ÉPILOGUE
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ÉPILOGUE
L’alliance avec le roi de l’été fut des plus réussies. La présence des fées à la Cour de France permit de faire rayonner plus durablement celle-ci. Dans l’artisanat, elles nous aidèrent à détrôner Venise dans la fabrication des miroirs notamment, l’aboutissement de cette excellence s’illustrera avec la galerie des Glaces, merveille et splendeur dont je suis très fier. Grâce à Colbert, l’artisanat français put également briller dans le domaine de la dentelle et celui du verre. L’appui des fées fut un véritable atout et nous permit de devenir indépendants et plus riches en bien des manières.
En la mode également, nous pûmes briller plus largement grâce à leur concours. Notre influence grandi au-delà de toutes mes espérances, le monde nous imitait en tout point, y compris en nos perruques et nos poudres. En peinture, en architecture, en ballet, en musique, nous dépassions nos voisins et régnions sur l’Europe. Non seulement les fées nous apportèrent leur technicité, mais elles inspirèrent également nos artistes tandis que ces derniers les alimentaient en retour.
La Cour des fées d’été rayonnait elle aussi de mille feux, et pendant quelques années, nous ne songeâmes plus à la Cour d’hiver jusqu’à ce que l’affaire des poisons atteigne son point culminant.
Précisément, il s’écoula dix ans.
Dix années durant lesquelles ma relation avec la marquise était devenue d’autant plus complexe et difficile, où ses crises de jalousies m’avaient lassées. Le peuple en était venu à penser que ce double adultère courrouçant Dieu avait provoqué nos défaites en Hollande. Je ne crus pareille chose, mais je pouvais voir la Reine s’hérisser contre la marquise, elle qui avait toujours été si maîtresse d’elle-même pouvait aller jusqu’à jurer. Même Madame de Maintenon, la gouvernante de nos enfants et amie d’Athénaïs jugeait cette liaison fatale en bien des points.
Cette dernière m’avait charmé, et sans que nous ne nous en rendions compte, ni l’un ni l’autre, les sentiments les plus doux avaient germé entre nous. Nous avions de longues et délicieuses discussions qui s’animaient parfois, mais jamais trop. Athénaïs en fut jalouse et fustigea la pauvre Françoise, qui loin de répondre avec aigreur, courbait le dos et attendait que l’orage passe, je lui en fus d’autant plus redevable. Elle avait une bonté et une douceur que j’enviais. J’étais tombé sous son charme, mais ne lui fit l’outrage d’une cour assidue, je préférais les marques d’amitié.
En ces années-là, j’eus d’autres amours, d’autres passions, que la marquise ne supporta. Je comprenais son cœur blessé, mais ne pouvais pour autant mettre fin à ces aventures, mon corps en avait besoin, mon esprit également je crois. Toute la Cour espérait que la marquise perde tout crédit tant ils pensaient que notre péché d’être ensemble nous coûtait la Hollande. En effet la guerre fut difficile, si nous remportâmes de nombreuses batailles, Guillaume résistait suffisamment pour ne point céder à nos exigences, et le mauvais sort s’acharnait sur nos troupes. Je perdis dans cette guerre tant d’hommes d’honneur et de bien, D’Artagnan, Turenne, je souffris de leurs pertes comme de celles de nos hommes.
Cependant, ce n’est ni dans ma couche ni sur le champ de bataille que je crus voir la trace de la Reine des glaces, ce fut dans la bien triste affaire des poisons. Elle ravageait mon royaume et ma Cour. Dans mes souvenirs, cette affaire débuta lors de ma découverte au Sanctuaire. Sans doute le mal était enraciné depuis plus longtemps, mais c’est à cet instant que je levais le voile sur ces empoisonneurs, ces alchimistes, ces sorciers, ces enchanteurs. Mais mon labeur et surtout celui de La Reynie ne parvint qu’à démontrer l’étendue de la toile.
