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 CHAPITRE 40 

 CHAPITRE 40 

Published Apr 12, 2022 Updated Apr 12, 2022 Culture
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 CHAPITRE 40 

L’affaire Brinvilliers – Animosité et querelles entre la Reine et la marquise – La guerre à une Cour dissolue.

 

De mon retour, la marquise en fût la plus heureuse. Non pas que la Reine ou Colbert en soient mécontents, bien au contraire, il y avait bien des affaires pour lesquelles ils préféraient que je sois là, notamment ces messes noires et empoisonnements au sein de la noblesse. Mais la Reine avait, semble-t-il, pourchassé la marquise durant mon absence, profitant de son statut de régente pour tenter d’assainir la Cour et d’en lisser ses mœurs.

Je ne peux l’en blâmer sachant que j’en ferais autant quelques années plus tard. En fin de compte, elle menait la guerre que je lui avais demandé de livrer mais avec plus de fermeté que je n’en aurais employé. Elle avait fermé les salons, et tenté de forcer les courtisans à préférer la messe aux jeux d’argent, d’encourager la chasse et le jeu de paume au badinage libertin.

Évidemment cette chasse aux plaisirs avait atteint une cible que la Reine ne pouvait avoir ignorée : la marquise. Surnommée la Reine de Versailles durant les festivités qui s’y déroulaient, elle avait orchestré à de nombreuses reprises, avec les artificiers, des feux éblouissants dans les jardins et avait pris l’habitude de parader, subliment parée, à mes bras. Tout ceci avait été un affront insupportable pour la Reine. Nul doute que celle-ci devait connaître la solitude d’Athénaïs avec mon départ en guerre, solitude que la fermeture des salons avait nettement renforcée, isolant complètement ma maîtresse.

En ses appartements, la marquise ne me disait rien des tracas qu’elle eut avec la Reine, je ne l’ai compris qu’à demi-mot dans l'étreinte qu’elle eut, et dans son aveu d’appétit perdu dans cette longue attente. Je la trouvais bien maigre, d’autant qu’elle aussi avait mis au monde un enfant : un petit garçon du nom de Louis-César. Nos enfants que nous avons eus avec Athénaïs n’ont jamais été d’une constitution très forte. Madame Scarron faisait ce qu’elle pouvait pour les soigner et je l’en remerciais à chaque fois que je rendais visite à nos enfants.

Mais pour le moment, j’étais auprès de leur mère. Après nos retrouvailles passionnées, nous étions enlacés, habillés seulement d’un filet de sueur. Athénaïs se tourna vers moi pour me conter l’aventure que toute la Cour avait suivie :

À la mort de Saint-Croix, un officier de cavalerie couvert de dettes, on trouva un coffret où se trouvaient les lettres de sa maîtresse, la marquise Brinvilliers. Durant leur échange épistolaire, ils avaient décidé ensemble du meurtre du père de la marquise puis de ses frères afin de hâter l’héritage. Avec les lettres, on trouva également des fioles d’un poison qu’il concoctait lui-même.

— La maligne a fui dès qu’elle a appris la découverte de la cassette ! Elle a aussitôt gagné Londres. Bien sûr, La Reynie a tout tenté pour la ramener en France et la livrer à la justice. Colbert a même essayé de marchander avec Charles II sans succès jusqu’à présent. Louis, nous avons tous suivi l’affaire, dans les salons l’on ne parle plus que de cela !

Le récit ne put que m’alerter, je ne me rappelais que trop bien des aveux de l’abbé sur les affreuses confessions qu’on lui faisait d’empoisonnements dans le seul but d’hériter pour couvrir le plus souvent des dettes de jeux. En entendant cela, je compris la décision de mon épouse de fermer les salons durant mon absence. Lorsqu’une épidémie se répand, il faut parfois isoler les malades atteints, en espérant ainsi pouvoir éviter la propagation du mal. C’est de cela justement dont je voulais l’entretenir.

Après Athénaïs, ce fut Marie-Thérèse que je retrouvais. Cette dernière était tout aussi anxieuse qu’à mon départ si ce n’est plus. L’affaire Brinvilliers l’avait secouée.

