Cherchez Hortense (Pascal Bonitzer, 2011)
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Cherchez Hortense (Pascal Bonitzer, 2011)
Damien Hauer (Jean-Pierre Bacri) est professeur de civilisation chinoise. Sur l’insistance de sa femme Iva, metteur en scène de théâtre (Kristin Scott Thomas), il a accepté de rendre un service : parler à son père, président du conseil d’État (Claude Rich, hallucinant),du cas d’une certaine Zorica, menacée d’expulsion par la justice, et tenter de le convaincre d’intercéder en sa faveur auprès d’un homme de pouvoir qui travaille dans l’ombre et répond au nom d’Henri Hortense (d'où le titre du film).
Seulement, comme l’avoue Damien à sa bande de copains de bistrot, il n’a “de rapports simples avec personne”, et surtout pas avec son père, homme inaccessible, narcissique, séducteur et fier de l’être. Les choses vont donc mal se dérouler. Le père de Damien l’évite par tous les moyens, toutes les portes du conseil d’État s’avérant de merveilleux passages dérobés pour fuir les problèmes humains. Par manque de courage et pour plaire à sa femme, Damien va pourtant laisser croire que tout est en bonne voie. Mais il y a complication quand il se rend compte qu'Aurore, la jolie employée du restaurant qu’il fréquente quotidiennement (Isabelle Carré) a un rapport avec l’affaire.
Damien est un personnage dépressif qui semble avoir baissé les bras. Tout indique qu'il traîne sa vie comme un boulet. Une vie qu'il n'a pas vraiment choisie et qui derrière le paravent bourgeois s'avère faite de solitude et d'incommunicabilité que se soit avec sa femme, avec son fils ou encore avec son père.
Heureusement, il a en Damien un minuscule jardin secret qu'il ne révèle qu'à la fin et qui va le réconcilier avec la vie. Ce jardin secret est lié à son métier. Certes, il enseigne la civilisation chinoise aux entrepreneurs ce qui offre une façade compatible avec son statut social et le fait périr d'ennui.
Mais le lien qui existe entre la Chine et lui est bien plus profond, c'est la promesse d'un ailleurs, d'un autre horizon, d'un autre possible qui lui a été révélé lors d'un voyage quand il était très jeune.
Néanmoins cet autre possible reste à l'état latent pendant des dizaines d'années jusqu'à ce que Damien fasse une rencontre décisive, celle d'Aurore (dont le prénom, traduction du serbe Zorica, sonne comme une promesse de renouveau). Aurore est serbe mais symboliquement pour Damien, elle représente la Chine. Devant elle, Damien tombe le masque, devient vulnérable et fragile et partage ses sentiments les plus intimes (Jean-Pierre Bacri est absolument admirable).
Mais dans cet univers bourgeois conformiste et mortifère, Aurore n'a pas sa place. Elle est menacée d'expulsion car elle n'a pas de titre de séjour. Toutes les démarches de Damien pour la faire régulariser tournent court face à des hommes de pouvoir impitoyables qui symbolisent le père castrateur. Alors Damien n'a pas le choix: pour construire enfin son bonheur, il doit "tuer" le père, briser son couple en mettant à jour l'infidélité de sa femme et enfin s'engager auprès d'Aurore. La scène où Damien est arrêté parce qu'il refuse de montrer ses papiers montre bien ce basculement.
Le jaillissement des désirs refoulés irrigue la fin du film lorsque Damien et Aurore prennent un nouveau départ sous les yeux d'un vieux chinois, absolu contrepoint du père vaincu.