CHAPITRE 34
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CHAPITRE 34
Des morts si peu naturelles – La Reynie a bien du travail – L’inquiétude d’un Valet.
Quelques heures plus tard, je contemplais le corps du courtisan trépassé durant le bal. Ce dernier reposait sur la table froide de la morgue de Saint Cloud. J’avais demandé à ce qu’il soit examiné par le médecin qui s’était chargé du corps des bassins, un certain Fagon. Monsieur de La Reynie était là également, le soupçon d’empoisonnement rendant sa présence nécessaire. Cela faisait quelques mois que nous ne nous étions vus, il était bien occupé.
— Majesté, messieurs, cet homme est mort d’épuisement, je n’ai vu aucune trace de poison dans ses entrailles.
La cause de la mort d’Henriette avait paru naturelle, comme celle de l’homme dans les bassins. Les fées pouvaient-elles agir et ne laisser aucune marque qu’un médecin pourrait voir de leurs méfaits ? La question demeura sur mes lèvres un bref instant.
— Il n’y avait aucun héritage en suspens, l’homme était criblé de dettes. Je ne pense pas que cet homme ait été assassiné, ajouta La Reynie.
M’écartant du médecin, je m’approchais de l’Inspecteur Général.
— Qu’en est-il de ces affaires de messes noires et de sacrifices humains ?
Ce dernier se pinça les lèvres en réfléchissant avant de me répondre.
— L’enquête s’avère compliquée, Sire. Il est vrai qu’il nous est difficile de porter de tels soupçons et les preuves sont trop maigres.
— Je vois, murmurais-je, mon confesseur viendra vous confier ce qu’il a entendu en confession. Et en tant qu’homme d’Église, je suis persuadé qu’il saura vous aider quant à ces affaires de messes noires.
Le lieutenant général hocha la tête, je continuais sur ma lancée.
— Où en êtes-vous avec la sécurité des routes, en particulier celles menant à Versailles ?
— Majesté, nous faisons tous les efforts possibles, mais déployer les hommes est compliqué, il nous faut sécuriser Paris dont les rues engorgées sont de vrais coupe-gorges et les bois de Versailles sont vastes…
Je ne souhaitais délaisser la capitale, même si je n’aimais y vivre. Ses habitants ne méritaient pas d’être sous la coupe des brigands, pas plus que d’empoisonneurs qui sous couvert d’alchimie vendaient la mort en bouteille.
— Éclairer les rues vous aiderait-il ? demandais-je.
— Naturellement, Sire, ce serait un grand avantage pour assurer la sécurité du peuple.
Un tel projet serait à ajouter aux autres que j’avais pour la ville. Je souhaitais moderniser la cité comme le royaume. Paris était restée encore embourbée dans son aspect médiéval où les gens vivaient parfois les uns sur les autres dans des rues étroites et nauséabondes. Nous voulions avec Colbert la transformer, assainir autant l’atmosphère pour éloigner les maladies que ses rues en se débarrassant de sa Cour des miracles.
Devant mon expression pensive, Bontemps s’approcha de moi.
— Je doute que Guillaume d’Orange, Sire, s’amuse à empoisonner vos courtisans.
Je me tournai vers lui, mes yeux bleus s’enfonçant dans les siens à la noirceur douce et prévenante.
— Mes soupçons se portent vers d’autres ennemis.
— Le médecin vous l’a assuré, il n’y a point eu d’empoisonnement. Je crois savoir ce qui vous tracasse : la mort paraît vous entourer, et cela vous peine. Hélas, il n’y a rien que vous puissiez faire.
Bontemps connaissait ma détestation de l’habit de deuil, ma répugnance pour Saint-Denis, symbole de la mort des princes, reines et rois. Il s’inquiétait de l’effet que cela pouvait produire sur moi. Il n’avait pas tort à ce sujet, j’en étais affecté, cependant c’étaient mes craintes concernant les créatures qui m’agitaient en cet instant.
— Soyez sans crainte Bontemps, je me suis habitué avec le temps à la présence de la faucheuse.
Ce dernier n’apprécia que peu ma plaisanterie. Je la trouvais fort peu élégante moi aussi. Après un échange de grimaces entre mon valet et moi, je me tournais vers le Lieutenant Général.
— Monsieur, assurez la sécurité de nos routes du mieux que vous pourrez. S’il le faut, Lionne vous prêtera des soldats en attendant que la campagne ne commence. Il n’est jamais bon qu’un soldat demeure trop longtemps inactif. Et ces brigands constitueront un bon entraînement.
Je remettais mes gants, redressais mon chapeau, prêt à quitter ces lieux.
— Quant à ces messes noires et ces empoisonnements, je vous prie de ne point relâcher votre attention là-dessus. Trouvez les meneurs, des apostats, sorciers, alchimistes qui pourvoient à ces meurtres de chambre. Je m’occuperai quant à moi de leurs clients.
Car il est vrai que je m’étais concentré ces derniers mois sur les préparatifs de la guerre et avait laissé le soin à mon confesseur de se charger de livrer à la justice ou à l’Église ces apostats et ces païens, cependant, je doutais qu’il eût mené cette guerre comme il le fallait. L’expérience m’avait appris que si l’on désirait que les choses soient bien faites, mieux valait y veiller personnellement. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je m’impliquais dans toutes les affaires de l’État.
J’eus un sourire à l’intention de Bontemps.
— Rentrons à Versailles, il me tarde de rejoindre la marquise.