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Sonate d'automne (Höstsonaten, Ingmar Bergman, 1978)

Sonate d'automne (Höstsonaten, Ingmar Bergman, 1978)

Pubblicato 13 ott 2020 Aggiornato 13 ott 2020 Cultura
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Sonate d'automne (Höstsonaten, Ingmar Bergman, 1978)

"Sonate d'automne" fait partie des affrontements à huis-clos particulièrement éprouvants qu'affectionnait Ingmar BERGMAN. Il y interroge (magistralement) la relation mère-fille(s) dans ce qu'elle peut avoir de plus sombre, de plus aliénant, tant d'un côté que de l'autre. Et ce au final sans jugement. On est plutôt dans la philosophie de Jean RENOIR "Chacun a ses raisons". Je ne sais si c'était une volonté délibérée de Ingmar BERGMAN ou si c'est le jeu de sa compatriote qu'il fait tourner pour la première (et dernière) fois, Ingrid BERGMAN plus connue pour les rôles hollywoodiens de ses jeunes années que pour celui de la femme vieillissante à qui sa fille, Eva (Liv ULLMANN) demande de rendre des comptes "sur le tard". Plus l'affrontement entre ces deux femmes gagne en intensité jusqu'à l'étouffement, plus on constate leur incapacité fondamentale à communiquer et à ressentir, chacune restant enfermée dans sa prison intérieure qui les condamne à une solitude absolue. Ce que le spectateur constate également en effet, c'est la reproduction de la même stratégie d'évitement (de la vie) de génération en génération. Charlotte, la mère s'est réfugiée dans sa carrière de pianiste et dans son jeu d'actrice consommée du lien social pour masquer son incapacité à donner de l'amour à ses enfants. Incapacité liée au fait qu'elle n'a elle-même pas reçu d'amour et qu'elle en est donc restée sur ce plan à un stade infantile, espérant même renverser les rôles en réclamant que sa fille lui en donne. Ses carences se remarquent également dans le fait qu'elle a oscillé toute sa vie entre une conduite d'évitement (qui se reproduit à la fin du film) et des exigences de perfection aliénantes que l'on retrouve même dans son jeu au piano tout en contrôle et en retenue. Besoin de contrôle qui se paye par des maux psychosomatiques. Eva, la fille qui est filmée au début et à la fin de la même façon (observée de loin par son mari, seule au piano dans un surcadrage accentuant sa solitude et son enfermement) semble ne jamais avoir accédé au statut d'adulte. Ses propos, son maintien, ses tenues, ses tresses font d'elle une éternelle petite fille "pleurnicheuse" (selon sa mère) c'est à dire perpétuellement en demande. Et lorsque toutes ses rancoeurs finissent par sortir de sa bouche, cela ressemble à une régurgitation assez vaine puisqu'elle reste scotchée à une mère qui est un arbre mort (comme le suggère la séquence de fin). A cause de cette fixation maladive sur le ressentiment qu'elle éprouve envers sa mère, Eva ne peut ni donner d'amour, ni donner la vie puisqu'elle a avorté d'une première relation puis perdu le fils qu'elle avait eu avec son mari qui par son âge avancé et son regard rempli de compassion ressemble davantage à un père (il est pasteur). Eva s'est d'ailleurs réfugié dans un mysticisme qui ressemble à un refus de faire le deuil de ce fils et qui contribue à l'impression de temps figé que véhicule le film. Pour le remplacer, Eva a accueilli chez elle sa soeur handicapée, Héléna qui symbolise en mode "brut" les dégâts de l'abandonisme de leur mère puisque ne pouvant ni parler ni marcher, elle en est réduite à hurler son besoin que sa mère s'occupe enfin d'elle (il y a aussi un peu du complexe d'Electre là-dedans -au sens de séduire le père pour se substituer à la mère- comme on le découvre par la suite). La présence d'Héléna est une façon de matérialiser le mal qui ronge Eva et de maximiser la culpabilité de leur mère, laquelle comprend lorsque Eva l'évoque pour la première fois qu'elle a été "piégée" rendant tout réconciliation impossible.

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