— Comment de pareilles choses peuvent se produire ? Comment peut-on envisager de tuer son propre père pour payer les dettes de son amant ? s’étonnait-elle.

La Reine était trop douce de caractère pour concevoir la vilenie qu’il pouvait y avoir chez les autres, et parce qu’elle avait été aimée, elle ne comprenait pas qu’en certaines familles ce n’était pas le cas. Je crois, ayant eu une mère espagnole, que les mœurs différentes jouaient sans doute aussi dans l’affaire.

Les parents en France n’élevaient pas eux-mêmes leurs enfants, particulièrement chez la noblesse. Avant l’âge de sagesse, leur éducation était laissée aux bons soins de nourrices puis gouvernantes. De sorte que, l’amour filial était assez peu présent en bien des familles.

J’ignore si c’était très différent en Espagne ou si ma mère et mon épouse étaient des exceptions.

— Mon confesseur m’a avoué qu’il avait reçu beaucoup de confession de meurtres par empoisonnement, lui expliquais-je.

À ces mots, l’anxiété remonta d’un trait. Je vis ses joues perdre le peu de couleurs qu’elles possédaient.

— L’abbé et moi n’avons avancé comme je le souhaitais, mais j’ai fermé les salons et pressé les courtisans de venir plus souvent à la messe. Naturellement, il y a eu des réticents, en particulier la marquise de Montespan et le Chevalier de Lorraine...

Sa voix s’abaissa en prononçant ces deux noms qu’elle n’aimait. Je hochais la tête, faisant mine de n’en être affecté. C’était un jeu de dupe ridicule sous bien des aspects, mais inévitable, malheureusement. Je n’avais la force de rompre mes liens avec Athénaïs, peu importait l’amour, et le respect que j’éprouvais pour mon épouse, l’amour pour Athénaïs était plus fort, à mon corps défendant comme au sien. Je savais qu’Athénaïs éprouvait les mêmes difficultés avec son époux qui faisait moult scandales de notre liaison.

— Je suis persuadée qu’ils se sont livrés à des fêtes clandestines, l’on a parlé d’orgies ! Tu imagines ma stupeur en entendant de pareilles choses.

Je réalisais en l’écoutant que l’animosité entre elle et la marquise était bien plus forte que je ne le croyais. Concilier les deux m’allait être d’autant plus difficile que le train de vie d’Athénaïs était éblouissant. J’ai appris ensuite par Colbert, lorsqu’il me fit le détail des dépenses de ma favorite, que celle-ci était plus richement vêtue que la Reine et moi-même. Mais à cet instant je ne cherchais qu’à apaiser la Reine afin de me ménager, j’avais bien assez de guerres en cours, et de fronts où les livrer sans en voir s’ouvrir un nouveau entre mon épouse et ma maîtresse.

— Je t’en prie, ne prête point l'oreille à ces vilaines rumeurs. Tu sais à quel point les courtisans aiment s’y adonner. Ma mère en a longtemps souffert, on l’accusait d’avoir une liaison avec le cardinal, ce qui était d’autant plus insultant que ma mère a toujours été très pieuse et le cardinal très respectueux.

Marie-Thérèse qui aimait beaucoup ma mère baissa la tête, avec une moue attristée. Je saisis ses mains et les serrais doucement.

— Tu es bien trop bonne pour t’abaisser à de telles bassesses.

Dodelinant de la tête, elle me sourit.

— Tu as raison. Je ne parlerais plus ainsi sans preuve.

Pinçant mes lèvres, je lui posais une dernière question plus délicate :

— Y a-t-il eu des morts suspectes durant mon absence ?

La Reine m'observait avec un regard inquiet, ne sachant ce que je voulais dire par là.

— Un vieux duc est mort, le soupçon d’empoisonnement pèse encore, je crois. La Reynie pourra te répondre plus aisément que moi sur le sujet.

Je reconnaissais que la question était étrange, et n’insistant pas, je hochais la tête.

— Tu as raison, j’en parlerais avec le lieutenant général.

Vous en saurez plus sur l'affaire des poisons dans les chapitres suivants !

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