Des "je t'aime" tristes...
En Panodyssey, puedes leer hasta 10 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 9 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Des "je t'aime" tristes...
La petite Sonia observait attentivement sa mère, Claire, assise derrière son chevalet. Dans ses mains une grande assiette de cookies et un verre de lait, c’était l’heure de son moment préféré dans la journée : le goûter. Seulement, aujourd’hui, Claire était ailleurs. Elle était loin dans ses songes un pinceau à la bouche, de la peinture sur le visage.
Sonia n’osait bouger. Sur le seuil de la porte, elle restait immobile et silencieuse de peur de perturber sa mère. Elle savait que ces instants de création lui étaient précieux et tellement depuis la mort de son père, Philippe.
Claire leva les yeux et aperçut sa petite fille, toute timide, cachée derrière le ficus. Elle ne l’avait pas entendu arriver. Elle lui sourit et se leva pour la rejoindre.
- Coucou, ma puce. Ça fait longtemps que tu es là ?
- Non, pas trop, dit Sonia en se tortillant. Comme tu n’es pas montée nous voir, j’ai préparé le goûter avec Mamie. Tiens, ce sont tes gâteaux préférés.
- Oh… merci, mon ange. Excuse-moi, je n’ai pas vu le temps passé…
- Ce n’est pas grave. Avec mamie, on a cuisiné et après, on a regardé un dessin animé. Tu sais celui avec la méchante sorcière pieuvre…
- La petite sirène ? C’est mon préféré.
- Je sais. Mamie m’a dit que tu le regardais souvent quand tu étais petite, et même que tu avais très peur de la sorcière. Tu sais, moi aussi, elle me fait peur…
Claire posa les cookies et le verre de lait sur la table avant de prendre Sonia dans ses bras. Elle la serra très fort et souffla un « je t’aime, ma chérie ». Elle essuya discrètement ses larmes et posa son enfant sur le sol. Ces derniers temps avaient si durs et Sonia s’était montré si forte. Elle était la seule raison pour laquelle elle ne s’était pas laissé sombrer après la perte de l’amour de sa vie.
- Tu peints quoi ? demanda Sonia la bouche pleine.
Claire l’invita à passer devant son chevalet.
- Waouh… c’est trop beau… mais c’est quoi ?
- Je ne sais pas. Je crois que j’ai voulu représenter le combat incessant entre l’homme et la nature. Cette lutte acharnée pour leur survie.
- Sur ton dessin, l’homme a l’air drôlement méchant. Il fait peur comme la sorcière avec ces éclairs dans les yeux et tous ces nuages noirs.
- Oui, tu as raison…
- Maman, on est cruel avec la nature ?
Claire s’assit sur son tabouret et prit Sonia sur ses genoux. Sommes-nous cruels envers la nature ? C’était une excellente question. Un débat intéressant dans lequel elle n’était pas certaine d’avoir envie de se lancer. Elle avait peint sans réfléchir, son pinceau était guidé par le chagrin, mais elle s’était refusé de se laisser aller à des scènes de violence, de guerres. Elle ne voulait pas ramener ses horreurs à la maison, sous ce toit qui abritait à présent son unique raison de vivre.
Elle laissa en suspens la question de sa fille qu’elle embrassa tendrement. Sonia n’insista pas. Sa mère était comme ça depuis quelques semaines. Toujours dans ses pensées, les yeux dans le vague à lui murmurer des « je t’aime » tristes.
Texte de L. S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Iván Tamás de Pixabay : Fantaisie Strom Dramatiques - Photo gratuite sur Pixabay