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Lolita (Stanley Kubrick, 1962)

Lolita (Stanley Kubrick, 1962)

Pubblicato 13 ago 2021 Aggiornato 13 ago 2021 Cultura
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Lolita (Stanley Kubrick, 1962)

"Moi je m'appelle Lolita
Lo ou bien Lola, du pareil au même."

Et bien non Mylène FARMER, Lolita ne s'appelle ni "Lo" ni "Lola", mais Dolores. Autrement dit elle n'est pas une invitation au plaisir mais à la douleur. De même, le roman de Nabokov fut pendant des décennies interprété par le "male gaze". Celui d'un Bernard Pivot aux yeux égrillards et au rire gras en osmose avec celui d'un pédophile notoire (Gabriel Matzneff) sachant s'entourer de "nymphettes" (sous entendu "toutes des vicieuses qui n'attendent que ça"). Sauf que c'était bien entendu un contresens. Nabokov avait d'ailleurs tenu à rétablir la vérité sur le plateau de ce même Bernard Pivot. Lolita n'était pas une jeune fille perverse mais une pauvre enfant qu'on débauchait et dont les sens ne s'éveillaient jamais sous les caresses de l'immonde monsieur Humbert. "En dehors du regard maniaque de monsieur Humbert, il n'y a pas de nymphette." Comme l'ont révélé les mouvements #MeToo et #Metoo Inceste, c'est la domination patriarcale qui est au coeur de ces déviances et le soi-disant "consentement" voire les attitudes "provocantes" de l'objet du désir ne sont qu'une projection de leur prédateur qui satisfait ainsi ses archaïques besoins de possession.

C'est exactement cela que l'on retrouve dans le film de Stanley KUBRICK qui décrit l'itinéraire d'un homme malade, remarquablement joué par James MASON. Sans jamais montrer ni même surligner le caractère sulfureux de la relation entre un homme mûr et une gamine (Sue LYON qui a donné un visage à Lolita était plus âgée de deux ans que le personnage du roman), il fait ressentir le caractère intenable d'une relation fondée sur l'oppression (la jalousie maladive de Humbert Humbert qui veut contrôler tous les faits et gestes de celle qu'il considère comme sa propriété) et la clandestinité (le regard social pesant et la destructivité de la confusion des rôles, le beau-père étant décrédibilisé par l'amant lui-même démonétisé par le beau-père). Par conséquent, ce couple aberrant est marqué du sceau de l'errance et de la culpabilité. Humbert Humbert est en effet poursuivi par sa conscience, laquelle prend le visage de différentes figures d'autorité (flic, psy). Mais ces surmoi ne sont que les divers déguisements du dramaturge pédophile Clare Quilty (avatar de guilty, coupable) interprété par le génial Peter SELLERS (qui se démultipliera encore plus dans Docteur Folamour) (1963). Chez Stanley KUBRICKPeter SELLERS incarne des monstres aussi grotesques qu'inquiétants. Dans une scène mémorable, il emmène son personnage jusqu'aux portes de la folie lorsqu'il exprime son désir pour Lolita. Quilty est le ça de Humbert Humbert, hommes aux deux visages, d'un côté universitaire et père de famille , de l'autre criminel et pédophile incestueux. Pas étonnant qu'en éliminant ce double monstrueux qui lui pourrit la vie, Humbert Humbert se détruise lui-même.

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