CHAPITRE 29
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CHAPITRE 29
Isobel Gowdie et la reine des fées – Les procès de sorcellerie – Croyances d’autrefois.
Colbert avait enfin réussi à mettre la main sur les informations écossaises que je désirais. De ce qu’il m’en contait, elles avaient été délicates à obtenir, car le procès avait eu lieu au moment où Charles II avait été nommé roi d’Écosse. Manifestement cette chasse aux sorcière avait été lancée afin de plaire à leur nouveau monarque et elle continuait sans qu’une véritable justice soit accordée à ces pauvres femmes.
— Isobel Gowdie a été accusée de sorcellerie en 1662, elle est passée aux aveux sans qu’il y eût nécessité de faire intervenir la Question. Ses confessions au nombre de quatre ont eu lieu sur une durée de six semaines, visiblement, elle était très bavarde et a donné quantité détails, me conta Colbert lisant le rapport qui lui avait été envoyé.
— Dites-moi ses aveux, qu’a-t-elle confessé aux jurés, le coupais-je pressé d’en arriver aux faits m’intéressant.
Colbert était un homme de précision et si je n’accélérais pas le processus, nous pourrions bien en avoir pour toute l’après-midi. Je me doutais bien du contexte malheureux de ce procès, de la famine déchirant le pays, de la guerre précédente, et je le regrettais mais je voulais avant tout connaître d’où elle tenait ses prétendus pouvoirs.
— Majesté, elle a confessé avoir eu des relations sexuelles avec le diable et a donné une foule de détails sur son compte. Elle a raconté ses participations à des sabbats avec d’autres sorcières, qu’elles volaient la nourriture chez les bonnes gens endormis. Elle s’est également vantée d’avoir rencontré la Reine des fées, ainsi que leur roi, et d'avoir empoisonné des enfants.
J’arrêtais Colbert en levant simplement la main. Il s’interrompit et me contempla.
— La Reine des fées et son roi ?
Colbert fouilla son document en quête de détails supplémentaires.
— Je lis ici, sire, qu’elle est nommée la Reine de Elphame et qu’elle porte du lin blanc. Gowdie prétend qu’elle l’a invité à sa table et à danser avec ses fées. Malheureusement, Majesté, je n’ai pas plus d’informations à ce sujet, les inquisiteurs n’ont pas jugé utile d’approfondir le sujet. J’imagine que la confession de pacte avec le diable leur a suffi comme preuve ?
Colbert continua de fouiller ses papiers puis il releva le nez.
— Il semblerait que cela rejoigne plusieurs témoignages et aveux. Alison Pearson en 1558 prétend avoir été enlevée pour servir cette reine, Andro Man en 1598 a raconté que Elphame était l’épouse du diable. Bessie Dunlup en 1576 dit que la reine lui a enlevé son enfant et tué son époux…
Mon ministre faisait basculer les feuillets lui ayant été remis, puis il releva le nez en soupirant.
— Sire, je pense que ces témoignages sont basés sur des légendes. Je n’y connais pas grand-chose, mais mon épouse comme vous le savez, s’est occupée de vos enfants avec les nôtres, les histoires qu’elle leur contait sont remplies de fées se montrant cruelles avec les malheureux qu’elles croisent.
Les souvenirs de mes dernières conversations avec Perrette me revenaient, mais ces contes manquaient terriblement de détails. J’espérais que l’ancien séminariste de l’évêque pourrait m’en donner plus.
— Ces fées enlèvent-elles des enfants ? demandais-je.
Colbert fronça un sourcil, il s’étonnait de me voir poser tant de questions sur un sujet qui autrefois m’aurait fait sourire.
— Je crois, Sire, que les gens mettent sur le dos des fées tout ce qu’ils ne peuvent expliquer, la mort de leur nouveau-né, la disparition de leur enfant dévoré par les loups dans une forêt dangereuse ou d’une fièvre emportant leur dernier-né.