La Voisin, sorcière redoutable, avait visiblement fait commerce non seulement avec le diable, mais aussi avec la marquise et bon nombre de courtisans et de nobles en vue. Je fus choqué d’apprendre le nombre de personnes que j’imaginais de bien ayant fait appel à ses services funestes. Il parut assez rapidement que l’affaire aurait des conséquences d’autant plus importantes.
Bien que la marquise eu commercé avec l’empoisonneuse, je me refusais à la voir enfermée ou pire encore, c’était la mère de mes enfants. Les plus terribles soupçons couraient à son sujet, mais je ne crus pas un instant qu’elle aurait tenté de me tuer. Elle m’aimait, passionnément, parfois trop peut-être. Mais sa colère, elle l’exprimait avec sa voix, je la croyais même innocente en la mort de Marie-Angélique.
Au plus fort de cette affaire, lors des exécutions des personnes rendues coupables d’empoisonnement, de sacrifices humains y compris de bébés, il me revint en tête la terrible Reine de l’hiver et le doute s’insinua en moi. Se pouvait-il qu’elle ou ses sujets soient responsables ou du moins liée à cette sordide affaire ? Ce refus de signer tout traité m’avait toujours inquiété.
Le roi Cernunnos m’assura que la Cour d’hiver bien qu’ayant profité du crédit des sorcières, alchimistes et empoisonneurs, n’avait nul intérêt dans des messes noires dédiées au diable. Une pareille attaque aurait remis en question les traités passés et il doutait qu’Arpia ait pris un tel risque. Cependant, il n’était pas exclu qu’elle en ait profité. Cernunnos était prudent en ce qui concernait la Reine de l’Hiver et je crois qu’il préférait que je ne tente pas de communiquer avec elle, était-ce par crainte ou par jalousie ? Je ne le sus jamais vraiment.
En défaisant ces apostats et ces sorcières, nous nous assurions que la Cour d’Hiver perde l’influence qu’elle avait gagnée grâce à leurs œuvres. Nous ne pouvions qu’espérer qu’elle finisse par comprendre qu’un accord lui serait profitable. Cernunnos doutait qu’elle accepte, la Cour de l’hiver était trop indépendante, et une Reine des ténèbres pouvait difficilement épouser la cause du Roi Soleil. Bien que je pensais qu’il avait raison, j’ai longtemps espéré le contraire et j’ai continué à l’inviter lors des jeux d’hiver que nous faisions sans qu’elle daigne s’y montrer.
L’été cependant devait s’achever. La mort de ma Reine en fut les prémices, son trépas me plongea dans une grande tristesse dont seule Françoise réussit à me sortir. Cernunnos me présenta ses hommages, mais je devais le voir de moins en moins souvent à la Cour, peut-être préférait-il passer du temps avec mon fils, le dauphin et mes petits enfants. Je devenais un roi vieillissant, mais j’ai imposé à la Cour de continuer ses festivités, de célébrer les arts, et de les faire grandir autant que nous le pouvions. Les fées continuaient à fréquenter la Cour, et je crois qu’elles ne cesseront de le faire tant que nous nous assurons qu’elles y prospèrent.
J’ai écrit ces mémoires en un seul but : s'assurer que le traité soit respecté, que le roi Cernunnos soit convié comme il se doit aux célébrations, et que vous mon fils, mes petits fils et mes descendants, continuerez à lui offrir une place à votre table, qu’il y soit toujours votre invité. Si vous vous sentez menacés par les fées d’hiver, il vous faudra vous adresser à lui avant de songer à guerroyer. La paix doit être maintenue, les fées nous sont plus profitables à nos côtés qu’en ennemies. Faites-en sorte de toujours les contenter, mais de ne jamais leur donner l’empire de vos songes et de vos désirs. Gardez-vous de leur capacité à vous hypnotiser, à vous envoûter et faire de vous leur chose.
Charles Perrault à défaut d’écrire mes mémoires a écrit des contes qui, je l’espère, permettront de garder cette paix profitable à nos deux races. Ses contes transmis aux générations suivantes feront perdurer la magie des fées bien après que ceux ayant conclu ces accords et vécu ces histoires romancées ne se soient éteints.