Congratulazioni! Il tuo sostegno è stato inviato con successo all'autore
 CHAPITRE 54 

 CHAPITRE 54 

Pubblicato 20 apr 2022 Aggiornato 20 apr 2022 Cultura
time min
0
Adoro
0
Solidarietà
0
Wow
thumb commento
lecture lettura
0
reazione

Su Panodyssey puoi leggere fino a 30 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 29 articles da scoprire questo mese.

Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis! Accedi

 CHAPITRE 54 

Seigneur des marais – négociations difficiles – décisions plus difficiles encore.

 

La brume entourait la frêle embarcation où nous nous trouvions. Bontemps me regarda d’un air inquiet. Les marais où nous nous avancions étaient une terre dangereuse, pas seulement parce qu’on y soupçonnait la présence de créatures, que leur seigneur était redoutable, mais également parce que ces eaux avaient englouti près de deux cents braves hommes ayant essayé de l’assécher et qu’elles entraînaient des maladies qui emportaient, chaque année, paysans comme nobles.

À chaque remous aquatique, chaque bruissement de la végétation autour de nous, nous ne pouvions nous empêcher de nous raidir, laissant peu à peu l’atmosphère pénétrante de ces lieux nous impressionner. Bontemps avait manifesté son inquiétude d’emblée, s’aventurer ici pour lui était bien trop dangereux. Colbert quant à lui n’aimait l’idée que le Roi en personne s’y déplace, mais étant le seul à avoir vu jusqu’à présent les créatures, il allait de soi que ma présence était requise. Même le prêtre normand avait émis des doutes sur cette visite à ce seigneur si rempli de rage à notre égard.

Seule la sorcière avait été encourageante, elle pensait que les richesses du palais rendaient le seigneur des marais jaloux et qu’en le flattant, lui offrant ce qu’il désirait, je pourrais le faire ployer. Pourtant, nous n’avons pu mettre dans cette embarcation tout ce qu’elle nous avait conseillé d’avoir avec nous : de riches habits de lumière, des pierreries et douceurs à même de l’inciter à écouter nos exigences. Nous avions dû nous contenter de pain, nécessaire à la compréhension, de vins, pour nous même, de quelques gâteaux, chocolats et un sac d’or qui, je l’espérais, le convaincrait de renoncer à ces sacrifices.

L’embarcation contenant les gardes royaux nous suivait. Le marais exigeait des bateaux à fond plats afin de ne pas se coincer dans les branchages et tout ce que les eaux sombres avaient pu engloutir. Aucun de nous n’avait envie de sonder les profondeurs, cela aurait été impossible de toute manière, car l’obscurité était prégnante ici et la brume étouffait le halo lumineux de nos lanternes. Les embarcations n’étaient pas trop lourdement remplies afin d’éviter qu’elles ne se retournent, d’ailleurs, les pêcheurs qui menaient ces embarcations nous avaient mis en garde sur les mouvements que nous pouvions avoir.

La pâle lumière du jour naissant peinait à traverser la brume, nous laissant l’impression d’être entre le monde réel et le monde magique. Je crois bien que si les limbes devaient ressembler à quelque chose, c’est à ce genre d’endroit. Mon estomac se serrait alors que je songeais à ces choses-là, l’impression que j’avais eue face au Sanctuaire était forte, mais en comparaison de ce que j’éprouvais à présent, ce n’était rien.

Nul ange déchu doté de sabot et de corne ne parut, mais si un vilain bouc noir avait jailli entre les roseaux cela ne m’aurait nullement surpris. Pour le moment, c’était les croassements des grenouilles et crapauds qui résonnaient. Je comprenais pourquoi ces terres attiraient brigands et sorcières. Qui d’autre aurait envie de s’installer ici ? Quelques paysans, quelques pêcheurs, tentaient tant bien que mal de prospérer ici, mais ce que le marais offrait en engrais naturel, ils le perdaient en insectes et maladies.

Notre progression fut accompagnée par un chant lugubre, d’abord celui des batraciens, puis celui des criquets s’ajouta au concert nocturne, enfin, la complainte étrange de créatures demeurant invisibles vint compléter la terrible symphonie. Les gardes serraient leurs armes, ma main chercha par réflexe le pommeau de ma dague, le prêtre embrassa sa croix, Bontemps quant à lui ne me quittait des yeux prêts à ordonner un repli stratégique. L’infâme musique s’intensifiait à mesure que nous progressions. Il nous sembla entendre le hululement d’une chouette, puis des lueurs minuscules parurent. Des feux follets. Signe de la présence des créatures.

Face à nous, au détour d’un champ de roseau nous qui nous masquait jusqu’à présent la vue, émergea une île étrange composée de monticules de crânes qui me semblaient humains, de branchages morts qui se dressaient comme autant de bras armés d’épées levées vers le ciel. Les lueurs des feux follets remontaient jusqu’au trône siégeant au sommet.

Sur ce trône était juché la plus affreuse et la plus terrifiante des créatures : une espèce de monstre gras et abject qui tenait plus de l’animal que de l’humain en dépit de petits bras et de ce qui paraissait être des pieds à la fin de son corps. Sa bouche avait quelque chose de vaguement humain dans ses traits, comme ses yeux : deux petites billes noires enfoncées dans des orbites minuscules, sa peau était couverte de bulbes épais d’où un pus malodorant s’échappait. Ce crapaud-humanoïde géant était donc le fameux Seigneur.