Je demeurais pensif un bref instant. Évidemment, mon ministre n’y prêtait nulle foi, comment cela aurait-il pu en être autrement ? Colbert était quelqu’un de très droit aimant les chiffres, la précision et l’ordre. Il n’y avait rien de plus intangible que ces histoires de fées si ce n’est peut-être, les croyances y étant liées. Moi-même, je n’y aurais cru si je n’étais tombé sur le Sanctuaire.
Pourtant, j’y croyais à présent. Les fées s’étant penchées sur moi enfant voulaient-elles m’enlever ? Avais-je rêvé des contes de Perrette ou bien était-ce la réalité ? Comment en être certain ? C’est ce qui me rendait fou : lutter contre un ennemi invisible et n’avoir aucune trace de sa présence. Je finissais par me demander si je n’étais pas sujet à quelque étrange obsession.
C’est ce que certains disaient à propos de Versailles, que ce n’était qu’une lubie. Ma vision de la cour et de la France, à leurs yeux, n’était qu’un caprice, comme ma décision de gouverner seul d’ailleurs. J’avais bien l’intention de leur prouver qu’ils avaient tort.
Concernant les fées, en revanche, mieux valait en garder le secret pour le moment. Je ne pouvais lutter sur autant de fronts à la fois. Je devais trouver de l’aide pour affronter cet ennemi invisible.
— Sire, je sais ce que vous cherchez. Après ce que vous m’avez raconté, j’y ai réfléchi longuement. Vous êtes en prise avec les anciennes superstitions. J’admire votre désir de les connaître et de connaître votre ennemi, mais ne lutteriez-vous pas mieux contre en continuant ce que vous avez commencé ? En apportant la lumière au peuple, en les instruisant, en changeant les mentalités, la société et en modernisant le pays ?
C’était flatteur et vrai, parce que le peuple devenait de plus en plus éclairé, il était vraisemblable que ces effroyables messes noires ne soient que les derniers sursauts d’obscurantisme. Cependant, si cela était vrai pour mes sujets, cela devait l’être également pour ces créatures hantant mes songes, peut-être redoutaient-elles d’être oubliées et que leurs terres soient bafouées.
— J’étais de votre avis Colbert, avant de vivre l’expérience du Sanctuaire. Peut-être que ce n’est qu’une illusion due à la fatigue de nuits trop courtes ou la projection de cette opposition que je sens à mes projets. Cependant, il me faut écouter mon instinct. Mieux vaut être prudent sans raison qu’insouciant, surtout en ma position. Je souhaite trouver un abbé qui soit capable de m’éclairer à ce sujet, le confesseur de ma femme en connaît un. Arrangez tout pour sa venue, et trouvez-moi une sorcière, bretonne ou écossaise, mais quelqu’un capable de me parler de ces fées et de leur Reine.
Je lus dans ses yeux qu’il n’approuvait rien de ce que je lui disais, mais il s’exécuterait sans poser de questions. Contrairement à Bontemps, il ne chercherait à me surveiller ou à me restreindre. Colbert s’était toujours dévoué à mes moindres demandes, certaines étaient, je le reconnais, capricieuses. Peut-être même que celle que je formulais à cet instant l’était également. Cependant j’avais besoin de lui.
Lorsqu’il eut disparu pour s’exécuter, je croisais le regard de Bontemps qui m’attendait, il n’avait rien perdu de l’échange.
— Sire… commença-t-il.
— Je sais, Bontemps, je perds la tête avec mes fées. Colbert est d’accord avec vous. Rien ne m’assure qu’elles existent, mais il y a tout de même des nobles qui s’adonnent à des messes noires et mes sujets sont sacrifiés dans les bois où je compte étendre mes jardins. Je ne peux laisser de telles choses se produire. N’est-ce pas vous qui me disiez qu’il faut connaître son ennemi ? Je sais, vous parliez de Guillaume d’Orange, mais cela se vaut également dans ce cas précis. Ignorer le problème ne le résoudra pas…
Je m’interrompis, car Bontemps ne semblait pas vouloir me contredire, en vérité il semblait alarmé.
— Sire, votre fils Philippe-Charles de France est malade.