CHAPITRE 48
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CHAPITRE 48
Rêveries d’enfant – Souvenirs teintés de tristesse – Effrayantes créatures.
Les révélations de Bontemps m’agitèrent toute la nuit. Je rêvais de Bontemps, le fusil à la main, tel le chasseur des contes de fées gardant ma chambre d’enfant. Seulement dans mon rêve, ce n’était pas exactement mon Valet, c’était son père et LaPorte qui veillaient ainsi l’épée à la main. La fièvre me terrassait et une fée trompa la vigilance de mes deux anges gardiens. Je la vis jeter une poudre qui endormit le bon LaPorte, fermer la porte et y laisser la clé empêchant Bontemps père de pouvoir entrer puis elle se pencha sur mon lit.
À cet instant, j’espérais que ce fût une créature comme Donnie, frêle et inoffensive, mais elle ouvrit une gueule effrayante où des rangées de dents pointues juraient ma perte.
— L’enfant Roi sera le plus beau des serviteurs pour la Reine, murmura-t-elle d’un regard brillant d’une lueur tout aussi inquiétante que ses paroles.
J'étais doté d’assez de volonté pour ouvrir les yeux et accrocher ma main sur le poignet de la créature qui en fut surprise.
— Qui est la Reine ?
La fée piaffa, menaçant de me mordre, sifflant pareille à un serpent.
— L’enfant est éveillé, l’enfant m’a vu !
Sitôt, la créature disparut comme un rêve se retire, laissant qu’un vague souvenir. J’eus beau me dresser sur mon séant et la chercher dans la pénombre dans laquelle était plongée ma chambre, il n’y avait personne. Mon cœur battait alors à s’en rompre, j’appelais Bontemps par réflexe et j’entendis des coups contre la porte.
— Majesté ! Nous essayons d’entrer, avez-vous fermé à clé ? LaPorte, ouvrez-nous !
Mais ce dernier demeurait plongé dans ce terrifiant sommeil. Mes yeux restaient fixés sur la fenêtre demeurée ouverte où la fée s’était échappée, les rideaux volaient sous le souffle de la brise nocturne, il était tentant de la suivre. Puisque c’était plus un rêve qu’un souvenir, c’est ce que je fis et me glissais dans la nuit.
Je m’attendais à voir les stupéfiants jardins de Saint-Germain, mais c’était les marécages de Versailles qui m’accueillirent. C’était le pavillon de chasse de mon père et non le palais que j’avais bâti depuis. Des lanternes passaient devant les fenêtres, et au loin j’entendais de la musique, des rires. Courant sur le chemin boisé, je pris la direction de ces bruits, brûlant de l’espoir fou que mon père s’y trouverait également ! Il se retirait ici pour y fuir sa famille. Comme mon frère, il préférait les hommes, mais il s’était retenu toute sa vie de se livrer à ses passions. Une retenue que je n’ai jamais pu avoir.
Seulement, le chemin s’étirait sous mes pas, plus je courais pour rejoindre le château plus il avait l’air loin et une pernicieuse racine d’arbre vint me cueillir pour me faire tomber. Je me relevai difficilement, plein de boue sur mes vêtements. Le choc douloureux m’incita à me demander si j’étais encore dans un rêve. Lorsque je redressai le nez, je vis une disgracieuse créature courir dans un éclat de rire en direction des sous-bois. J’hésitais un instant, me relevais et me mis à sa poursuite, abandonnant l’idée de rejoindre mon père.
La petite fée qui avait tout d’un de ces gobelins terrifiants qu’on décrivait parfois dans les contes pour enfants ainsi : boursouflées, la colonne vertébrale toute tordue, dotée d’un nez des plus affreux et d’un visage d’une laideur effroyable. La maudite finit par rejoindre un marécage où d’autres créatures s’y trouvaient.
Je vis une licorne boire de l’eau, des corneilles à trois yeux me fixer, des chouettes effraie accrochées sur des branches basses hurler à mon arrivée. Les animaux fantastiques disparurent, seuls des serpents à la taille extraordinaire et des crapauds, tout aussi horribles à contempler, restèrent. Le plus difficile à supporter n'était pas cette vision, mais plutôt l’odeur répugnante du marais.
— Ce n’est pas un endroit pour un petit Roi, croassa une sorcière que je n’avais pas vue.
Les cheveux ébouriffés, la robe relevée et sale, elle s’était tachée avec la boue, mais en ces lieux impressionnants, elle brillait par son humanité. Derrière elle, je voyais des créatures difformes mi-animales mi-humaines s’assembler et commencer une ronde tout à fait effrayante. Le plus abominable était l’espèce de crapaud géant qui paraissait être le seigneur des lieux qu’ils louaient de leurs chants qui tenaient plus du hurlement d’ailleurs.
— Allez-vous-en avant qu’ils ne remarquent votre présence, imaginez la saveur que vous aurez pour eux !
Prudemment, je reculai quand je sentis l’étreinte glacée d’un serpent se lovant contre ma cheville, je retins un cri. Mais une main se plaqua contre ma bouche et un chasseur adroit trancha la tête du serpent qui, avant de s’éteindre, changea de forme. Nous ne prîmes toutefois pas le temps d’examiner la créature qu’il était devenu. Le chasseur me prit dans ses bras et m’emporta au galop vers le château.
— Votre père est fou d’inquiétude.
Mon cœur bondit dans ma poitrine à l’évocation de mon père que j’avais tant envie de voir. Je n’avais guère de souvenirs de lui, la plupart étaient sur son lit de mourant, terribles et tragiques.
Le chasseur m'emmena au pavillon de chasse. Les candélabres éclairaient le visage inquiet de mon père. Enfant, il me terrifiait, rentrant de la guerre sans avoir pris le temps de se changer : couvert de boue, encore cintré dans son armure de combat, quelques traces de sang sur son visage et ses vêtements se mêlant aux rubans rouges qu’il portait. À cet instant, il était en robe de chambre et il me prit sur ses genoux.
C’était un rêve que j’avais souvent fait enfant. Quel orphelin n’a fait ce songe ?
— Louis, vous ne devez pas vous aventurer là-bas. Jamais, vous m’entendez ? J’ai conclu un traité avec ces créatures infernales, elles ne s’approcheront pas de vous si vous ne vous approchez pas d’elles. Vous ne devez à aucun prix les offenser !
Les larmes couvraient mes joues, biaisant ma vue. Je reniflais en essayant d’observer mon père, cet homme qui m’avait tant impressionné me paraissait tout à fait me ressembler à présent. C’était un Roi honnête qui avait tenté de faire au mieux pour son peuple et sa famille.
— Et si je les ai déjà offensés, et s’il était trop tard, mon papa ?
Sa main caressa mes boucles qui étaient blondes alors.
— En ce cas, vous ferez comme moi, Louis, vous négocierez avec elles. Mais prenez garde, monsieur mon fils, ces créatures sont cruelles et sans pitié !
Mes petits bras enlacèrent son royal torse et ses puissants bras m’entourèrent. Cette étreinte que j’avais si longtemps espérée n’avait jamais eu autant de saveur dans mes songes.
— Soyez prudent, Louis. Je connais votre cœur plein de bravoure, vous êtes mon fils. Mais ce ne sont pas des ennemis ordinaires, ils n’ont rien d’anglois ou de prussiens, soyez prudent mon enfant, négociez avec sagesse et intelligence. Ces créatures sont des plus sournoises et d’une redoutable intelligence !
Relevant un visage encore humide de larmes, je regardais mon père dans les yeux. Comme j’aurais aimé qu’il voie ce que j’avais fait de son palais, le roi que j’étais devenu, sans aucun ministre pour me commander, comme il aurait été fier espérais-je.
— Je n’oublierais vos conseils, mon papa.
Me souriant, il vint embrasser mon front et me serrer dans une dernière étreinte dont la douceur m’enveloppa.