Tout autour de lui se dressait de petites créatures aux allures de diablotins, gargouilles et gobelins tels qu’on les représente aux enfants, armés de piques et de torches qui illuminaient les lieux.

— Que venez-vous faire en mon royaume, humains ?

Il y avait tant de mépris dans ce dernier mot.

— Nous venons négocier.

Le seigneur se mit à rire, et son ignoble garde en fit autant. Leur rire était aigu, irritant nos nerfs.

— Vous, les humains, vous ne manquez pas de toupet. Vous osez venir ici après avoir asséché nos terres, détruit nos bois et chassé les humains avec qui nous vivions en paix.

Ne perdant mon sang-froid, je lui rétorquais :

— Nous ne savions que nous vous dérangions. Nos espèces vivent en paix depuis si longtemps, pourquoi ne pas continuer ainsi ? La vôtre ne gagnerait rien à nous faire la guerre, je vous l’assure.

Le monstre m’observa et se pencha en avant, sa voix grasse et grave résonna :

— L’ignorance ne saurait être une excuse pour vos actes. Vous ne devriez nous menacer, petit Roi mortel, répliqua-t-il dans un grincement sinistre.

— Ce n’était une menace, nous venons en paix et pour vous prouver nos dires, voici quelques offrandes.

Le monstre examina nos cadeaux d’un air sceptique.

— Nous préférons les sacrifices humains, peut-être devrions-nous commencer par vous !

À ces mots, les petites créatures se mirent en branle, et des remous se firent sentir. Notre embarcation fut secouée, mais ce fut celle des mousquetaires qui fut assaillie par les créatures et secouée jusqu’à faire tomber plusieurs hommes dans les eaux sombres. Ces derniers tentèrent tant bien que mal de répliquer, mais la distance était trop courte pour leurs fusils, et ils risquaient de nous blesser dans le feu de l’action, seules leurs dagues et leurs baïonnettes pouvaient faire mouche, mais rien de tout cela n’avait hélas d’effet. Le prêtre leur hurla d’utiliser le fer, les petites dagues courtes en étaient faites, mais il était déjà trop tard, et beaucoup périrent alors sous nos yeux sans que nous puissions y faire quoi que ce soit.

— Merci pour ces sacrifices, nous vous épargnons, petits humains, à l’unique condition que vous repartiez et quittiez à tout jamais nos terres. Vous n’êtes pas les bienvenus ici, et si vous n’abandonnez pas Versailles, nous vous ferons passer l’envie de vous installer en ces lieux.

La menace énoncée, les petites créatures agitèrent leurs piques et leurs flambeaux en criant d’un ton aigu à peine supportable.

Cet ignoble cri résonnait encore à mes oreilles quand j’ouvris mes yeux pour découvrir Bontemps penché sur moi avec un regard inquiet.

—  Vous avez de la fièvre sire, j’appelle le médecin.

Je secouais la tête en observant mon premier valet.

— Nul besoin de faire appel à un médecin, Bontemps, la fièvre retombera.

Ce rêve, aussi pénétrant et horrible fût-il, m’avait appris quelque chose et j’étais convaincu qu’il m’avait été envoyé par ces créatures. C’était un avertissement, mais en voulant m’effrayer le seigneur des marais m’avait donné un indice sur la marche à suivre. Je ne devais pas tenter de négocier avec lui, mais avec la Reine, je devais accueillir toutes les fées à ma cour, toutes sauf lui. Il serait alors vert de jalousie si je me fiais à ce qu’avait dit la sorcière, mais surtout, je ne devais le rencontrer que lorsqu’il sera en position de faiblesse.

— J’ai besoin de voir Colbert, d’avoir accès aux anciens traités. Et faites venir le prêtre, nous allons bénir les marécages avant de les assécher, je souhaite que mes ouvriers soient protégés.

— Mais Sire… fit Bontemps en secouant la tête. Je posais ma main sur la sienne.

— Je ne veux pas me résoudre au sacrifice qu’a fait mon père, c’est Dieu qui m’a choisi, je dois faire Sa volonté, je ne peux pas laisser ces créatures continuer leur règne de terreur. Ne vous inquiétez pas, Bontemps, il ne peut être aussi redoutable que Guillaume d’Orange.

Je plaisantais alors que je pensais le contraire, mais le Seigneur était sans allié et loin d’être aussi intelligent et retors que mon ennemi hollandais.

Le roi parviendra-t-il à vaincre le seigneur des marais ? Lisez la suite pour le savoir !

lecture 117 letture
thumb commento
0
reazione

Commento (0)

Ti piacciono gli articoli su Panodyssey?
Sostieni gli autori indipendenti!

Proseguire l'esplorazione dell'universo Cultura
Hébreu
Hébreu

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min
La Légende d'Azénor
La Légende d'Azénor

  La légende d'Azénor - Journal d'Eléonore par Juliette Norel  

Jean-Christophe Mojard
4 min

donate Puoi sostenere i tuoi scrittori preferiti

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey