conquérir sa liberté d'individu contre le système.

Dans En route pour la gloire, Woody Guthrie est le témoin de sept incendies, dont six ont lieu durant les dix premières années de sa vie.

Le premier se déclenche accidentellement dans la maison familiale des Guthrie à Okemah, Woody n'a encore que trois ou quatre ans. La famille doit déménager tant le feu a été destructeur. Il n'y a même pas un pan de mur à sauver. Le problème est que la nouvelle maison ne plaît à personne, pas même au père qui tente toutefois de faire bonne figure pour préserver le moral des siens.

Le second incendie se déclare dans une ville voisine, à cause d'un puits de pétrole. Woody Guthrie n'en est pas le témoin direct, il décrit simplement le branle-bas de combat des sirènes et des camions de pompiers qui s'affairent à aller contenir le feu.

Le troisième incendie revient à des dimensions plus intimes. C'est à nouveau la maison familiale qui prend feu. Cette fois-ci, les conséquences sont dramatiques. Les dégâts ne sont plus seulement matériels. Clara, la sœur aînée de Woody, périt des suites de ses brûlures. Woody a alors dix, peut-être onze ans. Pour le protéger, on l'envoie chez sa grand-mère, dans un village situé à onze kilomètres d'Okemah et de ses parents effondrés. C'est là que se déclare le quatrième incendie, qui n'est en réalité qu'un feu de prairie, mais il survient juste après le drame de la mort de Clara, et acquiert donc des dimensions titanesques dans sa tête, comme si partout autour de lui le monde s'embrasait.

Le cinquième incendie est le plus redoutable de tous. Pour la troisième fois, c'est la maison des Guthrie qui prend feu, mais cette fois-ci, il ne s'agit plus d'un accident, c'est la mère de Woody elle-même qui l'a allumé, se blessant et blessant le père au passage. Il faut dire que la folie la rongeait depuis plusieurs années, et la mort prématurée de Clara avait considérablement dégradé sa santé mentale déjà fragile. À la suite de ce drame, la famille se voit contrainte de la faire interner en hôpital psychiatrique. Woody a quinze ou seize ans, et il sait qu'il ne vivra plus jamais avec sa mère. Après deux déménagements consécutifs, il revient vivre seul à Okemah, comme bien d'autres adolescents laissés pour compte, plus tout à fait un enfant, pas encore un adulte, survivant à la rue avec une grande difficulté, entre petits boulots et menus larcins. En réalité, son errance avait commencé depuis bien plus longtemps, depuis le jour où un feu de prairie s'était déclaré chez sa grand-mère, depuis la mort de Clara.

Le sixième incendie sera la conséquence directe de cette vie d'errance dans les rues humides d'Okemah. Un jour, alors qu'il est couché par terre en plein soleil comme un cheval malade de fièvre et incapable de se soigner ni de se redresser, son frère aîné, Roy, le voit et le recueille chez lui. Lorsqu'il part travailler, il laisse Woody seul alité dans la chambre qu'il loue dans une pension de famille. Quand Woody se réveille, il est gelé. Il allume une lampe à gaz afin de se réchauffer puis se rendort d'un lourd sommeil fiévreux. Sans le vouloir, sans même faire attention, il renverse la lampe d'un coup de pied, et le feu commence à prendre tout autour de lui sans que cela ne le réveille. Il faudra l'intervention de Madame Hutchinson, la propriétaire des lieux, pour éviter le pire. Sans elle, il est probable que la vie de Woody Guthrie se fût arrêtée à ce moment-là.

Quelques années plus tard, sa mère meurt à l'hôpital dont elle n'a jamais été autorisée à sortir, et Woody reçoit un chèque d'un dollar cinquante, correspondant au solde de son compte. Dans un état d'hébétude totale, il se rend à la banque pour l'encaisser. Alors, comme un écho aux drames du passé, il a l'impression d'entendre une sirène de pompiers dans le lointain.

Le septième et dernier incendie n'a pas vraiment lieu. Il est la persistance des six précédents dans l'imagination d'un Woody Guthrie maintenant adulte et prêt à prendre la route pour de bon, la vraie, celle qui mène à d'autres décors et à la gloire. De toute façon, toutes les maisons qu'il a habitées ont brûlé, il n'en reste qu'un tas de cendres. Tous les ponts sont coupés, autant rouler. Ici, il n'y a que des décombres. Rouler. Là d'où on vient n'a jamais existé. Fin de l'histoire.

lecture 244 lectures
thumb 0 commentaire
2
réactions

Commentaire (0)

Tu aimes les publications Panodyssey ?
Soutiens leurs auteurs indépendants !

Prolonger le voyage dans l'univers Musique
Requiem
Requiem

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, vôtre sourire, ma joie.Parmi les textes chantés...

Bernard Ducosson
1 min
Chorégies
Chorégies

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie. En deux mots "des formation...

Bernard Ducosson
1 min
Au secours
Au secours

Au secours je souffreJe suis au bord du gouffreJe sais très bien que j'ai le choixJ'ai bien voulu &...

Rovin-K
1 min
J'suis pas d'ici
J'suis pas d'ici

Qu’est-ce que j’fais là Qu’est-ce que j’bricole Qu’est-ce que j’y p...

Raphaëlle Vaillant
3 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey